J’ai beau exercer au milieu de rien, j’ai une patientèle très internationale qui vient des cinq continents.
Bon, ce n’est certainement pas non plus les mêmes nationalités que dans une ZUP : mon seul patient « africain » est un Kenyan… blanc.
Et mon seul patient noir est américain : Marvin.
Je l’ai revu hier à son retour des States où il avait passé quatre mois pour régler des affaires. Il venait faire renouveler son traitement pour la prostate.
Pendant son absence, son épouse était passée me demander une ordonnance pour acheter le médicament ici et le lui envoyer par la poste parce que, là-bas, « It’s much more expensive. ».
« Beaucoup plus cher » ? Mmmouais… j’avais fait l’ordonnance en me demandant s’ils n’allaient pas payer davantage pour l’affranchissement.
Marvin m’a donc raconté hier que la boite mensuelle de Tamsulosine qu’il paye 14 € ici, il l’avait trouvée aux Etats-Unis à… 467 $.
QUATRE CENT SOIXANTE SEPT putains de dollars pour un mois de traitement d’un médicament même pas vital !!!
Je lui ai demandé de m’écrire le chiffre tellement je pensais ne pas bien comprendre.
Il m’a aussi raconté qu’il y a quelques années il avait fait une colique néphrétique. Quatre heures d’hospitalisation. Facture : 8 000 dollars ! La dernière qu’il a faite ici, ça lui a coûté 22 € pour moi, une quarantaine pour l’échographie et une quinzaine pour les médicaments. Tout ça remboursé par le Sécu.
Et il a fini avec un de ses frères qui est décédé il y a quelques années faute d’avoir pu payer sa chimio.
Je savais que de plus en plus d’Etats-uniens allaient acheter leurs médicaments sur le net ou au Canada. J’avais vu l’indispensable « Sicko » de Michael Moore. Mais quand même…
Des différences tellement énormes, je n’arrive pas à ne pas m’en étonner.
Les masses de fric concernées, les lobbies jouant à fond, la puissance des firmes que cela affecte, voilà les montagnes qu’Obama essaie de faire bouger.
En attendant, on comprend mieux l’importance de Dieu dans la culture états-unienne.
Car confier leur santé à la divine Providence, c’est bien la seule chose qui leur soit gratuite.
bonjour ces énormités du système de santé US ne sont pas connues sont tellement folles qu’on a du mal à y croire. et sans doute ce n’est pas dans l' »air du temps » de « cracher dans la soupe libérale » (descendons la sécu et son vilain déficit pour passer aux bonnes mutuelles saines financièrement)
une blog amie US racontait que pour soigner son asthme + un antibio (surinfection) elle devait débourser 400$ je regrette de ne pas lui avoir proposé de lui envoyer les médicaments en échantillons…même avec le port ça lui revient moins cher.
je découvre votre blog à partir de celui de la dresseuse d’ours je reviendrai (dès que j’en aurai fini avec un controle urssaf)
Il serait bon de ne pas oublier que la « sécu » a néanmoins un coût, et que ce que l’on ne paye pas lors de l’opération, on le paye en impôts divers et variés.
Certes, la sécu a un coût. Par contre, son budget est séparé de celui de l’état et il n’y a normalement pas de transfert de l’un à l’autre (en-dehors des transferts visant à compenser les exonérations de charges sociales et qui sont d’ailleurs imparfaitement reversés).
Reste quelques taxes comme celles sur le tabac mais l’essentiel du budget est bien constitué par les cotisations sociales.
Alors, si les Français ne se rendent pas toujours compte de ce que coûte vraiment leur santé (de l’ordre de 2 400 euros par Français et par an), je ne crois pas non plus que les coûts étatsuniens reflètent le « juste prix » car ils rémunèrent aussi très largement ceux qui vivent autour du système (actionnaires des firmes et des assurances, avocats, …).
Ce que l’on peut constater aussi, c’est que le coût de la santé par habitant varie énormément d’un pays occidental à un autre (4 700 € / an aux USA ; 1 600 € en Espagne). Par contre, ces différences ne sont quasiment pas corrélées aux indicateurs de santé.
Autrement dit, dans certains pays, « il n’y a pas mieux mais c’est plus cher ».
Merci pour ces précisions bienvenues sur le mode de fonctionnement de la sécu.
Je dois bien avouer ne pas trop être au fait en ce qui concerne le financement du système français, étant étudiant dans un pays ou les citoyens « avisés » gardent un pécule pour payer une éventuelle et malvenue hospitalisation, hospitalisation durant laquelle ils auraient à graisser les pattes des médecins, infirmières, femmes de chambre, mais aussi à payer leur médication cash, sans espoir aucun de remboursement pour peu qu’ils ne soient pas les heureux bénéficiaires d’une assurance payé par leurs petits sous, ou par leurs entreprises.
Et cela n’est sûrement pas le point le plus choquant du système médical de ce petit pays d’Europe dans lequel je vis, aux confins orientaux de l’union européenne.