Miettes

Cher confrère de l’hôpital,

Merci de t’être occupé de Michel. A 85 ans, sa situation n’était pas simple et tu es parvenu, au moins temporairement, à le remettre sur pieds.

C’est simplement un peu dommage de lui avoir laissé, une nouvelle fois, un somnifère qu’il n’avait jamais pris jusque là. Entre l’hospitalisation et la convalescence, ça fait cinq semaines qu’il le prend et il est déjà accro : on a essayé de l’enlever et il n’y arrive pas.

Tellement classique mais toujours un peu dommage.

Surtout, je voulais te féliciter. Ou, plus précisément, féliciter tes infirmières pour être particulièrement habiles et précises.

Ce qui n’est pas vraiment le cas de Michel avec ses mauvais yeux et ses gros doigts.

C’est pourquoi, je me dis que ce n’était pas une très bonne idée de l’avoir laissé rentrer avec un nouveau traitement anticoagulant sous la forme de « Minisintrom 3/4 par jour ».

Parce que « Minisintrom 3/4 par jour », ça donne ceci :

Et, ça, pour Michel, c’est juste pas possible.

P.S. Grange Blanche avait déjà évoqué le sujet des comprimés d’AVK il y a quelques années.

18 réflexions sur « Miettes »

  1. ISa

    effectivement, et même pour moi qui viens d’avoir 37 ans, 3/4 cp c’est juste pas possible…
    bravo les hôpitaux…
    et bon courage à vous, Borée, pour accompagner Michel
    c’est toujours un réel plaisir de vous lire 🙂

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  2. Françoise17

    Vive les « théoriticiens »!!!! J’en ai déja rencontré en tant que médecin…. Malheureusement ça fait un peu pfffffhhhhhhhhhhhh

    Car aussi bien ou nulle ou con ou je ne sais pas quoi, nous vivons dans la pratique…….

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  3. docLamarre

    Le drame c’est que des « Michel » je n’en prend plus de « nouveaux, je les refuse, car justement il faut qu’on fasse nous même (l’espèce protégée) le boulot que tous les autres médecins (spé et hospitaliers) ne font plus (ne se donnent plus la peine de faire). La prise en charge des « Michel » est exponentiellement chronophage, au détriment de notre temps à nous, voire à celui d’autres patients (un « Michel » en vaut 10 parfois). Alors félicitations à toi Borée, mais pense à vivre un peu, car le temps perdu ne revient jamais, cela est très vrai pour nous, les soit disant « protégés »…

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  4. Odile

    Pour votre usage de l’Image comme illustration remarquable de chacun de vos propos, je dis bravo – A peine lu , j’ai déjà envoyé votre 3/4 de sintrom° à mes confrères de toutes spécialités: une image,des éclats de sintrom° à coté du crayon , et tout est clair. Votre lucidité m’ éclate -éclate de rire, éclate de compréhension- comme ces bouts de comprimé. Vos pensées sont claires comme une eau de source.

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  5. Odile

    Et voilà déjà la première réponse éclair -de Paris- aux éclats du mini sintrom° : « merci, je vais m’en servir », médecin PH en service de réa à Kremlin Bicètre, spécialisé dans les anti vitamines K. Non, faut pas croire, c’est loin d’être inutile de noter vos impressions…l’hôpital ne demande qu’à apprendre ; surtout avec la justesse de vos images et cette clarté. J’attends les réponses de Montpellier .

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  6. Théobrist

    Borée, c’est très curieux cette hauteur pincée que tu prends pour assener des prêchi-prêcha. Cela me fait toujours penser à Balint et au complexe d’infériorité qu’il relève chez le généraliste face au spécialiste. En vérité, derrière la leçon de bon sens concernant les AVK, on sent nettement la rancoeur. Ça sent la religion et la moraline tout ça. Un patient à domicile vit dans un écosystème différent de l’hôpital. C’est le rôle du généraliste de réaménager l’ordonnance de sortie pour que l’adéquation se fasse. Le généraliste : c’est le spécialiste de la maison. Inversement, l’hospitalier ne se gêne pas pour arrêter les traitements de confort du patient qui pullulent sur son ordonnance d’entrée à l’hôpital. Il n’en fait pas une histoire et ne juge pas. Dans l’écosystème hospitalier, il existe d’autres règles. Certaines sont obsolètes dès la sortie du patient. Et alors ? Que fait le patient dès qu’il rentre chez lui ? Il appelle son généraliste pour remettre le bon traitement et lui donne par la même une occasion d’exercer son droit à dire du mal de ces inhumains d’incompétents de planqués de salariés d’hospitaliers. Rêvons ensemble d’un monde sans hôpital : on verrait bien alors comme les généralistes sont les meilleurs du monde…

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  7. mistral

    Ah les prescriptions de Previscan et les différentes intervenantes auprès de mon père. Pour nous le problème n’était pas de fractionner le comprimé mais est-ce que vous savez que 3/4 n’est pas compris de tout le monde ? Déjà 1/2 j’étais obligée de traduire « la moitié » mais 3/4, comment est-ce qu’on fait 3/4 ? !!! Et expliquer que, lorsque la prescrition est « deux jours 1/2 et le troisième jour 3/4),il ne faut pas vider complètement le pilulier sinon on ne sait plus où on en est.
    Voilà comment, lorsqu’on n’a plus pu avoir de passage d’infirmière, j’ai fait 300 km en train une fois par semaine pour remplir un pilulier !

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  8. Amande

    Ah…les cachets qui partent en miettes, les pipettes qui ne vont pas au fond du flacon (et qui ressemblent à celle de l’autre sirop qui n’a pas du tout le même dosage,grrrr…), les sachets de poudre à diviser en deux ou trois, sans aucune idée de la quantité qu’il reste, les ampoules qui se cassent en mille morceaux (et vous coupent au passage…la galénique a une certaine marge de progrès…

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  9. OL

    A Theobrist :
    Qu’à l’hôpital, vous arrêtiez les médicaments de « confort » (il sera moins confortable ? est ce si bien ?…), globalement j’en suis souvent content : vous faites ce dont on rêve et que l’on ne peut pas toujours faire : c’est du confort… Mais les remarques données par notre blogueur pourraient être évitées avec un peu de bon sens. Souvent dans mes courriers, je précise les conditions de vie du patient. Ce n’est pas gratuit : c’est pour vous aider. En plus il existe une super technologie : le téléphone. Mais à l’hôpital, le déficit important a certainement du obliger la direction a ne prendre des abonnements que pour recevoir des appels… euh ce n’est pas de la rancoeur. Je suis bien content de ne plus y travailler à l’hôpital.

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  10. Borée

    Merci de vos commentaires.

    Ils sont intéressants. Par exemple, j’avoue n’avoir jamais percuté sur le problème de compréhension possible autour de « 3/4 » et le risque de comprendre « 3 ou 4 ».

    Je suis plus habitué au risque de confusion entre « un demi » et « un et demi » mais je ne suis probablement pas toujours assez vigilant.

    Il faudrait certainement préférer les mots « une moitié » et « un et une moitié » moins jolis mais moins ambiguës.

    Du coup, je me dis que je pourrais bien prolonger ce billet sur les petits « trucs » au sujet des AVK.

    @Théobrist

    Je suis désolé que vous ayez pris mon billet de cette manière. Je pensais avoir, justement, mentionné le bon travail fait par les hospitaliers… à l’hôpital.

    En revanche, ce que j’essaie de pointer c’est bien le fait que la plupart des hospitaliers (pas tous), n’a pas suffisamment conscience que la vie des patients à la maison n’est pas exactement la même que celle à l’hôpital et que ça peut mériter des ajustements lors de la sortie et ne pas seulement recopier la prescription en cours lors de l’hospitalisation. Comme le dit OL, ces ajustements pourraient le plus souvent se faire aisément grâce à un petit coup de fil au généraliste.

    Re-équilibrer un traitement par AVK après la sortie de l’hôpital, c’est faisable mais c’est toujours plus compliqué et c’est un peu dommage.

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  11. Jean-François

    Bravo pour votre prise en charge, ancien directeur de maison de retraite je me suis souvent inquiété avec mes soignants des prescriptions de somnifères pour les personnes âgées… Parfois utiles mais souvent prescrits pour cacher les lacunes dans les prises en charge.

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