Dans un commentaire du billet « Cher ami hospitalier », Erwan écrivait :
« Je voudrais comprendre pourquoi, sur quelles obscures recommandations, sur quelle étude en double aveugle sur échantillon représentatif, à quelle sourate du coran ils se réfèrent pour faire ressortir tous mes patients traités par IPP et hospitalisés munis d’une ordonnance d’inexium…
Aux chiottes les lanzo, omé et autres panto ! Au pinacle l’ésomé (certains prennent bizarrement la peine de le prescrire en DCI…hypocrisie ?).
Et moi pauvre capiste qui doit repasser derrière pour tout remettre en état et expliquer aux patients mon refus systématique (et antérieur au capi) de prescrire cette molécule.
On me dit que l’hôpital a un contrat avec le labo et que le seul IPP disponible chez eux est celui là.
Certes, je peux comprendre que dans un but louable d’économies, et par un habile mais obscur système d’échanges le pharmacien ait fait ce choix.
Mais pourquoi diable donc les médecins l’entérinent ils ?
Par flemme ?
Non…impossible… » (*)
Comme je l’ai déjà indiqué, il me semble que ce commentaire est en-deça de la réalité. Ce ne sont pas seulement les « patients traités par IPP » qui reviennent avec de l’Inexium, ce sont presque systématiquement TOUS les patients.
L’explication est en fait assez simple et pas si obscure que ça.
Le médicament à l’hôpital ne suit pas du tout les mêmes règles qu’en ville. Depuis 1987, son prix n’est plus réglementé (il existe simplement, depuis 2004, un encadrement pour les traitements « coûteux »). Le pharmacien hospitalier lance des appels d’offres pour acquérir les produits dont il a besoin au niveau de son établissement.
Généralement, il va référencer une, voire deux, substance par classe. Il n’est pas nécessaire d’avoir tous les IEC sous la main mais seulement un ou deux puisqu’ils sont assez largement interchangeables. Idem pour les macrolides, les ARA2 et… les IPP.
Le pharmacien hospitalier lance donc un appel d’offres du type « Qui me fait le meilleur prix pour 1 000 boîtes d’IPP pleine dose ??? »
M. Astrazeneca répond un truc du genre : « 1 000 boîtes ? Pas de problème ! Je vous offre 1 000 boîtes d’Inexium. Non, non, non, ne dites rien, ça me fait plaisir. C’est pour moi. Et puis, c’est Noël ! »
Le pharmacien hospitalier se dit alors quelque chose comme : « 1 000 boîtes gratuites ! Oo Chic alors, la bonne affaire que voilà ! Avec toutes ces économies, je vais peut-être pouvoir payer les trithérapies et les chimios qui me coûtent un max (et qui ne sont pas, elles, interchangeables). »
Le médecin de l’hôpital, lorsqu’il y a besoin d’un IPP note donc « Inexium » puisque c’est le seul qu’il a sous la main et que, en effet, c’est aussi efficace.
Lors de la sortie, c’est bien souvent l’interne qui rédige la prescription et qui va généralement recopier sur l’ordonnance le traitement qui était celui donné durant le séjour :
- Parce que, en effet, ça peut être pénible et compliqué, de retrouver le traitement d’avant et que « c’est pareil ». Le terme de « flemme » qu’utilise Erwan me semble donc juste mais un poil excessif.
- Parce que dans la logique d’un interne (et de beaucoup de médecins généralistes), le traitement donné lors de l’hospitalisation est forcément le meilleur possible, celui qu’on a soigneusement et laborieusement optimisé (et c’est en grande partie vrai) et qu’il est donc parfaitement raisonnable de le poursuivre lors de la sortie.
Comme beaucoup de généralistes n’osent pas modifier un traitement mis au point à l’hôpital par peur (« S’il arrive quelque chose et que j’ai changé le traitement, on me le mettra sur le dos. ») ou par manque de temps/de courage (changer une prescription hospitalière nécessite un vrai travail d’explication et de conviction), ils maintiennent l’Inexium. Pendant des années.
Et M. Astrazeneca, qui est bien plus malin que philanthrope, se dit qu’il a bien eu raison d’offrir ces 1 000 boîtes puisqu’elles vont finalement générer la vente de 10 000 autres boîtes en ville. Payées au prix fort.
Ceci marche aussi, par exemple, en remplaçant « Inexium » par « Coversyl » et « M. Astrazeneca » par « M. Servier ».
Pour moi, le vrai mystère est ailleurs. Je ne comprends pas pourquoi les patients hospitalisés sont presque systématiquement mis sous IPP. J’imagine qu’il doit y avoir une sorte de terreur de « l’ulcère de stress » qui me semble relever plus du loup-garou que d’une démarche scientifiquement validée (si quelqu’un connait des études, je suis preneur).
Alors, oui, c’est vraiment pénible mais il faut reconnaître qu’avec le fonctionnement actuel c’est assez imparable. Il nous reste surtout à espérer que les hospitaliers soient un peu plus vigilants sur la question de l’optimisation des coûts de leurs prescriptions (à qualité égale, autant prendre le moins cher) ce qui n’est pas du tout dans leur culture.
Surtout, ils devraient prendre l’habitude de se poser la question lors des sorties d’hospitalisation : « Bon… ce médicament qu’il avait durant son séjour à l’hôpital, est-il encore nécessaire à domicile ? »
Parce qu’au-delà de l’Inexium, énervant mais sans gravité, ça éviterait aussi quelques conneries avec les somnifères chez les patients âgés. Et, là, c’est vraiment un problème médical.
Quant aux généralistes, ils devraient être un peu plus confiants en eux-même : les prescriptions hospitalières ne sont pas forcément parole d’Evangile et on a le droit de les modifier si on a de bonnes raisons de le faire.
–
bonsoir !
vous citez « quelques conneries avec les somnifères » cela veut dire quels effets ?
bonnes fêtes !
bises !
Incroyable cette productivité ! il écrit plus vite que son ombre…
Je connaissais le mécanisme d’offres au pharmacies de longue date, mais il est bon de le rappeler.
Je vais tout de même remettre une couche sur nos camarades hospitaliers.
Retrouver le traitement antérieur à l’hospitalisation est extrèmement simple et même pas chronophage, le dossier médical du patient contient, au côté des examens biologiques et autres comptes rendus, le courrier d’entrée ( s’il y en a un bien sûr), dans notre hôpital local ( ville de 10 000 ha), il est très facile à retrouver. Dans mon cas ce courrier contient A TOUS LES COUPS le traitement chronique, qui plus ce courrier n’est pas souvent manuscrit ( je me débrouille pour le taper au cabinet et le faxer après mon retour de visite).
Il s’agit donc bel et bien de flemme ou d’agissements coupables pour répondre à des faveurs prodiguées par les sbires du labo.
Bref, il ne faut surtout pas penser que filer gratos des boites d’inexium soit suffisant, il faut que ça soit accompagné d’un travail sur les prescripteurs hospitaliers eux mêmes, qu’ils voient d’un bon oeil cette prescription, qu’elle leur soit sympathique…et elle l’est ! Les délégué(e)s médicaux ont leur entrée dans les services, dans tous les services, ils y prodiguent apéros, bons dîners et autres billets d’avion pour les congrès ou beaux livres de médecine tout neufs pour les internes!
Autant il n’est pas rare de voir des généralistes refuser, comme moi, la visite médicale, autant ce phénomène est marginal en milieu hospitalier.
N’exonérons pas nos camarades hospitaliers de cette responsabilité.
Et tu as mille fois raison de rappeler qu’il est de notre devoir de remettre les ordonnances d’aplomb après la sortie. Elles en sont souvent plus légères et plus digestes.
Il reste néanmoins 20% des coûts de pharmacie de ville qui sont liés directement aux prescriptions hospitalières (source syndicale : Union généraliste)et sur lesquels le généraliste ne peux pas jouer, mais qui lui sont néanmoins imputés quand on parle du coût de la médecine de ville !!!
NB : tout à fait notable également, le fait que les personnes âgées sortent régulièrement avec un hypnotiques parce que la veilleuse a 30 lits et ne peux pas de démultiplier
@ Borée
Je ne vois pas en quoi changer inexium par omeprazole pourrait engager notre responsabilité ou nous mettre en porte-a-faux… Là où c’est plus plus difficile, parfois, et tu en parles, c’est de supprimer une prescription hospitalière…
La mise au point (sic) de l’inexium est une des conséquences néfastes de la générication qui a conduit les « grands » labos à commercialiser des me-too cliniques mais non chimiques afin de continuer à gagner de l’argent.
Je voudrais, à propos des benzodiazépines, dire exactement l’inverse : des patients âgés hospitalisés se voient supprimer leur hypnotique ou leur anxiolytique alors qu’ils sont venus pour autre chose. Là, les hospitaliers ne se privent pas de changer des prescriptions de médecin traitant pour des raisons qui tiennent autant à leur arrogance qu’à leur méconnaissance du patient en tant qu’individu. Ce sont ces mêmes gérontologues qui nous emmerdent avec les benzos et qui prescrivent à tire-larigot deux anticholinestérasiques plus du lyrica à des papies et des mamies qui ont autant un alzheimer que moi…
@ Myriam
Je vois trop souvent des patients sortir de l’hôpital avec des prescriptions de somnifères qu’ils n’avaient pas avant.
Comme le dit Fabinou, donner un somnifère durant l’hospitalisation n’est pas très satisfaisant et probablement pas toujours nécessaire. Mais on peut le comprendre. Par contre, c’est franchement nuisible de le laisser à la sortie. Comme il faut généralement quelques semaines pour développer une accoutumance, lorsque nous revoyons le patient un mois plus tard, il est parfois déjà « accro » et le sevrage est assez compliqué.
@ Erwan
Tu pointes d’autres aspects que je n’ai pas développés et qui sont tout à fait exacts.
J’aurais cependant tendance à être un peu moins dur, au moins pour les internes qui baignent dans une ambiance générale et qui acquièrent des habitudes par simple imbibition, « parce que c’est comme ça qu’on fait ».
C’est ce qui explique largement la place inhabituelle de la fluindione (Previscan) en France. Ou le quasi réflexe « corticothérapie = Solupred » (qui est dégueulasse à boire, alors que l’on a la prednisone équivalente, en comprimés secs). Pour le coup, je ne crois pas qu’il y ait la moindre démarche active des labos pour ces « vieux » produits bon marché, seulement le poids de la tradition.
On peut, certes, s’en détacher en se posant les bonnes questions mais ça nécessite un vrai travail de réflexion qui n’est pas dans la culture des carabins français.
Enfin, je vais continuer à me faire l’avocat du Diable (profitez-en, ce n’est pas tous les jours !) : j’ai déjà vu bien des cas où c’était à l’inverse, l’hôpital qui faisait un salutaire travail de ménage dans des ordonnances monstrueuses de généralistes.
Pour le coup, c’est bien plus une question de compétence et de conscience professionnels qu’une question hôpital/libéral.
@ Fabinou
J’ai déjà vu ces chiffres et ils m’étonnent tout de même. Je soupçonne qu’ils soient largement impactés par quelques médicaments hors de prix qui sont délivrés par les pharmacies hospitalières au titre de la rétrocession.
@docteurdu16
Je suis bien d’accord que de remplacer de l’Inexium par de l’oméprazole ne constituerait pas un risque pour nous. Mais, en discutant avec des confrères, je crois que beaucoup sont quasiment tétanisés par l’idée de changer la moindre prescription hospitalière.
Quant à la question de la générication, elle mériterait un plus long débat, mais je ne peux pas me lasser de rappeler ces chiffres issus de cette étude canadienne : Analyse socio-économique de l’industrie pharmaceutique brevetée 1991-2000 (Ici).
Ok, c’était il y a 10 ans mais ça a certainement empiré plutôt que l’inverse.
Sur cette décennie :
– Taux de rendement exorbitant de 41%
– Frais de marketing et d’administration : 316 mds de dollars
– Bénéfices reversés aux actionnaires : 146 mds de dollars
– Recherche et développement : 113 mds de dollars
Le discours qui consiste à dire que l’industrie pharmaceutique a besoin de faire de gros bénéfices pour pouvoir financer de nouvelles recherches est largement une escroquerie lorsque l’on voit cette ventilation !
Avec de tels bénéfices, la politique des « me-too » n’est pas une nécessité mais une simple stratégie de goinfrerie.
Quousque tandem abutere, Industria, patientia nostra ?
Il n’y a pas que l’hôpital qui surprescrit. Expérience
vécue dans une maternité, dont je suis par ailleurs très
satisfaite, l’accueil était excellent. L’interne entre dans la
chambre en me disant qu’il vient faire mon ordonnance de sortie.
« Je vous mets du paracétamol. » Moi : « Pourquoi ? » « Ben, si vous
avez mal. » « Bof, je n’en ai rien à faire ! » « Bon, alors le
médicament (j’ai oublié le nom) qui coupe le lait. » « Il vaudrait
mieux pas, j’allaite ! » (c’est encore le cas plus d’un an plus
tard). « Ah, alors la pilule. » « Au rythme actuel d’allaitement, ça
me paraît inutile. » « Finalement, il n’y a pas besoin d’ordonnance
? » Il avait l’air tout déçu le pauvre !
@ titite.
Beaucoup de patients qui sortent de l’hôpital se plaignent qu’on ne leur ait rien prescrit…
Une remarque : Ah bon, l’allaitement est un moyen contraceptif ?
Commentaire précédent posté « simultanément » à celui de docteurdu16…
Effectivement, l’allaitement n’est PAS une méthode contraceptive.
Pour le reste, Titite, vous avez raison. La surconsommation médicamenteuse fait partie de « l’exception culturelle française ». C’est un problème global et les patients sont tout aussi coupables que les médecins. A lire cet excellent article paru cette semaine sous la plume d’Elie Arié.
@ Borée
je n’ai pas dit qu’il ne fallait pas borner les bénéfices. Je voulais dire ceci : la générication a rendu la recherche inopérante ; il était peut-être plus facile de contraindre les laboratoires à des baisses de prix autoritaire sur leur molécule, une fois le brevet tombé, de l’ordre de 50 % par exemple ; ils auraient pu continuer à « chercher » dans des indications annexes. Un grand laboratoire mondial est maintenant Teva qui est un labo de génériques : pas de frais, pas d’études…
La marge brute pour un médicament comme inexium (générique trafiqué de Mopral) est de 95 % ! Cela laisse rêveur les marchands de machines à laver ou de téléviseurs.
Bonne année à ce blog et à tous ceux qui le lisent (et à celui qui l’écrit)
Bonne année à tous !
@ Borée je ne suis pas dur avec les internes, je suis dur avec ceux qui font baigner des étudiants malléables dans cette ambiance qui va durablement les influencer. Je suis passé par là et il m’a fallu pas mal de temps pour le comprendre.
Alors oui, suis dur avec les chefs de service.
Le plus drôle étant que les ordonnances dont tu parles, que les hospitaliers doivent alléger, sont souvent prescrites par des médecins qui sont le pur produit de ce système qui ne vise qu’à pousser à la consommation.
Ton billet me plaît beaucoup, puisque je suis interne, en médecine gé, de retour à l’hosto pour quelques temps, et énervée contre les IPP…..
– dans mon hôpital c’est encore mieux, c’est monsieur je-sais-plus-quel-autre-labo qui a offert des boîtes parce qu’on y prescrit Pariet. Ptêtre qu’à l’hosto ça coûte rien mais c’est le plus cher du marché dehors. Perso je rue dans les brancards et refuse de prescrire celui-là, j’ai même expliqué pourquoi à mon chef, du coup il veut bien que je mette omeprazole mais en DCI.
– à l’hôpital, oui tout le monde est terrorisé par l’ulcère de stress, je confirme. Sauf en gériatrie où mes chefs passaient leur temps à virer les IPP, partout ailleurs je les ai vu prescrits larga manu. Pourquoi cette terreur? Gros mystère. Et quand on fait remarquer que les recommandations / les effets secondaires / les interactions / les sous : « ah oui mais tu te rends compte l’ulcère de stress ».
– je me suis rendue compte dans mes premiers stages en cabinet que je voyais probablement autant de gens dépendants à leur IPP que de gens dépendants à leur benzo (et je pèse mes mots avec « dépendant »). IPP pas toujours prescrit en hospitalier loin de là, comme quoi nous aussi on est fautifs. Le travail d’explication nécessaire à toute prescription commence pour moi avec les IPP par « durée limitée, on explique pourquoi ».
Et sinon, bonne année Dr Borée 🙂
Erwan, docteurdu16 & Gélule
Nous sommes bien d’accord sur l’essentiel.
Merci de vos commentaires et merci de vos voeux.
A vous aussi et à tous mes lecteurs une belle et sereine nouvelle année. L’actualité ne nous donne pas des masses de raisons d’être optimistes mais le coeur y est !
Pas grand chose à voir, mais ça vous ennerve pas vous les patients qui sortent sans leur arret de travail car c’est le medecin traitant qui le fera (aprés tout ça fait office de bonne secréataire un medecin traitant, entre le recopiage des ordonnances et les papiers administratifs à remplir…)….
Et bien cher confrère irlandais, il ne te reste plus qu’à créer ton blog et à faire ton premier billet là dessus. 😉
bonjour,
maman (très âgée) est à l’hopital depuis le 1er novembre et on lui a donné dès le début de l’INEXIUM, alors qu’elle n’a absolument pas d’ulcère, ni de reflux gastro-oesophaghien…!
Actuellement, sous perfusion, elle a de l’INEXIUM 40(toujours, j’ai posé des questions mais ils répondent dans le vague, me disant que ce n’est pas obligatoirement pour les ulcères ou reflux). Je connais très bien maman puisqu’elle habitait avec moi depuis 8 ans, elle avait très bonne appétit. Dès le début, elle a eu des nausées, donc perte d’appétit, puis vomissements, puis diarrhées, maintenant elle a un microbe dans les intestins. C’est très difficile à supporter et je suis vraiment impuissante. Est-ce que l’INEXIUM a une autre indication ? merci pour votre réponse.
Bonjour,
Merci de votre témoignage et je comprends vos questionnements.
Comme il est indiqué dans la charte de mon blog, en aucun cas celui-ci ne peut se substituer au contact direct avec un médecin. Il serait bien imprudent de ma part, moi qui ne connais pas le dossier de votre maman, de m’avancer sur son cas précis.
Les indications officielles de l’Inexium sont le reflux gastro-oesophagien, l’ulcère gastro-duodénal et la prévention des ulcères gastriques chez les « patients à risque » qui prennent des antiinflammatoires. Officiellement il n’y a pas d’autre indication.
Il peut y avoir d’autres situations où il n’est pas forcément déraisonnable de prescrire un « IPP », l’Inexium par exemple
Le coup de gueule de ce billet vise un usage probablement trop fréquent et inutilement coûteux. Je ne crois pas non plus que ce produit expose à de grands risques d’effets indésirables même s’ils sont toujours possibles. Par ailleurs, encore une fois, ce que je dis dans ce billet ne peut pas s’appliquer tel que à des cas particuliers.
Je vous adresse toute ma sympathie dans votre situation actuelle.
Borée, mais comment as-tu fait ? la blonde sur la photo est le portrait craché de madame Inexium qui venait nous offrir des petit-dèj à l’internat il y a quelques années !
Hypothèse 1 : Tu la connais
Hypothèse 2 : elles ont toutes la même tête / coiffure / maquillage.
Je privilégie le 2. Et vous ?
Externe depuis une semaine en diabeto, j’ai demandé à mon interne pourquoi un patient (qui avait vraiment besoin d’IPP pour RGO) sortait avec de l’Inexium si c’était le plus cher, est ce que c’est pas mieux de mettre un autre IPP?
Réponse: ah non c’est pas pareil, l’Inexium c’est le plus puissant des IPP et lui il a un pyrosis, il lui faut le plus puissant.
Je suis passé en gastro avant on m’avait bien affirmé que tous les IPP étaient peu ou prou les mêmes.
Moi je dis rien, je classe dans les dossiers les bilans systématiques d’entrée, dont vitesse de sédimentation, iono urinaire et bilan martial, pis je ferme ma gueule.
@Louise
Ton interne a simplement déjà pris le pli de ne plus réfléchir par lui même mais de procéder par imbibition (de son CCA, de son PH, ou de son PU-PH) …. ça prend moins la tête !
Garde le sens critique et apprend de ces expériences quel genre de médecine tu voudras pratiquer et surtout surtout quel genre de médecine tu ne voudras pas pratiquer, car le dérapage peux survenir à n’importe quel moment et manière parfaitement insidieuse …
Garde la tête claire ….
bon cela sort un peu de l’article mais j’aime ces deux blogs (celui ci et ce lien)
http://idedanslaville.canalblog.com/archives/2011/01/06/19710306.html#comments
et comme suis un peu raleuse !! que ça ne se soigne pas bin j’en rajouterai encore cette année !!
Docteurs ou autres soignants, vous faites un metier incroyable car vous etes incroyable de dont, patience et intelligence avec des personnes qui souffrent, délirent … ou autres familles ou amis qui veulent tout savoir par inquiètude, je vous remercie !!!!!
Bonjour,
tout d’abord, bravo pour votre blog que je connais depuis peu et qui me plait beaucoup ! notamment je suis sage femme et peu de généralistes (à ma connaissance)sont aussi au point sur le plan gynéco-obst! C’est pourquoi je tiens à nuancer un commentaire lu plus haut , qui n’a certes rien à voir avec l’inexium , mais dans un souci d’exactitude…: je reviens donc sur « l’allaitement n’est pas un moyen de contraception » , SI ! nuançons toutefois: l’ovulation est de manière certaine bloquée lorsqu’on allaite EXCLUSIVEMENT,et AVEC UN INTERVALLE DE MOINS DE 3H ENTRE LES TETEES JOUR COMME NUIT , ce qui reconnaissons-le ne dure en principe pas bien longtemps, en tous cas on l’espère, les tétées de nuits s’espaçant souvent rapidement à plus de 3h. Donc il parait légitime de ne pas conseiller cette méthode contraceptive aux mamans qui allaitent mais… quand même, la remarque de Titite n’était pas complètement absurde!
Au plaisir de vous lire! Et bonne année!
Anne,
Bien sûr, la remarque de Titite n’était pas absurde.
Cependant, vous conviendrez que les conditions que vous indiquez sont tout de même assez drastiques. Vous écrivez d’ailleurs vous même qu’il ne serait pas très légitime de proposer l’allaitement comme une méthode de contraception.
Lorsque j’écris « l’allaitement n’est PAS un moyen de contraception », c’est un raccourci. Il aurait été, en effet, plus exact d’écrire « l’allaitement ne peut pas être considéré comme un moyen de contraception suffisamment fiable pour une femme qui ne désirerait pas de nouvelle grossesse à ce moment là ».
« L’allaitement n’est pas une méthode contraceptive ». Que si, Docteurs. Sous certaines conditions bien précises. On appelle ça MAMA, pour Méthode de l’Allaitement Maternel et de l’Aménorrhée, ou LAM, pour la version anglaise, « Lactation Amenorrhea Method » (Les Belges utilisent le terme LAM).
Je résume les conditions: enfant allaité exclusivement (pas d’eau, pas de bib, pas de tétine…), de moins de six mois, avec tétées espacées de moins de 6 heures la nuit et de moins de 4h le jour, mère n’ayant pas encore eu de retour de couches.
Dans ces conditions, l’allaitement fait barrage à la conception aussi sûrement que la pilule, soit 98% de taux de réussite environ (sans les saloperies chimiques).
Au-delà de six mois, l’efficacité diminue petit à petit, idem avec l’introduction d’autres aliments et/ou la raréfaction des tétées.
Bien évidemment, le RdC signale le retour effectif (deux semaines avant ou quelques semaines après) de la fertilité…
Chez les mères allaitantes au long cours, le RdC survient pour info en moyenne aux 18 mois de l’enfant. C’est une moyenne, donc, oui, IL Y EN A qui allaitent exclusivement à la demande etc. et ont leur RdC à 2 mois, alors que j’ai eu les miens à 23 mois et 21 mois respectivement (la bonne vieille différence entre expérience personnelle et épidémiologie).
Bref, OUI, l’allaitement sans précaution particulière espace naturellement les naissances en maintenant la mère en état d’aménorrhée prolongé, et RE-OUI, pendant les six premiers mois, c’est même une contraception à part entière, dans les conditions citées plus haut.
Infos ici, par exemple (j’espère que le lien passera):
[url]http://www.lllfrance.org/Dossiers-de-l-allaitement/DA-60-Allaitement-et-regulation-des-naissances.html?q=mama[/url]
Bien cordialement, en attendant le plaisir de lire le prochain billet.
Bon, j’avais fait un long message détaillé, qui n’est apparemment pas passé, je retente en bref/ la MAMA (méthode d’allaitement maternel et d’aménorrheé), LAM en anglais (Lactation amenorrhea method) est tout aussi fiable que la pilule (98% environ) dans les conditions suivantes: enfant de moins de six mois, allaitement exclusif (ni eau ni autre aliment), tétées espacées de 4h maxi le jour et 6h maxi la nuit (et pas 3h), pas de retour de couches chez la mère.
Au-delà de 6 mois, le taux de fiabilité baisse peu à peu. Reste que les mères allaitantes au long cours ont en moyenne (épidémiologie, donc, oui, il y a des exceptions, dans les deux sens, des RdC à 2 mois et d’autres à 30) leur RdC aux 18 mois de l’enfant.
Pour moi, affirmer « on ne peut pas compter sur l’allaitement, prenez donc la pilule » à une mère qui sort de la maternité avec son bébé allaité est une aberration, un raccourci pratique pour incompétent pressé qui trouve plus simple de faire une ordonnance type que de passer 1h à s’informer et ensuite 10 mn à informer la patiente du fonctionnement de son corps… Malheureusement le quotidien pour beaucoup.
Plus d’infos là : http://www.lllfrance.org/Dossiers-de-l-allaitement/DA-60-Allaitement-et-regulation-des-naissances.html?q=mama
Au plaisir de vous lire.
Edit de Borée : le précédent message était effectivement passé à la moulinette du filtre à spams… Je l’ai validé.
J’oubliais de préciser (pardon pour l’esprit d’escalier) que OUI, la pilule, même uniquement progestative, entraîne fréquemment une baisse de la lactation qui peut suffire à mettre en péril un allaitement pas encore « en marche de croisière ». Et donc, même si on n’est pas opposé à la pilule en soi (autre question), la refiler à une accouchée qui allaite est une grosse ânerie.
Autres détails ici, http://www.lllfrance.org/L-allaitement-au-fil-du-temps/Contraception-Fertilite-pendant-l-allaitement.html.
Et bien sûr chez le Dr Jack Newman (son site et ses bouquins).
Merci Viobi de ces précisions.
Mes remarques précédentes étaient en effet peut-être trop lapidaires.
Toutefois, le document que vous indiquez en référence précise lui-même : « Toutefois, dans les pays occidentaux, les professionnels de santé considèrent le plus souvent ce mode de régulation des naissances comme inefficace, à juste titre dans un certain sens. En effet, la pratique d’allaitement de la plupart des Occidentales n’a pas grand chose à voir avec la pratique traditionnelle d’allaitement. »
Donc, vous avez parfaitement raison d’insister sur la nécessité de correctement informer les femmes sur cette possibilité. Mais je persiste à croire qu’avant de proposer cette méthode, il convient de s’assurer que la femme a les moyens d’en comprendre les exigences et les limites et qu’il ne s’agit probablement pas d’une très bonne méthode pour une femme qui ne souhaiterait vraiment, absolument, pas de nouvelle grossesse à ce moment-là de sa vie.
« Il convient de s’assurer que la femme a les moyens d’en comprendre les exigences »… euh, oui, comme de tout « traitement », non? :o) Et avant de lui proposer la pilule, il conviendrait aussi de s’assurer qu’elle a bien compris qu’elle risque une baisse de lactation qui peut aller jusqu’à anéantir son allaitement, non? On retombe sur la problématique que vous connaissez bien du « le toubib a-t-il le temps de s’occuper de ses patients? », temps de formation continue inclus…
Et il y a (de plus en plus) d’Occidentales qui allaitent dans les conditions de MAMA, et même bien au-delà des six mois à partir desquels on voit l’efficacité de la chose commencer à baisser.
Quant à ce que « dans les pays occidentaux, les professionnels de santé considèrent le plus souvent », en matière d’allaitement, il y a matière à quelques volumes, hélas. On a commencé (je suis éditrice), mais il y a vraiment du pain sur la planche… Allez, je ne résiste pas, petite liste des mythes entourant l’allaitement, gentiment compilée par ce cher Dr Jack, en anglais.
http://www.nbci.ca/index.php?option=com_content&view=article&id=27:myths-of-breastfeeding&catid=5:information&Itemid=17
Excellente fin de journée.
Je ne m’exprime peut-être pas très bien sur ce coup là mais je pense que nous ne sommes probablement pas loin d’être d’accord. Surtout que, normalement, en matière de gynéco et d’allaitement, je ne suis pas trop, trop nul.
Vos précisions et références étaient les bienvenues, merci. 🙂
Et oui l’Inexium gratuit à l’hôpital… Il n’y a qu’un seul stage hospitalier où je suis passée, où mon chef cardiologue :
– réfléchissait avant de mettre de l’inexium pour chaque patient
– nous faisait recopier les ordonnances à la main, avec l’ordonnance de ville du patient sous le nez
– en nous disant d’écrire en DCI, et de ne pas mettre Inexium qui était un des plus cher en ville
– et en nous faisant mettre uniquement les traitements qui pouvaient être en lien avec l’ALD dans la case correspondante…
C’est le seul médecin hospitalier que j’ai vu agir de la sorte, et j’ai essayé d’appliquer dans les stages suivants, mais c’est si facile de sortir directement le traitement informatisé…
Je découvre ce blog très intéressant. Je suis médecin en réanimation et pourtant je retrouve tout une série de problèmes et de sujets communs ( notamment le respect de l’intimité et des souhaits du patient, les prescriptions et leurs motivations, etc…). Pour ce qui nous concerne dans notre service, nous avons complètement stoppé les visites médicales. Elles devenaient insupportables. De toutes façons nous étions assez peu sollicités par les labos, sûrement que nous ne sommes pas une spécialité « rentable » (de « vieux » médicaments de base, une pharmacie très allégée, les progrès de la réa liés essentiellement à une amélioration globale et pluridisciplinaire de la qualité des soins et des techniques : diminuer plus vite le niveau de soin, réduire le spectre des antibiotiques…toute une théorie de la décroissance !!!) ! Et les IPP ne sont prescrits que pour certains patients ayant une conjonction de facteurs de risques très précis (et pourtant on pourrait dire qu’ils sont tous stressés !). Mais c’est vrai que nous sommes souvent effarés de la longueur des ordonnances des patients à l’admission, avec des traitements au bénéfice clairement non démontrés, inutiles voire dangereux, surtout avec tant d’interactions possibles. Donc souvent on essaie de faire le tri pour la durée du séjour et pour la sortie (mais ce n’est pas au domicile, c’est sûr), de façon raisonnée, et on l’apprend à nos internes (qui je suis d’accord sont bien vite formatés). On appelle souvent les médecins traitants de nos patients pour les tenir au courant et surtout pour avoir des renseignements les concernant, mais peut-être pas assez à leur avis s’ils trouvent que l’on a mis le bazar dans leurs traitements !…Je n’ai pas encore tout lu ici, mais je le ferai, car l’état d’esprit de l’auteur et des commentaires me plaisent bien ! Continuez donc…
parole d’infirmière: l’inexium est le premier médicament que l’on retient on le croise tellement .Me suis toujours demandé s’il était vraiment utile.
un jour on m’a répondu:au cas ou…
boaf, on peut en mettre des tas d’autres des médicaments au cas où… m’enfin je sais pas si vous avez déjà essayé de piler ou de faire fondre un inexium, mais c’est pas le truc le plus drôle du monde. et c’est pas le plus petit cachet du monde a avaler.