Je ne pensais plus reprendre l’écriture de ce blog. Aujourd’hui j’éprouve le besoin de faire la chronique de ces jours étranges.
Fin février, je consacre mon énergie à mon futur projet de recherche « BioGP » et à la finalisation du poster qu’on présentera avec ma collègue au Congrès de la Médecine générale le 20 mars.
Comme depuis plusieurs années, je suis l’actualité avec une certaine distance. Ce qui focalise le plus mon attention ce sont les primaires démocrates aux USA. Le coronavirus c’est très lointain. La construction en urgence des hôpitaux chinois m’interloque mais je ne creuse pas plus que ça.
Vendredi 28 février
Réunion hebdomadaire de l’équipe de la Maison de Santé. Première fois qu’on parle de l’épidémie de coronavirus. Ça paraît encore loin. Certains proposent de commencer à séparer la salle d’attente en deux. Je suggère d’attendre des consignes nationales.
Pour déconner, je dessine un vieux poste de télé sur le tableau blanc de la salle de réunion avec la citation de Gicquel en 76 « La France a peur. »
Lundi 2 mars
C’est le jour de mon déclic. Le soir, je découvre les titres de la presse qui annoncent un deuxième décès à Crépy-en-Valois. Deux décès dûs à un même virus en quelques jours dans une ville de 15 000 habitants, c’est statistiquement improbable. Je commence à douter de la notion de « grosse grippe » encore généralisée.
Dans les jours qui suivent, je regarde un peu dans le détail, les chiffres pour la France ou l’Italie. J’ai des souvenirs de maths qui remontent, de ce à quoi ressemble le début d’une courbe logarithmique. Je découvre la notion de « super spreader », la probable contagiosité des patients asymptomatiques… Plus ça va, plus je me dis que c’est chaud. Mais on ne parle que des clusters de l’Oise, de Mulhouse et des Alpes, on a encore le temps.
Mardi 3 mars
Notre interne m’appelle pour une possible suspicion de COVID : fébrile et sensation d’oppression thoracique mais pas grand chose d’autre. Pour la première fois, je mets un masque FFP2 : il m’en reste 80, largement périmés, de l’époque de H5N1 que j’avais gardés au cas où.
Je donne un masque chirurgical à la patiente qui plaisante « J’espère que je ne serai pas le patient zéro du département. » Vraiment rien de très inquiétant à l’examen clinique mais elle travaille au contact de personnes fragiles, j’appelle le 15 pour avoir les instructions. Elle ne revient ni de Chine, ni de Singapour, ni de l’Oise, elle ne sera pas testée. Pas de risque de coronavirus a priori « mais, puisque vous avez mis un masque, gardez-le tant qu’à faire. »
Jeudi 5 mars
J’entends à la radio qu’un Député est hospitalisé avec d’autres cas à l’Assemblée nationale. Putain, il y a un truc qui cloche ! Je reprends les chiffres, je calcule un temps de doublement de 3 jours, à la louche. Si c’est ça, ça fait 30 millions de malade dans 6 semaines, je prends conscience des premières alertes concernant la capacité du système de soins.
Je commence à expliquer aux patients que c’est mieux de ne pas les examiner physiquement si ce n’est pas absolument nécessaire.
J’en parle au repas de midi. M se moque gentiment de moi « Héhé ! Il y a Borée qui commence à avoir la trouille. »
J’en discute aussi à la maison le soir. Mon mari a toujours eu de petites compulsions d’achat de nourriture en cas de stress, je me moquais souvent de lui et de ses « réserves Fukushima ». Là, pour la toute première fois, c’est moi qui lui dis d’aller faire les course demain et de faire des stocks pour quelques semaines. On dort mal tous les deux.
Vendredi 6 mars
Réunion d’équipe. On évoque encore notre projet d’agrandissement, la réunion de mercredi prochain à Paris, à laquelle la moitié de l’équipe doit se rendre. L’essentiel de la réunion est tout de même consacrée au COVID-19, on prend les premières décisions : on vide toute la salle d’attente des livres, des revues, des jouets ; on met un affichage à l’entrée avec un bidon de solution hydro-alcoolique et des masques pour les malades ; on disperse les chaises dans les couloirs ; on propose aux patients qui appellent pour un renouvellement de repousser leur rendez-vous.
Les médecins évoquent l’arrêt des consultations libres de fin de journée, le développement de téléconsultations (qu’on avait toujours refusées)… On prévoit de déposer les ordonnances directement à la pharmacie 2 fois par jour. On validera tout ça lundi.
On se prend un peu le bec par moments, j’en fais peut-être de trop. C’est la première fois que c’est moi qui tient ce rôle.
A la fin de la réunion, je ne me sens pas très bien, je rentre sans finir ma paperasse. Des putains de courbatures, un peu mal au bide mais seulement un petit 37°8 et rien d’autre. Si seulement, je pouvais me faire tester… Je n’appelle même pas le 15, je connais la réponse. Fait chier.
Samedi 7 mars
Toujours courbaturé mais ça va.
Je craque, j’appelle mon père à l’autre bout de la France. Je lui dis de faire des courses, de rester à la maison et d’éviter de s’occuper de mes neveux. Ça l’étonne mais il me prend au sérieux : il ne m’avait jamais vu inquiet comme ça.
Dimanche 8 mars
Je lis de plus en plus d’articles qui m’affolent. En particulier cet article du Lancet qui souligne que « Les comportements individuels seront cruciaux pour le contrôle de l’extension du virus. Les actions individuelles, plus que gouvernementales, risquent d’être l’enjeu majeur dans les démocraties occidentales. Une auto-quarantaine précoce, évitant de recourir à un avis médical en-dehors de symptômes sévères, et l’évitement social seront les clés. » Je le partage avec les collègues, ainsi que la synthèse de Dominique Dupagne.
Lundi 9 mars
C’est la rentrée des classes. Je dépose notre fille dans sa classe et je dis à la maîtresse que ce sera la plus courte rentrée de sa vie, elle semble étonnée. Quand je vois les parents agglutinés dans les couloirs, j’ai la trouille.
J’ai des rendez-vous ce matin, je ne touche que deux patients. Pour les autres, chacun reste de part et d’autre du bureau. J’annule les rendez-vous de deux patientes particulièrement à risque, je fais mes premières « téléconsultations » par téléphone.
Je vois une enfant, elle a 38°7, elle tousse, je n’ai rien à l’examen. Sa mère n’a aucun symptôme mais elle est auxiliaire de vie chez des personnes âgées. J’hésite, j’appelle le 15 pour demander où on en est la météo épidémiologique du coin. La gamine ne revient pas de Chine, ni de Singapour, ni de l’Oise, ni de Mulhouse, elle ne sera pas testée. On ne sait pas vraiment me dire la situation épidémiologique mais « C’est sûr, il y a déjà plein de cas dans le département ». La France est toujours en niveau 2 épidémique et on considère toujours officiellement qu’il n’y a que 7 clusters au sein desquels le but des tests est de retracer les chaines de transmission.
A cause de son métier, je décide de mettre la mère en arrêt alors qu’elle n’a rien.
Je pense que c’était mon premier cas de COVID-19.
J’annule mes visites de l’après-midi, je compare les solutions de téléconsultations, je choisis celle du GCS-SARA qui est gratuite et qui ne dépend pas d’une société commerciale. Je demande à mon mari d’aller nous acheter des webcams pour les bureaux des médecins.
Mardi 10 mars
Premières expériences de téléconsultation avec webcam. Ça marche assez bien. Sur la journée j’arrive à en faire 9, pour 3 consultations physiques. Les patients sont étonnés ou soulagés selon les cas. Je commence à annuler un maximum de consultations non urgentes.
Un jeune arrive, il avait pris rendez-vous pour un mal de gorge. Il commence à m’expliquer qu’il revient d’un week-end à Paris, qu’il a mal à la gorge et qu’il tousse un peu. « Il est où votre masque ? – Ah, euh, ben c’est pas trop grave quand même. – Vous savez qu’il y a une épidémie, beaucoup de gens vont mourir, putain ! » Je vais lui chercher un masque, il ne sourit plus du tout.
A et C commencent à transpirer à l’accueil. On se rend compte que c’est à leur niveau que la téléconsultation pose problème en raison des explications nécessaires aux patients. Une patiente leur fait la remarque que « C’est drastique chez vous. »
On prend la décision d’annuler notre déplacement à Paris du lendemain, ça n’a aucun sens.
Je ne suivais plus l’activité sur Twitter qu’en pointillé mais j’y replonge. Durement. Je suis très prudent avec les « Yakafaukon » et je comprends la difficulté à gérer une crise. mais je ne comprends pas les choix qui sont faits pour les tests. Je vois que je ne suis pas le seul.
Mercredi 11 mars
Puisque nous n’allons plus à Paris, nous profitons du temps libéré pour refaire une réunion d’organisation.
Les portes de la MSP sont bloquées en position ouverte. A met des affiches rouges sur toutes les portes « Ne touchez pas aux poignées avec les mains. »
On se retrouve avec les pharmaciennes pour décider du circuit des ordonnances pour éviter que les patients transitent par la MSP.
Puis on rediscute de notre organisation, de ce qui peut être fait en téléconsultation ou de ce qui nécessite un examen physique. M me dit qu’il n’imagine pas ne pas ausculter les poumons d’un patient qui tousse. On commence à établir un algorithme pour les accueillantes. Ça me paraît trop complexe, trop long, j’explose. Pour moi, il faut arrêter de bavasser et ne voir physiquement les patients qu’en cas de nécessité absolue. J me dit de me calmer, qu’on a tous besoin de faire notre chemin et de s’approprier ces évolutions brutales. Elle a raison.
M rajoute qu’elle me suit parce qu’elle me fait confiance mais qu’on est encore très en décalage avec tout ce qu’elle voit autour d’elle. Notre interne confirme que quand elle discute avec ses potes de promo, tout le monde s’étonne de ce qu’on a déjà mis en place.
Les autres professionnel(le)s de la MSP voient nos réunions et la mise en place des nouvelles mesures d’organisation. L’inquiétude grandit, les visages se ferment.
Le soir, j’ai un moment de doute. Je me demande si c’est moi qui me fait un coup de flippe.
Jeudi 12 mars
1 consultation physique pour 12 téléconsultations. Les collègues s’y mettent progressivement.
On rappelle tous les patients des jours à venir pour annuler ou basculer en télémédecine.
Je découvre l’article « Coronavirus: Why You Must Act Now » (traduit en français 3 jours plus tard) qui est limpide et terrifiant, je le partage autant que je peux.
J’apprends la nouvelle de la mort du Dr Stella, médecin généraliste président du Conseil de l’Ordre des médecins de Lombardie. Mort du coronavirus. J’en parle et plombe un peu plus l’ambiance dans la MSP.
La nouvelle court : cas confirmé dans une usine du village d’à côté. Et probablement chez une institutrice du secteur. On commence vraiment à voir des cas suspects.
Le soir, j’écoute l’allocution présidentielle avec S qui est encore là. Le maintien des élections me rend fou de rage.
Je rappelle mon père, il ne sort plus du tout depuis hier.
Je dors de moins en moins bien.
Vendredi 13 mars
La mairie nous a fait porter un lot de masques FFP2 de l’époque de H5N1 qu’ils ont retrouvé au fond de leurs stocks. Nous décidons d’en conserver la moitié et de distribuer discrètement l’autre moitié à nos patients les plus à risque qui ont des rendez-vous extérieurs impératifs, pour les chimios en particulier.
On acte que ce sera notre dernière réunion d’équipe jusqu’à nouvel ordre : ce n’est plus raisonnable de nous réunir à 20 dans une même pièce. On commence à tous porter des masques. Certains pleurent.
Les orthophonistes, les psychologues et l’ostéo décident de cesser totalement leur activité. Ce sera une grosse perte de revenus pour eux. Comme A et C sont déjà en surchauffe à l’accueil et que ça n’ira qu’en s’aggravant, on prévoit d’affecter les subventions de la SISA à rémunérer celles et ceux qui arrêtent leur métier et qui viendront en renfort à l’accueil et au secrétariat.
Les loyers de toutes celles et ceux qui sont impactés sont gelés, on se démerdera.
Nous décidons d’envoyer un mail aux 400 adresses de patients que nous avons pour leur faire passer les consignes.
On reste tous jusqu’au soir à téléphoner, nous organiser. Chacun fait de son mieux pour prendre sa part du travail.
Fou rire en fin de journée quand un jeune du village se pointe juste pour utiliser nos toilettes. S, qui le connait depuis toujours, l’engueule « Mais tu ne vois pas ce qu’il se passe ici ?! »
Je suis trop fier de partir au combat avec cette équipe.
Samedi 14 mars
Le soir, M et W viennent manger à la maison. M, qui faisait le samedi matin, me raconte qu’elle a vu un patient tousseur qu’elle a contraint à mettre un masque. La pharmacienne lui a dit qu’en arrivant chez elle, il ne l’avait déjà plus. Par contre, quand M est rentrée dans la pharmacie avec son masque, pour déposer ses ordonnances, les gens l’ont fusillée du regard avant de comprendre. Porter un masque c’est être pestiféré, du coup certains malades ne veulent pas les porter, il faut que ça change !
On plaisante des stocks qu’a fait mon mari : 10 kilos de viande au congélateur et 15 plaquettes de chocolat. Mais aucun fruit. Le chocolat, ce n’est pas pour le manger mais pour le revendre si ça tourne mal. M rigole et dit que je lui aurait vidé le stock avant ou alors que la seule personne à qui il pourra le revendre ce sera moi.
Dimanche 15 mars
Le maintien des élections me rend fou. Quand tout ça sera fini, il faudra faire les comptes.
Cet article du Washington Post est limpide sur l’intérêt des différentes mesures pour limiter la progression de l’épidémie.
D nous fait passer cette vidéo de l’Institut Pasteur qui est passionnante pour comprendre le début de l’épidémie et où tous les éléments clés sont là. La seule erreur flagrante c’est le péché d’orgueil d’avoir cru que l’Inde et l’Afrique seraient plus en danger que l’Europe. Putain, elle date du 20 février, il y a 25 jours et on en est encore à se balader au parc ou dans les marchés.
Je vais au grenier, ressortir mes vieilles tenues d’interne que j’avais gardées au cas où.
Depuis 5 ans, on fait repas commun, chacun un jour dans la semaine. On a décidé qu’il fallait arrêter. Dimanche soir, je prépare ma gamelle personnelle, ma tasse et mes couverts de la maison, j’ai envie de pleurer.
Notre fille a un coup de blues. J’ai passé le week-end à la maison et je n’ai presque pas joué avec elle. J’en suis désolé mais je me rends compte que je ne suis pas là, que je n’ai aucune disponibilité intellectuelle, que je ne pense qu’à « ça ». Je ne sais pas comment on va gérer les prochaines semaines. On lui explique que Papa et Papou vont avoir beaucoup de travail pour soigner les gens, qu’on s’occupera probablement moins d’elle mais qu’on l’aime très fort. Je la sers dans mes bras.
Lundi 16 Mars
La MSP est sinistre avec le temps gris. La salle d’attente, qui est généralement pleine le lundi matin, est vide. Les rares patients qui viennent sont pris immédiatement.
J’ai mis ma blouse. Dès que je circule dans les couloirs, je retrouve instinctivement ma posture du bloc opératoire avec les deux mains regroupées sur le sternum. R se fout de moi, il trouve que je ressemble à un charcutier.
Le Collège de la médecine générale met en ligne Coronaclic pour servir d’outil aux généralistes de ville.
On voit de plus en plus de cas suspects. Le laboratoire du coin nous confirme qu’ils n’ont toujours pas les moyens techniques de faire les tests, à commencer par le matériel de protection pour les prélèvements. On leur file deux boites de FFP2 du stock de la mairie.
Avec l’annonce d’un probable confinement, les gens se sont rués dans les magasins. J’en vois aussi une dizaine faire la queue à l’extérieur de la pharmacie, c’est absurde.
On rappelle à A et C que, même salariées, elles restent libres de rester chez elles si elles se sentent en danger. Aucune des deux n’y avaient même pensé, elles veulent rester à la barre.
Dernier jour de notre interne qui est réquisitionnée pour l’hôpital à partir de demain.
Mardi 17 mars
Notre société de nettoyage nous a annoncé hier soir qu’elle arrêtait son activité. Quand j’arrive, c’est la coordinatrice et le sage-femme qui sont en train de vider les poubelles et de nettoyer les bureaux.
Beaucoup de demandes administratives, d’arrêts de travail. On ne discute quasiment rien et on se lâche complètement comme tous les copains de Twitter.
Quand un patient sans facteur de risque particulier nous dit que son employeur l’oblige à venir travailler au contact d’autres collègues et qu’il se sent en danger, on ne sait pas trop quoi faire. On l’invite à dire à son employeur qu’il engage sa responsabilité en cas de contagion et de complication. Parfois ça passe, parfois pas et on se résout à faire un arrêt en râlant. C’est dégueulasse car, au final, ce sont les employeurs les plus cons qui font payer les arrêts par l’Assurance Maladie.
Un patient a des symptômes typiques de COVID-19 depuis 3 jours. Il est rentré la veille de Mulhouse en avion. Il me confirme que, même si l’avion était vide aux deux tiers, il n’était pas le seul à tousser. Je comprends complètement qu’il ait voulu retrouver sa famille mais quel naufrage collectif d’avoir laissé ça se faire.
Globalement, activité extrêmement calme. A 4 médecins, on fait 4 consultations physiques et 30 téléconsultations.
Depuis une semaine, on a ce sentiment très étrange de voir la mer se retirer, le calme se faire, et de savoir que la vague va bientôt arriver.
Les premiers diagnostics probables datant de 5 ou 6 jours on devrait bientôt commencer à avoir des cas graves.
On profite du calme relatif pour continuer à se préparer. A, la coordinatrice est sur tous les fronts. D va chercher les deux ordinateurs portables qu’on avait commandés pour les visites à domicile. S va chercher le dernier thermomètre sans contact disponible dans les pharmacies des environs. J, envoie un mail aux autres médecins du secteur de garde pour recenser les volontaires pour doubler les gardes de soirée et de week-end. Quant à moi, j’en profite pour faire une fiche de suivi pour les patients COVID-19 que je diffuse sur Twitter et aux collègues du coin.
Entre hier et aujourd’hui, A l’orthophoniste et S l’infirmière Asalée ont contacté nos 150 patients de plus de 75 ans pour leur rappeler les consignes, vérifier qu’ils avaient des aidants et lister celles et ceux qui étaient isolés pour les signaler à la Mairie.
C’est con : c’est précisément quand on fait attention à garder nos distances que j’ai le plus envie de serrer mes collègues dans les bras.
Le soir, gros lâchage sur le WhatsApp de la MSP : vidéos et blagues idiotes.
Avant de quitter le cabinet, je prends les lingettes désinfectantes offertes par un podologue du coin qui a fermé et je désinfecte mon iPhone et mes clés. En rentrant à la maison, je me déshabille dans l’entrée, je mets ma blouse dans la machine à laver et je vais prendre une douche.
Mercredi 18 mars
Ça fait 2 semaines que j’ai eu mon déclic et c’était il y a un siècle.
C’est mon jour de repos.
Mon mari est à la maison lui aussi, il me laisse tranquille et s’occupe de notre fille. Je sais qu’il est encore plus angoissé que moi et qu’il prend sur lui. Elle, elle est adorable du haut de ses 5 ans et nous voyons bien qu’elle fait des efforts à hauteur de la situation.
Je passe ma matinée sur Twitter et finis avec la chronique du jour de Christian Lehman dans Libération.
Je bloque sur la conclusion.
Une consoeur du village voisin vient d’être testée positive.
J’ai un noeud dans le ventre. Il faut que je verse ça, que je laisse une trace de ces jours étranges, pour moi et pour les copains. Je décide de reprendre mon blog.