Les commentaires du précédent billet sont vraiment passionnants et instructifs.
Docteurdu16 a publié un commentaire dans lequel il citait un article paru dans le BMJ (pour les non-initiés, le BMJ est l’une des trois principales revues médicales de référence sur le plan international). Cet article aborde la question d’examens pratiqués en routine en gynécologie et, en particulier, la question du toucher vaginal.
Plutôt que de laisser la discussion se développer dans les commentaires du billet sur la « position anglaise », il m’a semblé nécessaire de faire ce billet à part.
Je recopie donc ci-dessous le commentaire de Docteurdu16 avec, pour que tout le monde en profite, la traduction française de la référence citée. J’y joins aussi le commentaire que ‘S’ (mon « formateur ») a laissé à la suite.
Merci à eux deux.
***
Docteurdu16
Bon, voici un article de Des Spence dans le BMJ qui n’est pas tout à fait adapté au post de Borée, mais qui est adapté à la bad medicine, et au toucher vaginal. En anglais, malheureusement.
Pour ceux qui sont abonnés, ils trouveront le texte et des commentaires ici : http://www.bmj.com/content/342/bmj.d1342.full
Je n’ai pas le droit mais voici :
Mon ami me fixa anxieusement. Le professeur était cramoisi, les veines de son cou étaient saillantes, le visage de la colère. Bizarre qu’un simple mot comme « pourquoi » puisse provoquer une telle réaction allergique. Mais « pourquoi » est le mot le plus important en médecine.
Et, donc : pourquoi les médecins font-ils habituellement des touchers vaginaux et des examens au spéculum ? J’ai cherché les flèches dorées des sites de recommandations afin de me guider mais je me suis retrouvé à fouiller dans les poubelles de l’internet.
Concernant le toucher vaginal.
Il peut permettre de repérer des masses pelviennes mais quels sont les risques d’erreur ? Pour les patientes de gynécologie examinées durant une anesthésie générale, un tiers des masses n’a pas été détecté et les erreurs étaient encore plus importantes concernant les anomalies des annexes. Si nous extrapolons ces conclusions à une population consciente et avec une faible prévalence de pathologies, alors le risque de faux-positifs et de faux-négatifs est si élevé que ce n’est pas acceptable et qu’il rend le toucher vaginal pratiquement inutile comme examen de dépistage.
Le toucher vaginal est également sensé repérer les « irritations cervicales », un symptôme traditionnel des pathologies pelviennes inflammatoires. Mais l’irritation cervicale est tellement aspécifique qu’elle n’a aucune valeur de dépistage.
C’est pourquoi dans les pays riches, le toucher vaginal n’a aucune place dans les soins de première ligne. Les femmes doivent plutôt bénéficier rapidement d’examens fiables tels qu’une échographie. (De fait, les technologies modernes permettent de convertir un smartphone en échographe basique, c’est pourquoi on ferait mieux d’apprendre les techniques d’échographie à nos étudiants.)
Toute femme présentant des signes d’irritation pelvienne devrait donc pouvoir bénéficier de techniques fiables et sensibles.
Concernant l’examen au speculum.
Cet examen a clairement sa place lorsqu’il s’agit d’examiner le col de l’utérus ou de retirer un tampon coincé. Mais l’examen au speculum est couramment pratiqué pour de simples problèmes de pertes vaginales alors que les faits nous indiquent que ce n’est pas nécessaire. La plupart des pertes sont physiologiques et les patientes doivent simplement être rassurées. Par ailleurs, les infections vaginales banales, bactériennes ou candidosiques, rentrent souvent dans l’ordre spontanément mais ont tendance à récidiver, c’est pourquoi un simple traitement empirique paraît raisonnable.
Si un diagnostic de certitude paraît nécessaire, alors un auto-prélèvement par écouvillon semble une alternative logique au prélèvement obtenu au speculum. Concernant les chlamydiae et le gonocoque, les techniques indirectes, largement répandues, sont plus sensibles que la traditionnelle culture du prélèvement endocervical, en particulier en soin primaire. C’est pourquoi les examens nécessaires devant des pertes vaginales, sans douleur pelvienne, ne nécessitent pas d’examen au speculum. Ceci serait beaucoup plus acceptable pour les patientes et beaucoup plus simple pour le médecin.
Pourquoi continuer à pratiquer ces examens invasifs, non scientifiques, désagréables et illogiques ?
Il est temps de reconnaître que ces examens de routine en gynécologie sont de la mauvaise médecine.
***
S
Enfin, le sujet vraiment tabou est abordé.
J’avais prévu d’aborder le sujet du “toucher vaginal” très prochainement, et je ne peux que sauter sur l’occasion : cet examen a disparu de ma pratique depuis de nombreuses années, d’abord parce qu’il me dérange, comme le “toucher rectal” d’ailleurs qui devrait être systématique d’après mes cours, et surtout il ne m’apporte aucune information utile comme gynécologue.
Les très rares indications que je conserve se retrouvent en salle de travail pour le diagnostic de ce dernier et son évolution.
Et encore, travaillant avec des sages-femmes en première ligne, je fais confiance à leur expertise puisque c’est un geste qu’elles pratiquent régulièrement, au contraire de moi.
Ces dix dernières années, aucune, je dis bien aucune, faute de non-diagnostic n’est revenue à mes oreilles (et je vous promets qu’on ne m’aurait pas fait de cadeaux parmi mes confrères en cas contraire…).
Osons revisiter nos certitudes en nous appuyant sur la rigueur scientifique, point central de notre fonction de soignant, générant par là l’espace de confiance indispensable au soigné.
même pendant la grossesse… personnellement, je ne le fais que si la femme me décrit des contractions… et encore… il n’a jamais été prouvé que le tv systématique prévenait des accouchements prématurés…
J’ai juste envie de dire merci. Pour la documentation, pour le sujet abordé, pour les femmes.
De ma pratique d’interne de MG en gynéco, je suis globalement d’accord, mais je rajouterais pour l’intérêt de l’examen au spéculum la quantité des métrorragie lors du 1er trimestre de grossesse et parfois l’extraction à la languette des fausse-couche coincées dans le col à visée thérapeutique. Entre deux interrogatoires identiques, celles qui ont beaucoup de caillots et un saignement du col très actif resteront dans nos lits…
En MG, j’attends de voir en cabinet 😉
Mais tu poses comment les DIU sans speculum ? là ça m’échappe !
J’ai surtout publié ce billet pour la question du toucher vaginal.
Bien évidemment, l’examen au speculum a des indications (ce que dit d’ailleurs l’article du BMJ) et en particulier dans le cadre d’un service hospitalier. Et, bien entendu, il reste nécessaire pour faire un frottis ou poser un DIU. Mais si on peut éviter les examens inutiles, c’est déjà ça de pris.
Bonjour Borée,
Je n’ai pas réalisé de toucher vaginal depuis 10 ans, faute d’indication (je ne pose pas de stérilets et je réalise pas les frottis). Idem pour le toucher rectal, sauf pour les hommes qui me le réclament ou en cas de pathologie rectale.
C’est en effet une vieille routine qui ne repose sur rien de solide.
Et moi j’ai appris qu’on pouvait faire des échographies avec un portable…
Concernant le toucher vaginal d’un point de vue médical, je n’ai aucun avis 🙂
le TV est tellement dans la pratique française que quand je suis une patiente pour sa grossesse,je lui explique dès le 1er RDV que je ne lui en ferai pas,et que si tout se déroule normalement,elle ne devrait en avoir que pour son travail.
Pareil chez l’adolescente (en général amenée par sa mère) pour la 1ère consultation de gynécologie (qui est en fait une consultation pour la contraception) j’explique d’emblée qu’il n’y aura pas de TV. (au grand soulagement de l’ado et à la grande surprise de la mère ! )
Les échographies sur smartphones c’est pas encore pour demain (et surtout à quel prix ?).
En médecine générale, il n’y a certainement pas besoin d’en faire souvent des TV, sauf si on conserve une activité gynécologie importante. Peut être que les gynécologues peuvent s’en passer au profit d’une écho endovaginale (ce qui niveau inconfort des patientes est pareil, il ne faut pas se leurrer).
Après, je crois que ça arrange beaucoup de monde, et peut être en 1er le praticien, qui va plus vite, donc voit plus de monde, n’a pas à « dédramatiser » la situation d’un toucher pelvien, engage moins sa responsabilité, puisqu’il peut en cas de doute passer d’autant plus le relai à un spécialiste.
Peut être que dans notre société actuelle c’est devenu tellement gênant comme geste d’accéder à une zone sexuelle, qu’il faut évoluer et ne plus en faire du tout.
Je terminerai en disant que les femmes âgées vivent moins les examens « invasifs » (attention à ce qu’on dit, ce n’est pas non plus une invasion, ou un risque de blessure iatrogène) comme une atteinte à l’intégrité de leur corps et n’ont quasiment jamais été gênées ou choquées par un toucher pelvien diagnostic « par excès ». Et que des fois ça renseigne quand même.
Comme beaucoup de choses en médecine, pas de systématique, ni dans un sens ni dans l’autre.
J’ai une amie australienne qui a vécu le début de sa première grossesse (5 mois) en Australie et la fin en France. Elle a été abasourdie par le nombre d’examens internes pro/imposés en France… En Australie, sauf problème, ça ne se fait pas avant le début de l’accouchement.
j’avais lu il y qq années une étude « TV versus pas de TV » dans le suivi de la grossesse qui montrait que le TV n’avait aucun intérêt dans la prévention des accouchements prématurés.
Petite flemme ce soir de rechercher la référence, cela parle à quelqu’un ?
je n’ ai pas non plus fait de TV depuis x années , inutile ,à part au moment de l’ accouchement . Y en a plein de choses comme ça qui ont la peau dure dans nos exercices . Amicalement YJ
Je vais me faire l’avocat du diable, mais dans ma formation, quelques mois en gynécologie (7 au total), et de nombreux TV plus tard, je comprends bien les arguments évoquées ici, mais combien de lésions du col peut-on détecter juste avec 2 doigts, sur des patients dont le suivi et les frottis ne sont pas faisables (souvent par manque d’observance), combien de douleurs abdominales peut-on localiser plus facilement, et qu’on ne vienne pas me dire qu’il faille faire une échographie à chaque douleur abdominale, merci le surcoût et l’abus d’examens souvent inutiles (bien que non invasifs, je le conçois)
Bref, il est possible que les indications soient à revoir, mais dire que ces examens sont inutiles est une hérésie, de même, comparer la médecine Française à une médecine étrangère (pour la remarque d’Anna) où les pratiques sont différentes, pourquoi pas, mais sont-ils meilleurs que nous sur la prévention des complications gynéco-obstétricales ?
Bien d’accord pour le TV!
Il existe exactement la même chose pour la palpation des seins chez la femme jeune, j’avais trouvé, faudra que je recherche ou… En gros: peu de chance de détecter quelque chose de malin, mais beaucoup d’inquiétude chez les patientes. Mieux vaut faire echo et mammo ou ici, écho pelvienne. Contente que mon raisonnement basique soit appuyé par des publis (j’aime pas le niveau de preuve « moi »)
Cela dit quand j’avais exposé ça à mes confrère la réponse avait été: mais si on fait plus de palpation des seins qu’est ce qu’on va faire???? Idem pour le tv j’imagine! Bah moi, mes consults elles durent toujours aussi longtemps ^^
Justement ça laisse de la place pour le reste (oubli de pilule, vécu de la sexualité, questions diverses… on trouve!)
Ah si tient l’autre jour j’ai fait un Tv en garde… 🙂 mais justifié je te rassure 😀
@DrMickey et Thoracotomie
Désolé de me moquer un peu pour vos premiers commentaires sur mon blog…
« Dire que ces examens sont inutiles est une hérésie. » Quelle magnifique formule pour illustrer que nous sommes dans le domaine du dogme !
Vous parlez de la détection de cancers du col au TV mais vous savez très bien que ce n’est pas la technique de référence pour ceci. Un cancer du col palpable, c’est déjà un cancer avancé et nous sommes très loin des standards des recommandations. Mais, admettons que nous ayons affaire à une patiente qui n’ait eu aucun suivi régulier, alors ce qu’il conviendrait de faire, ce serait éventuellement un examen au speculum. Et si ceci n’est pas faisable, c’est que nous sommes dans des conditions de quasi-brousse et alors le raisonnement développé dans ce billet n’a plus de sens puisqu’il se place dans le contexte occidental habituel.
Quant à la localisation d’une douleur abdominale : so what ? Le TV reste une technique trop imprécise et opérateur-dépendant et elle ne peut donc apporter aucun diagnostic de certitude. Donc, ou bien on a affaire à un tableau inquiétant et, de toute manière, il faudra des examens complémentaires fiables (échographie, biologie, scanner…), ou bien le tableau n’est globalement pas inquiétant et un traitement symptomatique et une simple surveillance suffisent.
« Des fois ça renseigne quand même » n’est pas un argument très scientifique (cf. le billet sur le « bilan général » et ses commentaires) : on a fini, heureusement, par abandonner la radiographie du thorax systématique pour tout passage aux Urgences même si, en effet, « des fois ça renseignait quand même ».
Encore une fois, la question qu’il faut se poser en médecine dès que l’on envisage un examen complémentaire (technique ou clinique) est bien « Qu’est-ce que ça va m’apporter ? En quoi est-ce que les résultats vont changer la prise en charge ? » Si la réponse est que ça ne change rien (« De toute façon le tableau est suspect et je vais demander une écho. »), alors cet examen est inutile. Et c’est d’autant plus vrai que l’on parle d’examens compliqués et/ou douloureux et/ou chers et/ou désagréables.
Certes, au-delà de ce que dit ‘S’, une éventuelle échographie endovaginale est tout aussi intrusive mais, au moins, elle a pour elle d’apporter des renseignements précis et fiables qui peuvent modifier la prise en charge.
Thoracotomie, ne vous inquiétez pas de trop : faisant des frottis et posant des DIU, je n’ai pas spécialement de problème avec « ça » même si je le fais à chaque fois en ayant bien conscience d’effectuer un geste assez déplaisant.
Dernier point : l’exemple d’Anna était au contraire très bien choisi : la mortalité maternelle est deux fois plus faible en Australie qu’en France (qui, au sein des pays développés n’a vraiment pas à pavoiser sur le sujet).
@Yalcin et Thoracotomie
J’ai également découvert cette nouvelle possibilité d’échographie sur des smartphones ! Nous n’en sommes qu’au début, aux USA et c’est encore cher mais je prends le pari que cette technologie se banalisera largement dans les prochaines années.
L’analyse de l’article du BMJ me semble donc pertinente : il serait certainement plus intéressant d’apprendre à tous les carabins d’aujourd’hui les bases de l’échographie plutôt que l’art du TV !
@DrTwingoJaune
Ah ! Vous m’avez grillé ! Je pensais précisément continuer prochainement la série de « combattons les vieilles habitudes gynécologiques inutiles » en abordant la question de la palpation des seins !
Le toucher vaginal n’a pas à être remplacé par une écho endo-vaginale, qui est un examen tout aussi intrusif. L’examen recommandé en cas de suspicion de pathologies annexielles reste l’échographie pelvienne, vessie pleine, du fait de leurs localisations haut situées. L’utilisation actuelle de l’échographie endo-vaginale qui tend à remplacer le TV n’est qu’une dérive qui légitime l’intrusion non justifiée dans le corps des femmes. On ne fait que reproduire une relation de domination… (comme le viol conjugal par exemple).
Par ailleurs, dans les recommandations de l’HAS concernant le suivi de grossesse et datant de 2007, la notion de TV systématique a disparu car les valeurs prédictives positive et négative de cet examen, en routine, sont très faibles.
Concernant les personnes âgées qui accepteraient plus facilement ce type d’examens, c’est plutôt une habitude ancrée de longue date : « on a toujours fait comme ça… ».
Je reste toujours étonné, quand je propose une échographie à une patiente, de son comportement qui consiste à commencer à se déshabiller, … alors que je ne lui ai pas demandé. Formatage quand tu nous tient!!!
pour ce qui est de l’inconfort de la patiente entre un tv et une écho endovaginale… pour avoir subi les 2, je préfère encore l’écho endovaginale…
tiens, d’ailleurs, puisque tu parles de tv systématiques… la sage-femme libérale du coin voit en prépa les patientes que nous voyons en consult. et elle m’a dit en riant que beaucoup de femmes se plaignaient que je ne les examinais pas sytématiquement… comme je suis jeune et que je fais très jeune, elles croyaient que je ne savais pas faire! heureusement, ma collègue les a rassurées… mais tout ça pour dire que les patient(e)s sont sacrément formaté(e)s…
Tu tiens là une raison bien moins avouable mais qui expliquerait mieux la coriacité de certaines pratiques… Je pense que malheureusement, ça et le « mais si on fait pas de TV ni de palpation des seins, on fait quoi alors ? » surpassent tous les motifs médicaux rationnels… et seront donc aussi beaucoup plus longs et difficiles à réfuter.
Heureuse de constater des médecins ouverts d’esprit (mais où êtes-vous donc dans la vraie vie, je désespère de croiser votre chemin)!
Quand je vois les hollandaises qui peuvent à la base accoucher chez elle avec un réseau de sages-femmes et de médecins prêts à intervenir, on parait vraiment archaïques à côté. Quant au TV, pour beaucoup de femmes, il s’apparente plus à une perversion qu’une nécessité. A l’opposé, l’écho endovaginal comme cela a été dit, est une technologie qui apporte réellement et est d’abord manipulé par la patiente (j’en ai eu 2, dans 2 labo différent et à chaque fois, c’est moi qui l’ai inséré, le technicien se retournant pudiquement). Il y a un vrai respect de l’intimité dans ces conditions, bien éloigné de ce qui se fait dans de (encore trop nombreux) cabinets.
Cette non nécessité de pratiquer des TV et spéculum systématiquement devrait être diffusée car elle encouragerait certainement de nombreuses ado/jeunes filles/femmes (notamment celles homosexuelles qui désertent les gynéco) à consulter car cela serait mieux vécu.
Je ne suis pas médecin, mais je connais bien les réseaux sociaux sur internet, c’est comme cela que je suis arrivée ici… donc il y a moyen de diffuser largement l’info.
Au sujet du TV pendant l’accouchement, il est loin d’être utile également, du moins de façon systématique !
En observant le comportement de la mère, la façon dont elle respire, dont les contractions lui coupent le souffle, l’empêche de parler ou pas, une sage-femme sait généralement si le travail avance et à quel stade du travail elle en est…
Surtout quand on voit qu’on peut stagner pendant plusieurs heures à 3 ou 4 (par exemple), et passer à 10 ensuite en quelques minutes ou dizaines de minutes…
Comme d’habitude, débat très intéressant!
Je me pose, en tant que patiente, une question : on m’a diagnostiqué une endométriose profonde après un simple TV alors que les lésions n’apparaissaient pas à l’écho et à peine à l’IRM.
Certes, c’est l’interrogatoire qui a mis la puce à l’oreille du médecin (dysménorrhée sévère, dyspareunie profonde, mictions très fréquentes, cystites à répétition, …). Mais le TV a été un élément qui a permis une localisation des lésions, et je pense que sans ce TV on n’aurait pas pu situer correctement les lésions que j’avais, voire même croire que je n’avais rien.
Depuis, je fais un TV de contrôle tous les ans, qui me paraît incontournable. Par contre, ça m’énerve quand ma généraliste que je vais voir juste pour une mycose ou des saignements entre les règles ou autre problème me fasse en systématique un TV, « pour contrôler ».
Pire, une fois, il m’est arrivé, suite à une galactorrhée inexpliquée, que le médecin me demande de lui montrer ce qui sortait de mes seins!!! Comme si quelque chose de blanc qui coule depuis plus de 6 mois de mes deux seins pouvait être autre chose que du lait!!! Et j’ai par ailleurs trouvé ça très humiliant…
Je trouve essentiel que les médecins (et les patients) réfléchissent à la nécessité ou non des actes qu’ils pratiquent/subissent.
fredannie: complètement d’accord avec toi, mais ça suppose que la femme n’ait pas de péridurale…
Bonjour à vous tous,
Un ami m’a donné ce lien et je vous lis avec bonheur… Pourquoi ? Parce que j’ai lu il y a peu un livre « magique » : « Le choeur des femmes » de Martin Winckler.
Et ce que j’ai découvert m’a totalement stupéfaite… Comment ? Je ne serais pas obligée de subir cet examen intime, désagréable, intrusif et douloureux (oui, mon histoire fait que tout examen de cette zone est douloureux) ? Comme vous l’exprimez, nous, patientes sommes « formatées » / habituées à nous déshabiller, allonger et à écarter les jambes pour ouvrir notre intimité. Parce que c’est comme ça que les médecins font et que nous respectons ces personnes « savantes » qui ont fait tant d’années pour nous soigner…
Je suis heureuse car je sais, maintenant que je vous lis, que des médecins humains existent vraiment et pas que dans les romans. Voilà, je me sens un peu idiote de vous écrire tout cela, je ne suis qu’une simple femme, mais je suis soulagée de vous lire. Merci.
Bonjour,
Je suis heureuse de voir moi aussi que les choses changent et que le respect du patient prend doucement un peu plus de place. J’ai récemment découvert une boule dans mon sein, en moins de 2 semaines j’ai du les exhiber à mon médecin généraliste (2 fois), au manipulateur pour la mammographie, à la radiologue pour l’écho, au chirurgien (debout à côté de son bureau …), et ce n’est pas fini puisque l’exérèse est prévue la semaine prochaine. La pudeur et le tact s’évanouissent lorsqu’on devient malade, le corps gomme la personne, mais cela rajoute de la peur et de l’angoisse et je pense que cela freine certaines patientes à consulter en cas de doute, ce qui est dommageable.
Merci pour la pédagogie de vos articles et pour la prise en charge de vos patients.
Ce genre d’examen reste malheureusement primordial pour l’endométriose et le toucher rectal encore plus pour l’endométriose recto-vaginal… cette maladie encore trop peu dépistée à temps ne risque pas de voir sa reconnaissance améliorée si on va dans votre sens…….
@ Prunelle : L’endométriose n’est pas une maladie qui se dépiste, mais qui se diagnostique sur des signes cliniques évocateurs : dyspareunie profonde (douleurs pendant ou après les rapports sexuels se situant au niveau du fond vaginal), douleurs pelviennes chroniques, infertilité.
Ces signes cliniques ne sont pas spécifiques d’une endométriose.
Le TV peut reproduire la douleur du rapport sexuel, mais c’est l’IRM pelvienne qui est le meilleur moyen de diagnostiquer une endométriose.
Le toucher bi-digital (TV et TR) est indiqué quand une prise en charge chirurgicale est proposée pour décider de la voie d’abord.
Par contre, le TV de surveillance n’a aucun intérêt, car c’est le rapport sexuel douloureux qui fera suspecter une récidive.
C’est la notion de TV systématique qu’il faut combattre !!!
A Ambre : OUI, bien sûr (cela suppose que la femme n’ait pas de péridurale)…
J’ai eu une endometrose recto vaginale très profonde… L’IRM etait bien moins claire que le scan et aucun examen ne prouvait l’infiltration digestive que le TR lui n’avait pas loupé… Et pour mon infiltration vaginal pareil seule la couleur bleuté visible avec spéculum + lumière n’a été mis en évidence par aucun examen et j’en ai passé beaucoup irm, scan, écho, echoendoscopie, lavement baryté, urographie, et divers dosages dont CA125… Au final mon endo etait énorme rt une opération m’en a libérée… Pour info je n’avais pas de douleurs pendant les rapports sexuels… Par contre mes règles étaient insupportables. C’est beau les certitudes mais c’est pas mal aussi d’entendre que même celles-ci ont des limites…
Je reviens de vacances et chouette, plein de trucs intéressants à lire!
Pour moi, en tant que patiente, le TV, c’est du marquage territorial, comprenez: « C’est moi le toubib/chef, si j’ai envie de te mettre deux doigts, je le fais et tu t’écrases. » (je sais bien que ça ne relève pas forcément du domaine de la réflexion consciente, hein, l’imprégnation, c’est terrible comme truc…). Ce n’est pas juste de la mauvaise médecine, c’est de l’abus de pouvoir, à la limite de l’abus sexuel(sauf demande explicite de la patiente ou éventuelle indication réelle inconnue de moi mais pas très fréquente en tout cas), et ça rentre complètement dans le cadre de la violence obstétricale…
Même pendant l’accouchement, ça ne se justifie pas: de nombreuses sages-femmes m’ont confirmé qu’elles avaient vu des femmes au col ouvert à 4 cm à 4 mois de grossesse, sans que ça constitue en rien un indicateur de risque d’accouchement prématuré, et d’autres au col ouvert d’à peine 1 cm moins d’une heure avant la naissance effective du bébé: en gros, le degré d’ouverture du col renseigne sur le degré d’ouverture du col, point barre. Bref, ça relève du désir maladif de tout savoir et de tout contrôler, quitte à faire des conneries sur la base d’informations concrètes non pertinentes rapportées à une théorie bidon (comme les fameux « 1cm/heure »).
Pour mon premier enfant, avoir eu un TV à 7h30 (« vous n’êtes qu’à 3 cm ») ne m’a servi qu’à devoir m’époumoner 10 mn durant pour qu’on vienne m’aider 15 mn plus tard, parce que personne ne prenait mes appels au sérieux –mais finalement, 25 mn donc après le « vous n’êtes qu’à 3 cm », on en était à « Oh, je vois les cheveux! »…
Ravie de voir que la réflexion fait son chemin et que cette pratique bestiale recule.
Être suivie pour mon deuxième enfant par une sage-femme qui ne m’a jamais fait de TV et ne m’a même jamais vue sans culotte avant que j’entre dans la piscine de naissance, mais m’a prise au sérieux quand je lui ai dit « ça y est, je le sens, il arrive », c’était bien agréable…
En Nouvelle-Zélande, je n’ai eu de toucher vaginal qu’à l’accouchement (une fois vers 5cm et une autre fois vers 8cm), et encore, la sage-femme m’a demandé si j’étais d’accord. Elle ne l’aurait pas fait sans mon consentement. Et c’est vrai que dans un accouchement sans péri, on sent parfaitement la différence entre les différents stades donc pas besoin d’aller tâter pour savoir où on en est.
je viens de lire plein de choses très interessantes. jeune installée depuis 1 an en gynéco obstétrique j’ai tendance à ne plus faire de TV aux femmes enceinte avant 6 mois … mais faite le admettre au patientes. j’ai du mal à faire admettre à certaine que pas besoin de frottis cette année … et l’écho sans indication ? « ah bon mais le Dr Tric (mon prédecesseur) il en faisait une à chaque fois! j’ai résolu le pb en mettant un coup de sonde abdo parfois pour eliminer un kyste ovarien (que je ne cote pas!). le problème il faut aussi le dire c’est que les patientes ne veulent pas toujours changer leur petites habitudes! il a bon dos le vilain médecin! ca existe des « vilains » patients!
Oui, il y a des « vilains patients », bien sûr.
Mais en l’occurrence, vous illustrez surtout la force des habitudes.
Je peux comprendre qu’une patiente à qui on a répété pendant des années qu’il fallait un frottis « tous les ans ! » et que sinon elle allait sûrement mourir du « cancer mortel du col de l’utérus » nécessite un vrai travail d’explication et « d’éducation » sur la durée.
Il existe aussi des patients chez qui ce travail ne prendra pas et qui resteront dans une demande/consommation de soins effrénée et infondée. Ceux-là trouveront toujours un médecin qui leur convienne.
C’est même une réaction très logique ! Personne n’a envie de comprendre soudain que tous ces examens pénibles subis pendant des années, ça n’était pas vraiment nécessaire… La dissonance cognitive, ou répugnance à passer pour un crétin à ses propres yeux. Peut-être en précisant que les pratiques évoluent (avec les mœurs autant qu’avec les technologies) et que donc il y a cinq dix ou vingt ans il était très difficile d’y échapper mais que maintenant ça devient possible, et en prenant le temps de lister des cas où cet examen vous paraîtrait utile, cela pourrait aider les patientes à accepter d’en avoir fait les frais sans (trop) broncher auparavant.
Ah, c’est bon de voir que ça avance ! De mon côté, depuis 15 ans, j’avais également abandonné le TV ; je n’en faisais même pas pour poser des DIU, je trouvais la pose du spéculum suffisamment intrusive comme ça, et le soi-disant « repérage de la position de l’utérus était inutile : on pose très facilement un DIU par technique « de la torpille » quelle que soit la position de l’utérus. Oui, le TV systématique est de la mauvaise médecine et il est temps qu’on cesse de le considérer comme un examen de « routine ». Merci Borée.
Martin WInckler (Dr Marc Zaffran)
Donc, on fait quoi ? Plus besoin de suivi ? On ne va plus chez un gynécologue sauf grossesse ou refus de grossesse ?
Personnellement, cela m’est égal d’être nue, qu’on me regarde le fond de la gorge ou le fond du vagin. Mais j’ai l’impression que cela gêne de plus en plus les médecins, de voir, de toucher. Et cela les énerve quand on leur dit qu’ils font mal (les 4 derniers que j’ai vus).
Avec ça,pour bien des généralistes, c’est tellement plus rapide 3 questions derrière un bureau et la prise de tension comme seul examen. On est tous bientôt mûrs pour la téléconsultation !
même pendant l’accouchement, le tv est à utiliser avec modération! il y a plein d’autres signes qui permettent d’identifier si le travail avance ou pas… je pense qu’on devrait enseigner aux femmes à faire des tv elles mêmes si elles le veulent!
J’ai accouché 2 fois, en France, sans que ma sage-femme pratique un seul TV (ni pendant la grossesse, ni pendant le travail).
Certes, dans le cadre d’un suivi global, mais néanmoins il me parait juste de souligner que « c’est possible ».
(et ça évite un « oups! j’ai décollé vos membranes, je vous jure que j’ai pas fait exprès », si je peux m’autoriser un peu de cynisme)
Je suis peut être un peu plus nuancée pour l’instant, mon opinion va peut être évoluer… Je ne fais pas de TV systématique non que ça soit à l’occasion d’un frottis ou d’une grossesse.
Lors d’une mycose ou de leucorrhée, j’avoue qu’en général je regarde au niveau local, sans spéculum ou TV, mais que j’aurais du mal à m’en passer, parce que j’ai vu de tout : herpes, mycose « classique », pertes franchement purulentes, bref ça influence le traitement que je vais faire. Dans certains cas, je propose un TV pour éliminer des signes de salpingite.
J’ai tendance à le proposer dans le cadre de douleurs pelviennes non typiques, afin de confirmer ou d’infirmer une origine gynécologique; et ça m’a souvent aidé à déméler un peu les choses…
Pendant la grossesse je n’en fais pas sauf si contractions etc. pour évaluer le col; même si effectivement on peut voir de tout… dans ce cas, c’est souvent les patientes qui le demandent pour se rassurer !
Dans tous les cas, je ne l’impose jamais, je propose toujours en disant « est-ce que ça vous dérange si …? » et celles qui ne le souhaitent pas, je ne le fais pas.
Personnellement je n’ai jamais eu l’impression que mon examen gênait les patientes, tout dépend de la façon d’amener les choses, je ne les fais jamais déshabiller complètement dès le début de la consultation, on ne retire la culotte qu’à la fin, et elle peut la remettre juste après…
je suis enceinte depuis 5 semaine quand j’ai voulu prendre rendez vous pour l’echo des 12 sem on a voulu me contraindre a subir une echo intra vagilale. j’ai refusé sachan qu’un simple TV me boulversse et me stresse énormément. L’hopital public ma dit que si je refuse je n’ai qu’a aller voir ailleur…. 5 sem de grossesse et deja j’ai l’impretion de n’etre qu’un bout de viande entre les mains des medecins. si seulement je rencontrai un medecins comme vous…
Sans parler de la pratique du tirage de col pour provoquer les contractions .. particulièrement humaine
http://www.doctissimo.fr/html/dossiers/cancer_col_uterus/15405-test-urinaire-depistage-cancer-col-uterus.htm
Infos pour limiter le Frottis via dépistages urinaires moins couteux valable pour les deux genres?
Hors la théma de arte :
http://www.arte.tv/fr/244,em=044340-000.html
http://www.lepoint.fr/sante/ca […] 570_40.php
Les études Suédoises montrent une meilleure optimisation que la France et l’Allemagne avec un début de dépistage à 30 ans sans antécédent.
Après, hors antécédent héréditaire, l’âge moyen à laquelle le cancer du col utérin se déclarent est 51 ans (hors antécédents d’hérédité) donc de la marge entre 30/40 ans.
Je ne fais pas depuis lynchage inutile (refermeture du spéculum sur moi)
Jamais expliqué, viol, et malgré refus re viol 3 fois pour que dalle! Car en plus il garde le bilan cyto… Hors âge…Même très avant, voir avant début de sexualité…
Une véritable punition, humiliation pour suspicion de sexualité!
Du paternalisme lubrique?
Hors le nombre de fois ou, secretaire, des patientes m’expliquaient le délicatesse de les la patiente en telle posture pour que le praticien réponde au téléphone revenir sans se laver les mains, écarteur en place.
De toute façon dès qu’il y a un problème staphylo ou dosage hormonal : il ne reste que les traitants pour rabibocher les patientes.
Concernant le lien « doctissimo » ci-dessus, une précision importante : ce n’est qu’une piste de recherche. Cette technique n’est pas encore, à ma connaissance, validée. Intéressant donc, mais prudence !
Raison du point d’interrogation.
Ce bilan peut-il permettre de cibler la nécessité de prélèvements aussi douloureux pour un homme que pour une femme?
Je m’étonne du soulèvement que provoque la pratique du TV à l’occasion de la grossesse, censé pouvoir provoquer des contractions. Y en a-t-il donc qui n’ont aucune activité sexuelle durant toute leur grossesse ?
Je fais un aparté mais concernant ce qui a été dit sur l’endométriose, le meilleur diagnostique n’est pas l’IRM mais la cœlio… L’IRM pose une suspicion.
Ping : Cet article de … « Et Paf…..
« Cecil :
06 avril 2012 à 06:42
Je m’étonne du soulèvement que provoque la pratique du TV à l’occasion de la grossesse, censé pouvoir provoquer des contractions. Y en a-t-il donc qui n’ont aucune activité sexuelle durant toute leur grossesse ? »
J’espère qu’il n’y a pas tentative de comparer ce qui n’est pas comparable.
« Toucher vaginal » déjà rien que dans la dénomination il y a un mensonge : je touche avec mes doigts pas avec un écarteur même appelé speculum cela en reste un…
Donc, quand une gamine se voit proposer « un toucher », elle croit avoir un palpation… toutes les raisons de s’insurger en hurlant au viol, si un speculum lui est insérer de force, par surprise, par chantage, sans son consentement, inutilement en plus, pour un contraceptif : un mensonge par omission est un mensonge… Il ne faut pas s’étonner après que l’OMS distingue suivis et contraception car quelque soit l’âge le « NON » est à respecter donc sans bannir la pondération peut être de mise, non?
Hors que n’importe quelle femme en position accroupie avec un miroir peut voir avec simplement deux doigts « son petit intérieur » elle même, donc un praticien il a quel difficulté? donc cet écarteur … si pas de prélèvements ou de manipulation du col : il n’a pas d’utilité… cet écarteur, car là est le problème.
Et cela n’a absolument rien de comparable avec un acte sexuel.
Ni rien d’utile dans la grossesse, puisque nombre de pays n’y ont que extrêmement rarement recours même dans le cadre de l’accouchement en lui même, et que c’est exclus du suivis (comme en Australie par exemple).
En France les échos rien que pelviennes, non endoscopique, sont de bonne qualité et on a accès au laboratoire simplement…
Que un relevé de pH ne justifie pas l’usage d’un speculum, que très peu d’actes le nécessitent (frottis / DIU, SIU).
Que c’est donc en usage systématique une aliénation et un asujettissement pour dominer, soumettre, et porteur de risque.
Ce n’est pas pour rien que hormis médecin et sage femme, les frottis ne sont pas sensés, selon le code de santé publique être faisable par des infirmières, il y a risque nosocomial mal reconnu, et risque de perforation, risque hémorragique aussi.
Les infirmières sont sensé faire les prélèvements sur « muqueuses accessibles ».
Mais, désolée de constater qu’en France, on est en retard : la grossesse est traité en mode ultra sécuritaire comme une maladie, même les non pathologique et ce sont là encore les gynéco obstétriciens qui refusent la création de maison de naissance, et que le seul moyen efficace de limité le risque de déchirement profond (l’épisiotomie l’évitant que 1/10) ce sont des outil ergonomique permettant d’accoucher latéralement, et il y a peu d’établissement qui en sont pourvu.
Yume : je pense que dans tous les article de Borée et dans les commentaires ici la distinction est bien faite entre examen au spéculum et toucher vaginal… les deux choses sont bien distinctes et ici on ne parle pas d’examen au spéculum mais bien de toucher vaginal : avec les mains uniquement (et des gants évidement)
L’examen au spéculum n’est utile que lorsque l’on veut voir le col, donc effectivement des indications restreintes : frottis, DIU principalement.
Le toucher vaginal, c’est 2 doigts en intra vaginal et une main sur le ventre, donc bien un toucher.
Et quand je propose « un toucher », c’est bien un toucher que je fais.
Doc mam, je suis tout à fait d’accord avec toi! Je m’apprêtais à écrire un long commentaire, mais je vais m’en tenir à une défense farouche de la clinique. Je crois qu’il est indispensable de palper, palpouiller, malaxer, effleurer, sonder nos patients car la clinique est un outil fantastique. C’est incroyable comme il est possible de poser des diagnostiques précis avec nos sens. Ne l’oublions pas! Ne devenons pas des prescripteurs d’examens à tout va.
Bonjour,
Quelle coïncidence! Je lis hier ce texte d’une blogueuse: http://mon-nid.eklablog.com/avant-j-etais-pudique-maintenant-j-ai-un-bouchon-a45950966
Puis, aujourd’hui, je (re)découvre ce texte-ci.
Alors, pour ceux et celles qui sont sceptiques sur la possibilité de se passer d’un TV, voici mon petit témoignage de femme ayant déjà accouché une fois et enceinte de 36 SA du deuxième.
Il est tout à fait possible de vivre une grossesse sans TV. La première fois que ma sf a vu mon vagin, c’était à 42SA et qq jours, pour enduire le col d’HE de sauge (si mes souvenirs sont bons), puis le lendemain pour pratiquer un décollement des membranes…Heureusement, la stratégie a fonctionné, on était à déclenchement – 1 jour.
Aussi, je n’ai eu aucun TV pendant l’accouchement.
Par contre, la gynécologue qui était celle que je consultais jusqu’à ma 1ère grossesse m’a fait une échographie endo-vaginale sans me prévenir. Je n’ai rien compris quand elle a sorti ce truc, y a posé un préservatif et enduit de lubrifiant…Elle ne m’a pas prévenue, encore moins demandé si je souhaitais une écho…Alors que j’en avais longtemps parlé la veille avec mon homme et une sf et que je ne voulais pas d’écho, étais prête à répondre « non ». Seulement, comment répondre « non » quand on ne vous pose pas la question, qu’on agit sans vous prévenir alors que vous êtes à moitié à poil sur une chaise et que l’autre a une blouse blanche…?
Depuis, j’ai pris une conscience aigüe de la vulnérabilité du patient vàv de la blouse blanche. Ce que Martin Winckler décrit très bien dans Choeur des femmes…
L’argument du « sachant » aura toujours plus de poids dans un moment d’hésitation, de faiblesse, de grande fatigue. Et même bien informée, la femme qui accouche peut céder face à la parole de l’homme/la femme « qui sait », qui « a l’habitude ». C’est ce qui me fait fuir les hôpitaux (et les médecin) en général, et en particulier quand je suis enceinte.
Bonjour,
il y a t il des risques eventuels liés à cette intrusion vers le col, par TV, et aussi examen au speculum, lors d’une grossesse? ou existe t il des etudes qui en parlent?
Merci
Non, pas à ma connaissance.
Borée, je viens de dévorer votre blog en quelques jours, grâce au lien sur le site de jaddo.
Généraliste remplaçante à la campagne, future installée dans 2 ans, vos billets sont un véritable réconfort dans notre quotidien.
J’ai particulièrement aimé ceux parlant de gynécologie. Une anecdote très récente dans un cabinet où je remplace: une jeune femme de 30 ans, 1ère grossesse, qui hésitait sur le suivi par le généraliste ou la sage femme, m’a dit: » C’est vrai, que je pense que vous êtes toutes deux aussi compétentes, mais je trouve ça bizarre que vous ne me fassiez pas de TV ? » J’ai essayé de lui expliquer pourquoi je n’en voyais pas l’intérêt, elle n’a pas eu l’air convaincue.
En tout cas, merci d’écrire aussi bien ce que bon nombre de généralistes vivent et ressentent chaque jour.
Merci merci pour tout vos articles
Mon anecdote perso face à mon refus de subir de TV lors de ma première grossesse
pour l’équipe médical c’était tellement insensé que que je refuse et que ça me gêne à ce point que pour eux j’avais du être violé dans l’enfance, souvenir refoulé… du coup j’ai du faire une psychothérapie durant ma grossesse (non remboursé soit dit en passant alors que sans ressources)
et j’ai regardé de travers TOUS les hommes de ma famille jusqu’à mon accouchement et une discussion avec la femme de ménage de la mater qui m’a dit « vous savez moi aussi j’ai horreur de ça et je refuse et j’ai pas été violé »
ouffff soulagement pour moi, merci à cette personne
en fin de grossesse, après avoir perdu les eaux, la SF m’a posé quelque chose (un anneau) pour m’aider à dilater quelques heures plus tard. Après cela, le TV m’était insupportable, ça me brûlait mais la sf ne voulait pas me croire. je ne dilatais quasiment plus et j’ai fini par une césarienne. Ayant parfois des allergies cutanées, quelqu’un peut-il me dire si on peut mal réagir à ce produit? personne n’a su me répondre jusque là.
pareil pour moi, j’ai du refuser le TV pendant le travail car celui qu’on m avait fait etais tellement douloureux que j’en pleurai. Personne ne m’a cru, les medecins, ma mere, mon mari, j’ai eu l’impression d’etre une extra terrestre. a chaque fois que je voyais une personne en blouse blanche j’angoissait, mais serieusement. meme les contraction etais plus supportable que ces tv. j’en ai eu 4 en 8h et a chaque fois par un medecin different( c’est peut etre la grosseur des doigt. vous voyez moi j’ai de petit doigt ca va aller). je me tordais de douleur meme apres l’examen.et eux n’arrivait pas atteindre mon col (uterus en retro, j’entendais dire) finalement j’ai fini par refuser je n’en pouvais plus. et la on m as dit qu’il fallait que j’aille voir un psy parce que peut etre j’avais ete violer ds mon enfance…pfff. Finalement l’enfant est arrivE et en bonne santE. je n’ai pas eu le « vous etes a dix allez monter sur la table ». je l’ai senti venir g pousser et voila.
Bonjour,
Je suis étudiante SF et j’ai besoin d’un avis à propos d’une consultation 🙂
Jeune fille de 15 ans, pas de rapports sexuels, ni de petit copain.
Décrit ses règles comme douloureuses et abondantes, se tâche régulièrement. Souhaite donc prendre une pilule. À l’interrogatoire, elle ne met pas de tampons, elle a déjà essayé plusieurs fois mais « ça rentre pas ». Qu’auriez vous fait ? Auriez vous fait un examen, si oui lequel ?
Merci d’avance 🙂
Bonjour,
Je suis désolé de vous répondre aussi tardivement : votre commentaire a été posté à une période compliquée pour moi.
Sur le fond, c’est vraiment difficile de vous répondre, même avec les éléments que vous donnez.
Je pense que, pour le coup, un examen gynécologique simple pourrait être justifié.
Mais, même en cas d’anomalie anatomique, je ne vois de toute façon pas de contre-indication à la prescription d’une pilule pour améliorer la dysménorrhée.
Bonjour,
Alors pour la suite, la sage-femme l’a examinée et lui a posé un spéculum, elle a diagnostiqué une bride vaginale et l’a envoyé chez un gynécologue.
Je n’aurais jamais osé poser un spéculum chez une patiente vierge de 15 ans pour ce genre de raisons (mettre un tampon n’est pas évident, je ne voyais pas spécialement le problème, je n’arrivais pas non plus à 14 ans).
Donc je me suis demandé si c’est moi qui aurait reçu la patiente, alors, je n’aurais pas diagnostiqué ça. En même temps ce n’est pas une urgence vitale, cela aurait pu être diagnostiqué plus tardivement … Donc voilà, merci pour vos réponses en tout cas !
Merci pour le retour !
Bonjour,
J’ai lu un très bel article sur le sujet de la toilette intime sur cette page : http://gynecologie-lyon.com/hygiene-intime-et-adolescence/. C’est le site web d’une gynécologue. Vous semblez bien vous y connaitre dans le domaine. Est-il indispensable de faire le toucher vaginale si on sait que l’on se nettoie bien et de plus qu’on est vierge ? Est-ce vraiment indispensable.
Bonjour,
Je refuse systématiquement les « touchers » quels qu’ils soient, idem pour l’échographie vaginale. J’estime qu’il y a d’autres moyens de détecter une pathologie (scanner, échographie, radio), les médecins ne se rendent pas compte à quel point une patiente peut se sentir humiliée voire profanée car cela s’apparente à une forme d’agression sexuelle et de pouvoir sur personne en situation de fragilité. Donc, rappelons aux femmes qu’elles ne doivent pas se comporter comme des moutons et refuser catégoriquement des examens qu’elles ne supportent pas pour éviter tout traumatisme. Personnellement, je n’ai aucun mal à dire « non » catégoriquement à un médecin -toujours étonné mais qui n’insiste pas longtemps- et, pour couper court à tout délire, je précise que je ne suis nullement « coincée » dans ma vie privée, que je me baigne en maillot 2 pièces sans problème et que je n’ai jamais subi d’agression sexuelle. A bon entendeur, salut. Et bravo à tous les médecins de ce forum qui ont le courage de remettre en question le formatage subi à l’université.
Pfiou… ça fait vraiment peur de lire tout ça.
Perso, j’ai vu très peu de gynécologues. Ça n’a jamais été très concluant…
Entre celle du planning familial consultée pour retard de règles qui « me gronde » parce que les préservatifs ça protège pas contre les grossesses (… sans commentaire…) et les 2 autres que j’ai consulté après qui sans être maltraitants ( pas de consultation complètement nue, pas de strip tease sous leur regard ), ne m’ont jamais mise à l’aise ( en même temps je les voyais une fois par an…).
Bref, quand j’ai commencé à avoir des soucis gyneco, j’en ai parlé à mon médecin traitant et c’est lui qui m’a suivie. Et très bien suivie. Quand j’ai eu des soucis avec ma pilule et bien la consultation a consisté en une grande discussion pour voir ce qui allait, n’allait pas, et c’est tout.
Les examens étaient vraiment pour les cas le nécessitant. ( je me souviens du jour où je suis venue pour une infection et où lui même m’a dit : il est hors de question que je t’examine/ mette un spéculum dans cet état. On va commencer les antibios et tu reviens à la fin de la prescription pour refaire le point.)
Maintenant je suis enceinte. Et j’ai changé de pays, je suis en Irlande.
J’ai eu droit à un examen annuel avec frottis de dépistage. Cet examen est réalisé par un médecin généraliste. Si c’est un homme il y a en permanence une nurse présente. On nous fournit une petite serviette de toilette pour se couvrir. Jamais on est complètement nue. Y compris pour la palpation des seins. Par contre la consultation dure 1h et tout geste est expliqué. Ça fait du bien.
Au bout de 3 mois de grossesse je n’ai toujours pas eu d’examen gynecologique ( ça va peut-être changer, j’ai rdv à l’hôpital la semaine prochaine). Mais en tout cas je me sens « zen » dans ma grossesse.
Enfin, pour rebondir sur l’intrusion que représente la sonde endovaginale, je suis d’accord, c’est envahissant. Par contre, là au moins il y a du lubrifiant. Personnellement je souffre de sécheresse vaginale. Alors la mise en place du spéculum c’est juste horrible ( sensation papier de verre… ça fait rêver…) je préfère de loin l’écho…
Voilà pour mon expérience, peut-être plus nuancée que les expériences précédentes. Je voudrais conclure en disant que je ne suis pas particulièrement prude ( surtout que quand on a mal, on finit par laisser regarder.) mais que j’apprécie quand même qu’on continue à me traiter en être humain lors d’un examen médical.
Bonjour
Cela fait quelques temps que je m’interroge….est ce qu un médecin radiologue qui effectue une échographie pelvienne peut effectuer un touché vaginal ?
Merci de vos réponses très importantes pour moi
Bonjour,
Désolé d’avoir tardé à vous répondre. Je préférais vérifier un peu avant, en sachant que je ne suis pas échographiste.
A priori, on ne voit pas bien de raison justifiant un toucher vaginal avant de faire une échographie qui est destinée, justement, à visualiser ce que le toucher ne fait que percevoir grossièrement.
Il pourrait y avoir une explication mais je ne sais pas laquelle, ni les sages-femmes échographistes avec qui j’en ai discuté et, à tout le moins, la/le consoeur/confrère devrait être capable d’expliquer et justifier la nécessité de ce geste.