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Festival du Film Antarctique

En 2013, lors de ma première tentative pour partir dans les TAAF, j’avais découvert le Festival du film antarctique et j’avais adoré !

Ce festival a été créé en 2006 par Anthony Powell et concernait alors les bases McMurdo et Scott (une base américaine et une base néo-zélandaise voisines). En 2008, il a commencé à s’étendre et a impliqué 8 bases. Les premières stations françaises sont arrivées en 2009 et, depuis, ce festival s’est installé dans le paysage de l’Antarctique et des îles de l’Océan austral.

Au coeur du festival, il y a le « challenge 48h » : un vendredi soir du mois d’août, les stations participantes reçoivent 5 éléments (un objet, une action, une citation, un personnage célèbre et un son) et doivent rendre, le dimanche soir au plus tard, leur création intégrant ces 5 éléments.

Rapidement, a également émergé la catégorie « Open » qui est une catégorie de création libre : les stations le souhaitant peuvent créer le film de leur choix, en amont du week-end officiel du festival.

Et c’est ainsi que, depuis 17 ans, cet évènement a lieu durant l’hiver austral (en juillet et août) et une bonne partie des stations antarctiques se retrouvent pour y participer.

Si les Anglo-saxons et les Français sont probablement les plus assidus, 34 des 46 stations hivernantes actuelles ont déjà participé à au moins une édition.

L’édition 2020 avait été organisée par Alberto Salvati, alors Station leader de Concordia, et Alberto avait vu les choses en grand avec une magnifique bande-annonce, une cérémonie de remise des prix (non publique) et la création d’un site destiné à regrouper et pérenniser ce patrimoine.

Et, en 2023, j’ai posé ma candidature pour organiser cette nouvelle édition avec l’ensemble de l’équipe DC19 de Concordia.

Nous avons publié une bande annonce invitant les autres stations à s’inscrire. 25 stations représentant 15 pays des 5 continents ont répondu à l’appel !

Début août, nous avons procédé au tirage au sort des 5 stations chargées de fournir les éléments du challenge 48h.

Le 11 août, j’ai programmé mes envois de mail (pas évident avec 25 stations étalées sur 12 fuseaux horaires différents !) pour leur révéler les 5 éléments du challenge:

… et à partir du dimanche soir, ce ne sont pas moins de 40 films qui ont commencé à être chargés sur le site du Wiffa, ce qui a pu représenter un vrai challenge en soi pour certaines stations aux connexions très limitées.

Et, vraiment, il y a du niveau ! Tant sur le plan technique que de la créativité artistique, ce festival s’améliore d’année en année.

Si vous ne voulez pas voir les 40 films, allez au moins voir les films de Crozet, d’Amsterdam, d’Amundsen-Scott, de Rothera, d’Arctowski, de Dumont d’Urville ou de Palmer en « 48h » et ceux de Davis, de Kerguelen, de King Sejong (pour moi, le meilleur de toute la compétition), de Palmer et d’Amundsen-Scott en « Open ».

Il a fallu ensuite voter.

Pour atténuer la tradition qui laisse la possibilité de voter pour soi-même (ce que je ne trouve pas génial), j’ai instauré cette année un système « à l’Eurovision » : pour chaque catégorie, chaque station devait attribuer 3 votes valant 5, 3 et 1 point.

Dans quelques catégories, il n’y a rapidement pas eu de doute sur les futurs gagnants. Dans d’autres (en particulier pour les deux « meilleurs films »), la course a été beaucoup plus serrée et j’ai dû attendre le vote de la dernière station pour connaître le classement final.

Ah, oui… le classement final, vous vous demandez ?

Eh bien, il sera annoncé tout à l’heure en direct via une visioconférence regroupant les stations participantes.

Revenez plus tard. 😉

Antarctic Film Festival

In 2013, when I first tried to go for an overwintering with the TAAF, I discovered the Antarctic Film Festival and I loved it!

This festival was created in 2006 by Anthony Powell and at the time involved the McMurdo and Scott bases (an American base and a neighbouring New Zealand base). In 2008, it began to expand, involving 8 bases. The first French stations arrived in 2009, and since then the festival has become a fixture on the Antarctic and Southern Ocean islands.

At the heart of the festival is the « 48-hour challenge »: on a Friday evening in August, the participating stations are given 5 elements (an object, an action, a quote, a famous character and a sound) and by Sunday evening at the latest they have to upload their creation incorporating these 5 elements.

The ‘Open’ category has also rapidly emerged as a free creation category: stations wishing to do so can create the film of their choice ahead of the official festival weekend.

And so, for the past 17 years, this event has been held during the austral winter (in July and August) and a good number of Antarctic stations have come together to take part.

While the Anglo-Saxons and the French are probably the most assiduous, 34 of the 46 current winter stations have already taken part in at least one edition.

The 2020 event was organised by Alberto Salvati, Concordia’s Station Leader at the time, and Alberto pulled out all the stops with a beautiful trailer, ua (non-public) prize-giving ceremony and the creation of a site to collect and preserve this heritage.

And, in 2023, I applied to organise this new edition with the entire Concordia DC19 team.

We in turn published a trailer inviting other stations to sign up. 25 stations representing 15 countries on 5 continents answered the call!

At the beginning of August, we drew lots for the 5 stations responsible for choosing the elements for the 48h challenge.

On 11 August, I programmed my emails (not easy with 25 stations spread over 12 different time zones!) to reveal the 5 elements of the challenge:

began to be loaded onto the Wiffa site, which represented a real challenge in itself for some stations with very limited connections.

And, really, it’s quite amazing! Both technically and in terms of artistic creativity, this festival gets better every year.

If you don’t want to see the 40 films, at least go and see the films by Crozet, Amsterdam, Amundsen-Scott, Rothera, Arctowski, Dumont d’Urville or Palmer in the « 48h » category and those by Davis, Kerguelen, King Sejong (in my view, the best of the whole competition), Palmer and Amundsen-Scott in the « Open » category.

Then it was time to vote.

To tone down tradition of allowing people to vote for themselves (which I don’t think is great), this year I introduced a ‘Eurovision-style’ system: for each category, each station had to award 3 votes worth 5, 3 and 1 point.

In some categories, there was quickly no doubt about who the future winners would be. In others (particularly the two ‘best films’), the race was much tighter, and I had to wait for the last station to vote to find out the final rankings.

Ah, yes… the final ranking, you ask?

Well, it will be announced later live via a videoconference between the participating stations.

Come back later 😉

Remise de diplômes

Je réalise que j’ai pris beaucoup de retard dans la rédaction de ce blog. Entre les inventaires à boucler et l’entrée dans la nuit permanente qui nous ralentit et nous ramollit, ce n’était pas si évident de trouver temps et énergie pour s’y mettre.

L’une des tâches d’un médecin des bases australes ou antarctiques c’est de former une équipe pour l’épauler, voire le suppléer.

Je suis un peu privilégié par rapport à mes collègues des autres bases des TAAF puisque, à Concordia, il y a deux médecins. En effet, notre station est un des meilleurs analogues possibles pour les voyages spatiaux au long cours ou pour ce que seraient les futures bases lunaires ou martiennes et, depuis l’origine de la station, l’Agence spatiale européenne (l’ESA) finance un poste de médecin de recherche chargé de suivre les (nombreux) programmes menés sur les hivernants.

Ce médecin de recherche n’est pas sensé s’occuper de soin mais c’est tout de même précieux de bénéficier de sa présence et de ses compétences. Notre organisation fait que, en cas de nécessité, il est également chargé de diriger l’équipe de secours extérieurs pendant que je prépare l’accueil de la victime. Cette année, ce médecin de recherche est Sascha, un jeune neurochirurgien allemand.

La première étape a été de recruter une équipe de volontaires pour nous assister, Sascha et moi. Alors que, cette année, l’équipe de secours est essentiellement française, mes aides médicaux sont tous italiens : Jacopo, notre cuisinier, Domenico, notre astronome (qui, avant Concordia, était ingénieur en robotique) et Luca, le glaciologue italien (qui est chimiste de formation).

Il a fallu ensuite imaginer un programme pour, en quelques semaines, amener ces personnes qui n’avaient aucune formation médicale préalable à être capables d’assurer des soins de manière semi-autonome : mesurer les « constantes médicales », faire un électrocardiogramme ou une radio, faire les analyses de sang, préparer des perfusions, ou des médicaments injectables et faire des injections, faire des sutures simples, gérer l’hygiène et l’asepsie du bloc opératoire, être aide-opératoire auprès de Sascha ou aide-anesthésiste auprès de moi…

Presque autant de challenge que lorsqu’il s’agit de doter un généraliste ou un urgentiste de compétences chirurgicales ou dentaires !

Et, vous savez quoi ? Ils l’ont relevé, ce défi, et ont été largement à la hauteur. Petit à petit (mais en à peine 3 mois), ils ont acquis des gestes, des notions, des raisonnements, qui leur étaient totalement étrangers auparavant.

Début mai, nous avons organisé un grand exercice de 3 heures qui a permis de mettre en pratique les compétences acquises.

Et, puisque mes « étudiants » avaient fait leur preuve, j’ai logiquement organisé une cérémonie de « remise de diplômes ».

Graduation ceremony – launch video

C’est ainsi que j’ai eu l’occasion de, enfin, sortir les badges que Julien Dubedout m’avait concoctés avec talent (Merci ! Merci ! Merci !).

Il y en avait pour la Medical team, bien sûr mais, comme c’est une chaîne qui implique tout le monde, il y en avait aussi pour l’équipe de secours et pour ceux qui doivent rester et assurer la coordination générale (le Station leader, le Responsable informatique et communications et le Chef technique).

Une belle équipe !

Remise des badges
Claude
Rudy
Jacopo

Graduation Ceremony

I realise that I’ve fallen a long way behind in writing this blog. Between the inventories to complete and the permanent darkness that slows us down and turns us soft in the head, it wasn’t so easy to find the time and energy to get started.

One of the tasks of a doctor working at a southern or Antarctic base is to form a team to support him, or even stand in for him.

I’m a bit more privileged than my colleagues at the other French Southern and Antarctic Lands stations because there are two doctors at Concordia. In fact, our station is one of the best possible analogues for future lunar or Martian bases and, since the station’s inception, the European Space Agency (ESA) has funded a post for a research doctor responsible for running the (many) programmes carried out on winterers.

This research doctor is not supposed to be involved in medical care, but it’s still invaluable to have his presence and expertise. Our organisation means that, if necessary, he is also responsible for directing the external rescue team while I prepare to receive the victim. This year, the research doctor is Sascha, a young German neurosurgeon.

The first step was to recruit a team of volunteers to assist Sascha and me. While this year’s rescue team is mainly French, my medical assistants are all Italian: Jacopo, our cook, Domenico, our astronomer (who, before Concordia, was a robotics engineer) and Luca, the Italian glaciologist (who is a chemist back in Italy).

I then had to devise a programme to enable these people, who had no previous medical training, to be able to provide semi-autonomous care in just a few weeks: measure ‘vitals’, do an electrocardiogram, take an X-ray using our equipment, do blood tests, prepare infusions or injectable medicines and give injections, do simple sutures, manage hygiene and asepsis in the operating theatre, be an operating assistant to Sascha or an anaesthetist’s assistant to me…

Almost as much of a challenge as giving a GP or an emergency doctor surgical or dental skills!

And you know what? They rose to the challenge, and were more than up to the task. Little by little (but in just 3 months), they have acquired skills, concepts and ways of thinking that were totally foreign to them before.

At the beginning of May, we organised a major 3-hour exercise to put the skills they had acquired into practice.

And, as my ‘students’ had proved themselves, I logically organised a ‘graduation ceremony’.

Graduation ceremony – launch video

That’s how I finally had the opportunity to get out the badges that Julien Dubedout had so skilfully designed for me (Thank you! Thank you! Thank you!).

There were badges for the Medical team, of course, but as it’s a chain that involves everyone, there were also badges for the Rescue team and for those who have to stay and ensure general coordination (the Station Leader, the ICT and the Technical Manager).

A great team!

Presentation of badges
Claude
Rudy
Jacopo

La pelle de la glace

Il y a quelques jours, j’ai accompagné Damien pour une de ses sorties.

Damien, c’est un de nos deux glaciologues (il y a un Français et un Italien). Bon… à l’origine, il n’est pas glaciologue : il est ingénieur en systèmes cryogéniques. C’est le seul d’entre nous à travailler ici dans un « environnement » plus chaud que son « environnement » professionnel habituel !

(En réalité, aucun des hivernants scientifiques ne travaille vraiment dans son champ de compétence d’origine. Pourquoi ? Parce que toutes les expérimentations sont installées en été. Le travail des hivernants, c’est d’entretenir les installations, de récupérer les données et de les transmettre. Il faut donc avoir une bonne culture scientifique mais pas nécessairement être spécialiste du domaine concerné.)

Deux fois par semaine, Damien doit se rendre à la « Clean area » pour faire des prélèvements. Il s’agit d’une grande zone dont l’accès est par ailleurs interdit afin de préserver la pureté de la neige.

Mais, avant de sortir, il faut bien se couvrir car il fait -64°C et, comme il y a un peu de vent, la température ressentie est à -81°C.

D’abord la cagoule de soie… © Stéphane Fraize / Institut Polaire Français / PNRA
… puis la cagoule en polaire… © Stéphane Fraize / Institut Polaire Français / PNRA
… puis le tour de cou… © Stéphane Fraize / Institut Polaire Français / PNRA
… et enfin le masque et la chapka ! © Stéphane Fraize / Institut Polaire Français / PNRA

Damien essaie un masque que lui a prêté Vincent. Il est sensé limiter les problèmes de buée dans le masque.

Il fait surtout de jolis panaches de respiration.

© Stéphane Fraize / Institut Polaire Français / PNRA

Il est 14h20, le soleil est déjà en train de se coucher derrière « Astro shelter ».

Et, après 15 minutes de marche, nous arrivons à « Atmos shelter ».

Coucher de soleil sur Astro shelter © Stéphane Fraize / Institut Polaire Français / PNRA
Arrivée à Atmos shelter © Stéphane Fraize / Institut Polaire Français / PNRA
© Stéphane Fraize / Institut Polaire Français / PNRA

Malgré l’anti-buée consciencieusement appliqué avant de partir, je suis presque aveugle en arrivant.

© Stéphane Fraize / Institut Polaire Français / PNRA

Petite pause au chaud, le temps que Damien fasse quelques manip’ et prépare les tubes et sachets nécessaires aux trois différents types de prélèvements qu’il doit faire aujourd’hui.

© Stéphane Fraize / Institut Polaire Français / PNRA
© Stéphane Fraize / Institut Polaire Français / PNRA
© Stéphane Fraize / Institut Polaire Français / PNRA
© Stéphane Fraize / Institut Polaire Français / PNRA
Les sachets calibrés © Stéphane Fraize / Institut Polaire Français / PNRA

Les premiers prélèvements concernent les nitrates et les sulfates de l’atmosphère, qui se déposent avec la neige. Tant qu’on ne fait pas pipi dans la neige (!), il n’y a pas vraiment de risques de contamination et ils peuvent donc être prélevés directement à côté de l’abri. Leurs résultats seront corrélés aux mesures d’ozone atmosphérique effectuées par une des machines du shelter.

Il faut récupérer la couche de neige la plus superficielle. Pour ceci, Damien commence par racler la surface avec une spatule de magasin de bricolage et récupère la petite crête ainsi formée à l’aide d’une pelle à bonbons ! (Comme souvent ici, on a un mélange de technologie de pointe ultra-précise et d’éléments de bricolage… mais qui fonctionnent !)

© Stéphane Fraize / Institut Polaire Français / PNRA
© Stéphane Fraize / Institut Polaire Français / PNRA
© Stéphane Fraize / Institut Polaire Français / PNRA

Il est temps de se rendre dans la Clean Area. Nous empruntons un chemin balisé par des piquets, dont il ne faut pas dévier.

A chaque série de prélèvement, Damien pose un repère et la prochaine série sera faite 10 pas plus loin. Cette année, c’est à gauche du chemin, l’année dernière c’était à droite.

En route vers la Clean area © Stéphane Fraize / Institut Polaire Français / PNRA
© Stéphane Fraize / Institut Polaire Français / PNRA

Une fois arrivée au repère du jour, Damien part à angle droit pour faire 5 paires de prélevements tous les 10 pas. Ces prélèvements sont destinés, d’une part à l’étude des isotopes de l’eau, et d’autre part à mesurer la densité de la neige.

Pour cette dernière mesure, il faut creuser un petit trou puis faire deux prélèvements (en surface et à 7 centimètres de profondeur) à l’aide d’une petite sonde dont le volume est très précisément calibré (quand la neige est trop compacte, il faut la massette pour l’enfoncer !).

A 10 pas d’écart, la densité peut changer considérablement et, pour la première fois depuis son arrivée, un des prélèvements n’a pas été possible tellement la surface était dure.

© Stéphane Fraize / Institut Polaire Français / PNRA
La petite sonde permettant de prélever un volume précis de neige © Stéphane Fraize / Institut Polaire Français / PNRA
Damien dépose son prélèvement dans les sachets calibrés © Stéphane Fraize / Institut Polaire Français / PNRA
© Stéphane Fraize / Institut Polaire Français / PNRA

Au bout d’une demi-heure, les prélèvements sont terminés, le soleil est passé sous l’horizon et il fait vraiment froid. Il est temps de revenir vers le shelter.

© Stéphane Fraize / Institut Polaire Français / PNRA
© Stéphane Fraize / Institut Polaire Français / PNRA
© Stéphane Fraize / Institut Polaire Français / PNRA
Damien est content ! © Stéphane Fraize / Institut Polaire Français / PNRA

15h50, retour vers la station avec des couleurs assez incroyables. Il fait -82°C, nous sommes épuisés.

© Stéphane Fraize / Institut Polaire Français / PNRA
© Stéphane Fraize / Institut Polaire Français / PNRA
© Stéphane Fraize / Institut Polaire Français / PNRA
Sur le chemin du retour © Stéphane Fraize / Institut Polaire Français / PNRA
© Stéphane Fraize / Institut Polaire Français / PNRA

A Song of Ice and Shovel

A few days ago, I accompanied Damien on one of his outings.

Damien is one of our two glaciologists (there are a French and an Italian ones). Well… he is not originally a glaciologist: he is a cryogenic systems engineer. He is the only one of us working here in a warmer « environment » than his usual professional « environment »!

(In fact, none of the overwintering scientists are really working in their original field of expertise. Why not? Because all the experiments are set up in summer. The job of the wintering scientists is to maintain the installations, to collect the data and to transmit them. So you have to have a good scientific background but not necessarily be a specialist in the specific field).

Twice a week, Damien has to go to the « Clean area » to take samples. This is a large area, access to which is prohibited in order to preserve the purity of the snow.

But before going out, you have to cover yourself up because it is -64°C and, as there is a bit of wind, the windchill is -81°C.

First, the silk balaclava… © Stéphane Fraize / Institut Polaire Français / PNRA
… then the fleece balaclava… © Stéphane Fraize / Institut Polaire Français / PNRA
… then the neckband… © Stéphane Fraize / Institut Polaire Français / PNRA
… and finally googles and capka! © Stéphane Fraize / Institut Polaire Français / PNRA

Damien tries on a mask lent to him by Vincent. It is supposed to limit the problems of fogging in the mask.

It makes especially nice breathing plumes.

© Stéphane Fraize / Institut Polaire Français / PNRA

It is 2.20 pm, the sun is already setting behind « Astro shelter ».

And after 15 minutes of walking, we arrive at « Atmos shelter ».

Sunset over Astro shelter © Stéphane Fraize / Institut Polaire Français / PNRA
Arrival at Atmos shelter © Stéphane Fraize / Institut Polaire Français / PNRA
© Stéphane Fraize / Institut Polaire Français / PNRA

Despite the anti-fog conscientiously applied before leaving, I am almost blind when I arrive.

© Stéphane Fraize / Institut Polaire Français / PNRA

A short break in the warmth, the time for Damien to do some manipulations and prepare the tubes and bags necessary for the three different types of samples he has to take today.

© Stéphane Fraize / Institut Polaire Français / PNRA
© Stéphane Fraize / Institut Polaire Français / PNRA
© Stéphane Fraize / Institut Polaire Français / PNRA
© Stéphane Fraize / Institut Polaire Français / PNRA
Calibrated bags © Stéphane Fraize / Institut Polaire Français / PNRA

The first samples are of nitrates and sulphates from the atmosphere, which are deposited with the snow. As long as you don’t pee in the snow (!), there is no real risk of contamination and they can therefore be taken directly next to the shelter. Their results will be correlated with the atmospheric ozone measurements made by one of the shelter’s machines.

The most superficial layer of snow must be recovered. To do this, Damien starts by scraping the surface with a DIY shop spatula and recovers the small ridge thus formed with a candy shovel! (As is often the case here, we have a mixture of ultra-precise high-tech and DIY elements… but it works!)

© Stéphane Fraize / Institut Polaire Français / PNRA
© Stéphane Fraize / Institut Polaire Français / PNRA
© Stéphane Fraize / Institut Polaire Français / PNRA

It is time to go to the Clean Area. We follow a path marked out by stakes, from which we must not deviate.

At each round of sampling, Damien puts a marker and the next round will be done 10 steps further. This year it’s on the left side of the path, last year it was on the right.

En route to the Clean area © Stéphane Fraize / Institut Polaire Français / PNRA
© Stéphane Fraize / Institut Polaire Français / PNRA

Once he has arrived at the day’s marker, Damien sets off at right angles to take five pairs of samples every 10 steps. These samples are intended, on the one hand, to study water isotopes and, on the other, to measure the density of the snow.

For the latter measurement, a small hole must be dug and then two samples taken (at the surface and at a depth of 7 centimetres) using a small probe whose volume is very precisely calibrated (when the snow is too compact, the hammer is needed to push it in!)

The density can change considerably within 10 steps and, for the first time since his arrival, one of the samples was not possible because the surface was so hard.

© Stéphane Fraize / Institut Polaire Français / PNRA
© Stéphane Fraize / Institut Polaire Français / PNRA
© Stéphane Fraize / Institut Polaire Français / PNRA
© Stéphane Fraize / Institut Polaire Français / PNRA

After half an hour, the sampling is finished, the sun has gone below the horizon and it is really cold. It is time to return to the shelter.

© Stéphane Fraize / Institut Polaire Français / PNRA
© Stéphane Fraize / Institut Polaire Français / PNRA
© Stéphane Fraize / Institut Polaire Français / PNRA
Damien is happy! © Stéphane Fraize / Institut Polaire Français / PNRA

3.50pm, back to the station with some pretty incredible colours. It is -82°C, we are exhausted.

© Stéphane Fraize / Institut Polaire Français / PNRA
© Stéphane Fraize / Institut Polaire Français / PNRA
© Stéphane Fraize / Institut Polaire Français / PNRA
© Stéphane Fraize / Institut Polaire Français / PNRA
© Stéphane Fraize / Institut Polaire Français / PNRA

Les Cinq Cavaliers

Le premier cavalier était monté sur un cheval dont un côté était couleur de jais et l’autre couleur de neige. Il avait pour nom Nuit Polaire et il marchait en tête car il conduisait les autres.

Pendant 15 semaines entières, le soleil ne se couchait pas. L’astre tournait sans cesse, d’est en ouest, de droite à gauche. Il oscillait, bas sur l’horizon, dans un ciel azur qui ne connaissait que de rares nuages. Et les humains devaient croire leurs montres et leurs horloges pour se rendre compte que le temps du repos arrivait. Et ils devaient calfeutrer leurs fenêtres pour trouver le sommeil.

La bascule durait 7 semaines durant lesquelles, la nuit apparaissait, progressait rapidement avant un temps d’incertitude où jour et nuit semblaient se confronter et où l’on pouvait croire, si l’on était assez fou, que ce rythme pourrait peut-être durer. Mais, de manière imperceptible, l’obscurité l’emportait et, brutalement, les jours se prenaient à nouveau à raccourcir à grands pas avant de disparaître totalement.

Et pendant 15 semaines pleines, régnait la nuit. La voûte étoilée emplissait tout l’espace, tournoyant sur elle-même. C’était le temps des aurores australes, de la Croix du Sud, de Sirius et de Canopus. Et les humains devaient se contenter de lumières artificielles, d’appareils de luminothérapie et d’espérance dans le retour du soleil.

(© Vincent Morel / Institut Polaire Français / PNRA)
(© Domenico Mura / Institut Polaire Français / PNRA)

Le second cavalier était fils du premier et marchait juste derrière. Il montait un cheval bleu pâle et avait pour nom Froid glacial. Le soleil bas sur l’horizon pendant la moitié de l’année et absent le reste du temps lui permettait de s’épanouir.

La température moyenne était de -51°C. Même en été, il était rare qu’elle dépasse les -25°C. Et durant la nuit polaire, oh, durant la nuit polaire, le froid attaquait au cœur et sans pitié. 60°C ou 70°C en dessous de zéro étaient la norme. 80°C certains jours. Même si le vent était rarement violent en ces lieux, les températures ressenties étaient alors souvent de -90°C ou -100°C.

Les humains n’avaient pas d’autre choix que de s’enfermer l’essentiel de la journée. Lorsqu’ils devaient sortir, en hiver en particulier, ils ne pouvaient le faire que caparaçonnés car le moindre morceau de peau exposé aux éléments gelait en quelques instants. Les mains protégées dans d’épaisses moufles garnies de chaufferettes étaient rendues presque impuissantes. Elles ne pouvaient en sortir, même enveloppées de sous-gants protecteurs, que pendant quelques dizaines de secondes.

Et si, l’été, les déplacements étaient possibles en ski-doos et les manipulations facilitées par les machines que les humains avaient inventées, il n’en était pas de même en hiver. Au-delà des -50°C, même le fioul « Special Antarctic Blend » devenait pâteux. Les plastiques étaient cassants et inutilisables. Le seul véhicule capable d’aller à l’extérieur, et encore, à condition de le stationner au chaud et de ne jamais l’arrêter dehors, était l’antique « chargeuse » intégralement faite de métal.

(© Institut Polaire Français / PNRA)
(© Institut Polaire Français / PNRA)

Le troisième et le quatrième cavaliers marchaient dans les pas du second. Le troisième était monté sur un cheval couleur de sable et avait pour nom Sécheresse car dans cet air glacial l’eau n’existait pratiquement pas sous forme liquide ou gazeuse.

L’humidité relative de l’air extérieur, autour de 60%, était trompeuse car cet air froid ne pouvait de toute façon contenir que peu de vapeur. A l’intérieur de la base, dans ce même air réchauffé, elle ne dépassait plus 10%.

Les humains se félicitaient de la vitesse à laquelle séchait leur linge. Mais ils voyaient leur peau se craqueler, leurs lèvres se fissurer, leur nez s’encroûter. Et ils devaient faire subterfuge de crèmes grasses, de baumes et d’humidificateurs qui, même en libérant dans une chambre plus d’un demi-litre d’eau par nuit, ne suffisaient pas.

(© Stéphane Fraize / Institut Polaire Français / PNRA)
(© Stéphane Fraize / Institut Polaire Français / PNRA)

Le quatrième cavalier était le jeune frère du précédent. Il chevauchait un étalon vif et nerveux et il avait pour nom Electricité statique. Car la structure métallique n’avait pas de connexion à la terre, absente. Les cristaux de glace frottant sans cesse dessus en arrachait des électrons et le transformateur d’isolation qui avait été installé ne pouvait pas tout.

De plus, un air aussi sec avait d’étranges propriétés isolantes et les électrons, privés de la possibilité de circuler librement, s’accumulaient rapidement dans les corps en attendant de pouvoir se libérer en un arc bleuté. Ceci mettait les hommes à rude épreuve car la moindre poignée de main pouvait occasionner un coup de fouet. Il fallait inventer des stratagèmes pour régulièrement laisser s’échapper son trop-plein d’électrons, donnant lieu à d’étranges rituels : chercher où était le plus proche élément métallique (heureusement, il y en avait partout), frotter machinalemenent ses coudes (la partie la moins sensible du corps) sur les bandes d’aluminium garnissant les coins de meuble, utiliser un morceau de métal en guise de paratonnerre pour augmenter la surface de peau concernée…

Plus encore que les humains, leurs machines étaient soumis à rude épreuve. Une faute d’inattention, un éclair bleuté, et c’était le risque qu’un appareil tombe en panne. Définitivement. Parfois encore, d’étranges phénomènes se produisaient : s’accouder à son bureau pouvait parfaitement déclencher la sonnerie du téléphone posé à l’autre bout ! L’électronique était bien fragile dans cet environnement.

(© Stéphane Fraize / Institut Polaire Français / PNRA)
(© Stéphane Fraize / Institut Polaire Français / PNRA)

Le cinquième et dernier cavalier marchait un peu à l’écart des autres. Son cheval était diaphane, presque transparent et il avait pour nom Hypoxie. Et contre lui, il n’y avait pas beaucoup de moyens de se défendre.

Il n’était pas totalement étranger aux quatre premiers car, alors même que le socle rocheux était ici sous le niveau de la mer, le froid avait permis l’accumulation de la glace, millénaire après millénaire, jusqu’à atteindre une épaisseur phénoménale de plus de 3 kilomètres. De cette altitude de 3 200 mètres, et de l’atmosphère plus ténue des pôles terrestres, il résultait une pression atmosphérique qui ne dépassait pas 660 hPa et qui descendait parfois à 625 hPa. L’équivalent d’une altitude de 3 500 à 3 800 m en Europe.

La part d’O2 dans l’air restant toujours la même, la pression en oxygène en était ainsi réduite de plus du tiers.

Et les humains perdaient leur souffle.

Les premiers jours étaient les plus terribles : maux de tête, nuits hachées, fatigue…

Petit à petit l’adaptation se faisait, le cœur et la respiration s’accéléraient, les taux d’hémoglobine atteignaient des valeurs inhabituelles et celle-ci libérait plus facilement son oxygène. Mais, même alors, la saturation de repos en oxygène, habituellement de 98 ou 99% lorsque l’on était en bonne santé, ne dépassait pas 93 ou 94%. Et elle chutait rapidement sous les 90% pour des efforts modestes. Même alors, le souffle était court après avoir monté les deux étages des tours. Même alors, parler de manière continue demandait de reprendre sa respiration bien plus souvent que d’ordinaire. Même alors, allongé dans son lit, on pouvait sentir par moments la poitrine se soulever pour chercher l’air. Même alors, le sommeil restait souvent avare de repos. (1)

(© Institut Polaire Français / PNRA)
(© Stéphane Fraize / Institut Polaire Français / PNRA)

Et je vis ces cinq cavaliers s’avancer sur la blanche étendue.

Et le pouvoir leur fut donné sur cette partie du monde, pour tourmenter les Hommes par la nuit, par le froid, par la sécheresse, par l’éclair et par le souffle.

Car ce n’était point là une terre aimable aux humains.

(© Stéphane Fraize / Institut Polaire Français / PNRA)
(1) Le sommeil en haute altitude est généralement marqué par une augmentation des apnées du sommeil. Celles-ci ne répondent pas au même mécanisme que les « classiques » apnées obstructives du sommeil. Ce qui déclenche le réflexe de la respiration n’est pas seulement le taux d’oxygène dans le sang mais aussi, et beaucoup, le taux de dioxyde de carbone (CO2). Or nous ne sommes pas seulement hypoxiques (taux bas d’oxygène dans le sang) mais aussi hypocapniques (taux bas de CO2) en particulier en raison de notre hyperventilation. Face à tout ça, les centres cérébraux qui contrôlent la respiration sont un peu perdus et peuvent se mettre à faire un peu n’importe quoi, par exemple alterner hyperventilation et apnées et constituer ainsi une « respiration périodique » plutôt néfaste…

Five Horsemen

The first rider was mounted on a horse, one side of which was the colour of jet and the other the colour of snow. His name was Polar Night and he rode in the lead as he led the others.

For 15 whole weeks the sun did not set. The star kept turning, from east to west, from right to left. It swayed, low on the horizon, in an azure sky with only occasional clouds. And the humans had to trust their watches and clocks to realise that the time of rest was coming. And they had to shut their shutters to get some sleep.

The tilt lasted 7 weeks during which the night appeared, progressed rapidly before a time of uncertainty when day and night seemed to confront each other and one could believe, if one was foolish enough, that this rhythm could perhaps last. But imperceptibly the darkness would prevail and suddenly the days would again begin to shorten in leaps and bounds before disappearing completely.

And for 15 full weeks, night reigned. The starry sky filled the whole space, spinning around. It was the time of the Southern Lights and Sirius, of the Southern Cross and Canopus. And humans had to make do with artificial lights, light therapy devices and hope in the return of the sun.

(© Vincent Morel / French Polar Institute / PNRA)

(© Domenico Mura / Institut Polaire Français / PNRA)

The second rider was the son of the first and walked just behind. He was riding a pale blue horse and his name was Freezing cold. The sun was low on the horizon for half the year and absent the rest of the time, allowing him to flourish.

The average temperature was -51°C. Even in the summer, it rarely got above -25°C. And during the polar night, oh, during the polar night, the cold attacked to the core and without mercy. 60°C or 70°C below zero was the norm. 80°C on some days. Even though the wind was rarely violent in these places, the felt temperatures were often -90°C or -100°C.

Humans had no choice but to stay indoors for most of the day. When they had to go out, especially in winter, they could only do so wearing a caparison, as the smallest piece of skin exposed to the elements would freeze in a few moments. Hands protected in thick mittens with heaters were rendered almost helpless. They could only get out, even when wrapped in protective undergloves, for a few dozen seconds.

And if, in the summer, it was possible to move around in ski-doos and handling was made easier by the machines that humans had invented, the same was not true in winter. Above -50°C, even the « Special Antarctic Blend » fuel oil became pasty. Plastics were brittle and unusable. The only vehicle capable of going outside, and even then only if it was parked in a warm place and never stopped outside, was the ancient « clack-clack » made entirely of metal.

(© Institut Polaire Français / PNRA)
(© Institut Polaire Français / PNRA)

The third and fourth riders followed in the footsteps of the second. The third rider was mounted on a sand-coloured horse and his name was Dryness because in this icy air there was hardly any water in liquid or gaseous form.

The relative humidity of the air outside, around 60%, was deceptive because this cold air could contain little vapour anyway. Inside the base, in this same heated air, it was no more than 10%.

The humans were pleased with the speed with which their clothes were drying. But they could see their skin cracking, their lips cracking, their noses crusting. And they had to resort to greasy creams, balms and humidifiers which, even if they released more than half a litre of water per night in a room, were not enough.

(© Stéphane Fraize / Institut Polaire Français / PNRA)
(© Stéphane Fraize / Institut Polaire Français / PNRA)

The fourth rider was the younger brother of the previous one. He was riding a lively and nervous stallion and his name was Static electricity. For the metal structure had no connection to the ground, which was absent. The ice crystals constantly rubbing against it pulled electrons from it and the insulation transformer that had been installed could not do everything.

Moreover, such dry air had strange insulating properties and the electrons, deprived of the possibility to circulate freely, accumulated rapidly in the bodies waiting to be released in a bluish arc. This put men to the test as the slightest handshake could result in a whiplash. One had to invent stratagems to regularly let out one’s overflow of electrons, giving rise to strange rituals: looking for the nearest metal element (fortunately, there were some everywhere), mechanically rubbing one’s elbows (the least sensitive part of the body) on the aluminium strips lining the corners of furniture, using a piece of metal as a lightning rod to increase the surface area of the skin concerned…

Even more than the humans, their machines were put to the test. One careless mistake, one bluish flash, and a device could break down. Definitely. Sometimes strange things happened: leaning against the desk could trigger the ringing of the telephone at the other end! Electronics’ life was pretty cheap in this environment.

(© Stéphane Fraize / Institut Polaire Français / PNRA)
(© Stéphane Fraize / Institut Polaire Français / PNRA)

The fifth and last rider was walking a bit apart from the others. His horse was diaphanous, almost transparent and his name was Hypoxia. And against him, there were not many ways to defend oneself.

He was not, however, a complete stranger to the first four, for even though the bedrock here was below sea level, the cold had allowed the ice to accumulate, millennium after millennium, to a phenomenal thickness of more than 3 kilometres. This altitude of 3,200 metres, together with the thinner atmosphere of the Earth’s poles, resulted in an atmospheric pressure of no more than 660 hPa, sometimes dropping to 625 hPa. This is equivalent to an altitude of 3,500 to 3,800 m in Europe.

The proportion of O2 in the air always remained the same, so the oxygen pressure was reduced by more than a third.

And humans were losing their breath.

The first few days were the worst: headaches, sleepless nights, fatigue…

Gradually the adaptation took place, the heart and breathing quickened, the haemoglobin levels reached unusual values and the haemoglobin released its oxygen more easily. But even then, the resting oxygen saturation, usually 98 or 99% in good condition, was only 93 or 94%. And it quickly dropped below 90% for modest efforts. Even then, the breath was short after climbing the two floors of the towers. Even then, talking continuously required catching your breath much more often than usual. Even then, lying in bed, you could feel your chest heaving for air at times. Even then, sleep was often short of rest (1).

(© Institut Polaire Français / PNRA)
(© Stéphane Fraize / Institut Polaire Français / PNRA)

And I saw these five horsemen advance on the white expanse.

And power was given to them over this part of the world, to torment Men by night, by cold, by drought, by lightning and by breath.

For this was not a land kind to humans.

(© Stéphane Fraize / Institut Polaire Français / PNRA)
(1) Sleep at high altitude is generally marked by an increase in sleep apnea. These do not respond to the same mechanism as the "classic" obstructive sleep apneas. What triggers the breathing reflex is not only the level of oxygen in the blood but also, and very importantly, the level of carbon dioxide (CO2). We are not only hypoxic (low blood oxygen) but also hypocapnic (low CO2), particularly because of our hyperventilation. Faced with all this, the brain centres that control breathing are a bit lost and can start to do anything, for example alternating hyperventilation and apnoea, thus creating a rather harmful "periodic breathing"…

C’est l’Amérique !

Je vais vous présenter l’un des édifices les plus fascinants, et les plus dangereux, de la Station Concordia : la Tour américaine.

Pas facile de trouver des informations précises sur cette tour. Il s’agit d’une des plus anciennes constructions de la base. Au début des années 2000, avant même la construction de la station permanente, cette tour a été construite pour accueillir un projet scientifique de la NASA.

Par la suite, nos amis américains se sont dit qu’ils avaient assez à faire avec leurs stations McMurdo et South Pole et ils sont partis en laissant cet étrange échafaudage aux Français et aux Italiens.

Implantée à 1 km de la base, elle faisait alors 35m de haut avant d’être rehaussée d’une quinzaine de mètres.

Elle accueille aujourd’hui de nombreux instruments de mesure en météorologie, d’autres dédiés au suivi des mouvements et de la température de la couche neigeuse ainsi qu’une installation de l’ESA : DOMEX qui sert de site de calibration pour des satellites de radiométrie étudiant l’humidité des sols ou la salinité des océans.

Damien, l’un de nos glaciologues, et Davide, notre chef de mission, doivent s’y rendre régulièrement pour entretenir l’installation et, en particulier, pour dégivrer les instruments de mesure. C’est une opération qui doit être menée au moins une fois par semaine.

En ce moment, c’est encore au soleil, avec des températures réelles de -40°C au plus « chaud » de la journée, ce qui donne des températures ressenties de -50 à -65°C en tenant compte de l’effet du vent. Et au sommet de la tour ? Eh bien, en ce moment, c’est pire. (Pendant la nuit polaire, c’est plus compliqué : il fait souvent plus chaud au sommet de la tour qu’à la base, mais avec plus de vent, alors…)

Je vous laisse imaginer ce que cet exercice de dégivrage représentera au cours de la nuit polaire quand nous aurons encore perdu 20 ou 30°C de température.

C’est pour cette raison que c’est une des deux installations où il est obligatoire de se rendre à deux personnes au minimum, et trois lorsqu’il fera nuit.

Il y a 4 jours, c’est moi qui ai accompagné Davide.

Davide, est italien. D’ordinaire, il dirige un laboratoire de physique des particules à Padoue. A Concordia, il tient le poste scientifique un peu fourre-tout de « Electronics for science ». Il est chargé de l’entretien de tout un tas d’installation scientifiques dans des domaines très divers : sismologie, géomagnétisme, observation de l’atmosphère, météorologie…

Il est aussi celui qui a été désigné comme Chef de mission de la DC19 et on ne pouvait pas imaginer meilleur choix. Mais je vous raconterai ça une autre fois…

Pour le moment, il est temps de nous accompagner en direction de la Tour américaine !

Vous voyez tous les petits paliers ? C’est à chaque fois environ 2m de haut.
©Stéphane Fraize/Institut polaire français/PNRA

Comme chaque installation scientifique, la Tour américaine est dotée d’un « shelter », un abri qui est chauffé (selon les situations, à +4°C, +8°C ou +15°C). Certains sont sous la neige, d’autres en surface. Et d’autres encore, comme celui de la Tour américaine, étaient en surface à l’origine et se retrouvent à présent bien en-dessous du niveau de la neige.

La première étape est de descendre dans le shelter pour nous équiper de harnais. A la base de la tout, nous accrochons nos harnais à une « ligne de vie » qui monte jusqu’au sommet de la tour.

©Stéphane Fraize/Institut polaire français/PNRA

©Stéphane Fraize/Institut polaire français/PNRA
©Stéphane Fraize/Institut polaire français/PNRA

Nous pouvons alors démarrer notre ascencion et Davide entreprend de dégivrer gaines et instruments au fur et à mesure. Normalement il utilise un gros pinceau mais celui-ci était cassé et, ce jour là, il a tout fait avec ses sous-gants. Heureusement que nous avions nos chaufferettes dans les moufles.

Il n’y a plus la NASA mais il y a l’ESA !
©Stéphane Fraize/Institut polaire français/PNRA
Ce n’est pas trop givré, ça va.
©Stéphane Fraize/Institut polaire français/PNRA
©Stéphane Fraize/Institut polaire français/PNRA
©Stéphane Fraize/Institut polaire français/PNRA

Et ainsi, palier après palier, nous sommes arrivés au sommet de la tour. Ou presque car les deux derniers paliers ne portent pas d’instruments et qu’on n’allait pas faire du zèle.

Le temps était plutôt calme mais, malgré ça, on sentait bien le sommet bouger !

La Station Concordia, à 1 km.
©Stéphane Fraize/Institut polaire français/PNRA
Vue sur les shelters « Physics », « Atmos », « Neige » (sous « Atmos » mais quasiment invisible car il est entièrement sous la… neige) et « Sismo ».
©Stéphane Fraize/Institut polaire français/PNRA
Vers le nord, le grand blanc.
©Stéphane Fraize/Institut polaire français/PNRA
©Stéphane Fraize/Institut polaire français/PNRA
©Stéphane Fraize/Institut polaire français/PNRA
©Stéphane Fraize/Institut polaire français/PNRA
©Stéphane Fraize/Institut polaire français/PNRA
©Stéphane Fraize/Institut polaire français/PNRA
©Stéphane Fraize/Institut polaire français/PNRA
©Stéphane Fraize/Institut Polaire Français/PNRA
©Stéphane Fraize/Institut polaire français/PNRA
©Stéphane Fraize/Institut polaire français/PNRA

America, America!

I am going to introduce you to one of the most fascinating, and dangerous, buildings in Concordia Station: the American Tower.

It is not easy to find precise information about this tower. It is one of the oldest buildings on the base. In the early 2000s, even before the construction of the permanent station, this tower was built to house a NASA science project.

Afterwards, our American friends decided they had enough to do with their McMurdo and South Pole stations and left this strange structure to the French and Italians.

Located 1 km from the base, it was then 35 m high before being raised by about 15 meters.

It is now home to a number of meteorological measurement instruments, others dedicated to monitoring the movement and temperature of snow cover, as well as an ESA facility: DOMEX, which serves as a calibration site for radiometry satellites studying soil moisture or sea surface salinity.

Damien, one of our Glaciologists, and Davide, our mission leader, have to go there regularly to maintain the installation and, in particular, to defrost the measuring instruments. This is an operation that must be carried out at least once a week.

At the moment, this is still done under the sun, with actual temperatures of -40°C at the « hottest » part of the day, which gives felt temperatures of -50 to -65°C taking into account the windchill effect. And at the top of the tower? Well, at the moment, it’s worse. (During the polar night, it’s more complicated: it’s often warmer at the top of the tower than at the base, but with more wind, so…)

I’ll let you imagine what this defrosting exercise will mean during the polar night when we will have lost another 20 or 30°C of temperature.

That’s why this is one of the two facilities where it’s mandatory to go with at least two people, and three when it will be the polar night.

Four days ago, it was me who accompanied Davide.

Davide is Italian. He usually runs a particle physics laboratory in Padua. At Concordia, he holds the somewhat catch-all scientific position of « Electronics for science ». He is in charge of maintaining a whole bunch of scientific installations in a wide variety of fields: seismology, geomagnetism, atmospheric observation, meteorology…

He is also the one who has been appointed as the DC19 mission leader and we couldn’t imagine a better choice. But I’ll tell you about that another time…

For the moment, it’s time to come with us to the American Tower!

See all the little landings? Each one is about 2m high.
©Stéphane Fraize/Institut polaire français/PNRA

Like every scientific facility, the American Tower has a shelter that is heated (depending on the situation, to +4°C, +8°C or +15°C). Some are under the snow, others on the surface. And still others, like the American Tower’s one, were originally above ground and are now well below the snow level.

The first step is to go down into the shelter to fit ourselves with harnesses. At the base of the tower, we attach our harnesses to a « life line » that goes up to the top of the tower.

©Stéphane Fraize/Institut polaire français/PNRA
©Stéphane Fraize/Institut polaire français/PNRA
©Stéphane Fraize/Institut polaire français/PNRA

We can then start our ascent and Davide starts to defrost the sheaths and instruments as we go along. Normally he uses a large brush but this one was broken and, on this day, he did it all with his under-gloves. Luckily we had our heaters in our mittens.

©Stéphane Fraize/Institut polaire français/PNRA
©Stéphane Fraize/Institut polaire français/PNRA
©Stéphane Fraize/Institut polaire français/PNRA
©Stéphane Fraize/Institut polaire français/PNRA

And so, landing after landing, we reached the top of the tower. Or almost, because the last two landings don’t have instruments and we weren’t going to be overzealous.

The weather was rather calm but, in spite of that, we could feel the top moving!

Concordia Station, 1km away
©Stéphane Fraize/Institut polaire français/PNRA
View on « Physics », « Atmos », « Neige » (just under « Atmos » but almost not visible as it is totally under the snow) and « Sismo » shelters.
©Stéphane Fraize/Institut polaire français/PNRA
Full north!
©Stéphane Fraize/Institut polaire français/PNRA
©Stéphane Fraize/Institut polaire français/PNRA
©Stéphane Fraize/Institut polaire français/PNRA
©Stéphane Fraize/Institut polaire français/PNRA
©Stéphane Fraize/Institut polaire français/PNRA
©Stéphane Fraize/Institut polaire français/PNRA
©Stéphane Fraize/Institut polaire français/PNRA
©Stéphane Fraize/Institut Polaire Français/PNRA
©Stéphane Fraize/Institut polaire français/PNRA
©Stéphane Fraize/Institut polaire français/PNRA