Post-scriptum : quelques chiffres

On m’a plusieurs fois posé la question pour savoir si le fait d’avoir signé le CAPI avait modifié ma pratique.

Histoire d’alimenter la discussion et les réflexions de chacun, je vous livre ici une bonne part des données statistiques concernant mon CAPI, puisées sur le site de la caisse (je n’ai pas tout mis pour ne pas trop alourdir mais les autres données sont exactement du même ordre).

A noter que la présentation en pourcentage peut-être trompeuse : les statistiques portent souvent sur des pools de patients assez réduits (pas plus de 30 diabétiques par exemple) et un patient en plus ou en moins peut vite donner une impression de changement notable.

A chacun de voir dans quelle mesure la signature du CAPI a constitué un conflit d’intérêts et a influencé mes manières de faire.

Mais je n’ai pas la prétention d’être représentatif de tous les médecins.

Données CAPI

11 réflexions sur « Post-scriptum : quelques chiffres »

  1. Le nuage L

    Si en plus pour espérer avoir la prime il faut vérifier les stats de sa caisse (en faisant sa petite base) et faire des recours.

    Ce sera encore plus difficile s’ils multiplient les items a l’avenir.

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  2. Marie

    Ce qui ressort surtout de ce document c’est que les médecins doivent désormais être de bons statisticiens qui savent lire des beaux graphiques pour pouvoir avoir une prime.

    Beaucoup de paperasse et d’informatique, quel lien avec la nature et ce métier qui devrait être avant tout manuel (palper, sentir, observer…)?

    Bref: flippant.

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    1. Borée Auteur de l’article

      Il vaut mieux, de toute façon, que les médecins actuels s’y connaissent un minimum en matière de statistiques et de graphiques. C’est ce qui leur permet de décrypter les données scientifiques et de ne pas se laisser abuser par les « tripatouilleurs de données ».
      Les bases scientifiques ne font de loin pas tout mais elles sont indispensables : ce qui n’est pas scientifique est difficilement éthique.

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  3. docteurdu16

    Ces chiffres mensuels sont sans intérêt pour une interprétation « statistique ».
    Cela illustre de façon évidente l’inutilité du CAPI : les « bons » selon la CNAM (ce qui me fait hérisser le poil) le resteront, les mauvais itou et les items qui ne peuvent bouger parce qu’ils dépendent de critères extérieurs, de la même façon.
    Je ne « crois » pas à la vaccination anti grippale pour des raisons cochraniennes ; je pense que la mammographie généralisée est une prime aux fabricants de matériel et aux honoraires des radiologues mais surtout un désastre de santé publique ; que le FO chez le diabétique est probablement utile (à une fréquence à définir autrement que par des statistiques ophtalmologiques) mais que la laserification intensive des rétines est le plus souvent non raisonnable ; que la statinification des diabétiques sert surtout aux produits vedettes que sont le tahor et le crestor ; que l’aspirinification des diabétiques dits à haut risque conduira à plus de saignements que d’améliorations cardiovasculaires ; que le dosage répété de l’hbA1C conduit à une surprescription d’antidiabétiques non référencés et dangereux ; etc, etc. Les mauvais selon la CNAM resteront mauvais et les bons itou. Je précise à Borée que, selon mes statistiques personnelles, j’ai 104 diabétiques de type II dans ma patientèle et je publierai bientôt mes chiffres d’hbA1C. Je précise aussi que mon logiciel de prescription (hellodoc) me demande 1850 euro avant le 31 décembre pour actualiser mon logiciel plus 10 euro de plus par mois pour la maintenance.
    Je reste dans la convention mais je lis mes statistiques d’un derrière distrait.
    Bien à toi.

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  4. ha-vinh

    @ Borée et @ Marie du 17 décembre. Tout médecin qui désire soit appliquer des guidelines soit inciter les autres à appliquer des guidelines devrait lire cet article intitulé « Evidence-Based Medicine, Heterogeneity of Treatments Effects, and the Trouble with Averages » ecrit par des chercheurs des services de santé en soins primaires de l’University of California, Los Angeles et cet article intitulé « Assessing and reporting heterogeneity in treatment effects in clinical trials: a proposal » de l’institut de politiques de santé et de recherches cliniques de Boston MA, USA. Le premier article en bas de la page 675 décrit toutes les questions qu’un soignant doit se poser au moment d’appliquer une recommandation. Bonne lecture! J’ai également écrit un post sur le deuxième article ici:
    http://philippehavinh.wordpress.com/2011/12/11/subgroup-analyses/
    Bien confraternellement

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  5. docteurdu16

    @ Marie
    Le choix d’une thérapeutique est statistique. C’est effectivement l’évolution de la médecine fondée sur les faits.
    Les essais cliniques sont fondés sur des groupes de malades.
    Si le produit A est statistiquement supérieur (p<0,05) au produit B sur la maladie M avec des malades de type P, il paraît peu légitime de prescrire le produit B à ce type de malades. Cela s'appelle l'expérience externe.
    Mais il y a encore deux choses à considérer : l'expérience interne du médecin (qui peut considérer que le malade qu'il a en face de lui n'appartient pas au type P ou que, le médicament A ayant échoué, il est possible d'essayer le B et les valeurs et préférences du patient.
    En revanche le pifomètre habituel, à savoir, moi, le grand docteur D, je décide (sous l'influence de Big Pharma) de prescrire le produit C, comme ça, pour faire du bien à mon malade, le produit C qui n'a pas fait statistiquement la preuve de son efficacité, c'est effectivement du grand n'importe quoi.
    Heureusement pour les tenants de la médecine instinctive, nombre de pathologies n'ont pas trouvé leurs médicaments statistiquement efficaces : ils peuvent faire n'importe quoi.
    Mais l'expérience externe, ce ne sont pas seulement les études contrôlées, il y a des tendances.
    Les recommandations de la CNAM sont incantatoires.
    En GB, nombre de critères du CAPI sont abandonnés…

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  6. ha-vinh

    The Department of Veterans Affairs (VA)de Palo Alto et San Francisco en Californie, qui est le régime spécial des anciens combattant Américains a déjà mis en oeuvre le paiement à la performance, les deux articles suivants sont un intéressant retour d’expérience:

    Premier article:
    Garber AM. Evidence-Based Guidelines As a Foundation For Performance Incentives. Health Affairs. 2005 Jan;24(1):174-179. Available from: http://dx.doi.org/10.1377/hlthaff.24.1.174.

    Deuxième article:
    Walter LC, Davidowitz NP, Heineken PA, Covinsky KE. Pitfalls of Converting Practice Guidelines Into Quality Measures. JAMA: The Journal of the American Medical Association. 2004 May;291(20):2466-2470. Available from:http://dx.doi.org/10.1001/jama.291.20.2466.

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  7. zigmund

    concernant le fo des diabétiques c’est extrêmement variable : on nous disait qu’il fallait 10 ans pour qu’un diabète mal équilibré se manifeste au fo
    dans mon expérience, j’ai le regret de constater que les généralistes autour de moi agissent souvent à contre temps : demande de RDV de FO en urgence pour diabète découvert 6 mois avant ou au contraire adressage (tjrs dans l’urgence) pour diabète ancien vierge de tout contrôle oph.
    nous faisons beaucoup moins de lasers mais j’ai l’impression que nous voyons moins de RD graves que pendant mes études.

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