Archives mensuelles : décembre 2014

Poing d’étape

L’année 2014 touche à sa fin.

À mon compteur, aucun article.

Ce n’est pourtant pas le reflet de ma vie depuis un an et demi.

Il est donc temps, pour ceux qui ne me suivent pas sur Twitter (et même là, je ne suis présent qu’en pointillés), de donner signe de vie et de dire que ça va bien.

Après avoir quitté mon ancien cabinet, comme je vous l’avais annoncé, je me suis marié, scellant 12 années de vie commune. Ce fut un beau moment.

Marianne

Peu de temps après, en guise de voyage de noce, je suis parti, seul, travailler très loin, dans un endroit très chaud. L’expérience a été aussi passionnante que stressante, formatrice que déroutante. Une parenthèse professionnelle dont j’avais besoin.

Loin

 

Au retour, il a fallu tout mettre dans un camion, déménager et redémarrer dans l’ailleurs que nous avions choisi.

J’ai rejoint une très chouette équipe qui ressemble beaucoup au cabinet idéal dont je rêvais. Ça se passe bien. Les patients et leurs pathologies sont assez différents de ceux de mon ancien village, il y a forcément moins de grosses urgences et je crains d’oublier certains actes techniques, mais ce n’est rien en comparaison du plaisir que j’ai à travailler ici, dans une ambiance réellement fraternelle.

Depuis deux mois, j’ai une interne en stage. Elle est motivée, adorable et intéressante (en même temps, vu qu’elle connaissait le blog, ce n’est pas ici que je vais pouvoir en dire du mal 😉 ).

C’était trop tard pour faire de l’enseignement à la Fac cette année mais ça devrait être pour 2015.

Je suis, comme mes associés, dans un groupe de pairs. C’est peut-être pour ça également que j’ai moins besoin de m’exprimer sur le blog ou sur Twitter.

L'équipe

 

Ma mère est décédée. On savait que c’était inévitable. Puisque ça devait arriver, et même si c’est toujours trop tôt et qu’elle me manque, ça s’est passé aussi bien qu’on pouvait l’espérer. On a pu passer de beaux moments ensemble. Pour la première fois, j’éprouvais, dans les mêmes instants, une tristesse infinie et un immense bonheur familial.

La vie est parfois taquine, c’est peu de temps après qu’est arrivée notre fille. Un doux passage de relais.

Nous avons donc découvert les joies de la paternité avec ce petit être qui se révèle autant un volcan d’amour et d’espoir qu’un gouffre pour le temps et l’énergie.

Elle va bien, elle est magnifique, nous sommes heureux et fiers.

BB1

 

Voilà, désolé, chers lecteurs, pour ce long silence. Je n’ai pas perdu la volonté (l’espoir ?) d’écrire à nouveau mais il me faudra du temps : du temps pour écrire et du temps pour connaître mes nouveaux patients et avoir des histoires à raconter.

Pour ceux qui se le demanderaient, je ne fais pas grève en cette fin d’année. Pour trois raisons.

D’une part parce que mes priorités actuelles, vous l’aurez compris, sont un peu ailleurs.

D’autre part en raison des dates : décréter une grève du 24 au 31 décembre c’est, au choix, s’offrir une grève à bon compte dans un moment où on préfère passer du temps auprès des siens (ce qui n’est pas critiquable en soi) ou bien, pour les syndicats, faire une petite manipulation pour gonfler le nombre de grèvistes qu’on ne peut pas distinguer des vacanciers. Dans tous les cas, ce sont des dates qui ne peuvent que donner des arguments à ceux qui veulent la dénoncer.

Enfin, je ne peux pas me résoudre à me joindre à une grève fondamentalement conservatrice qui vise avant tout à maintenir l’existant, le paiement à l’acte en particulier. Je ne me fais pas d’illusions, nous sommes minoritaires à vouloir sortir de ce système et il n’est pas étonnant que nos syndicats représentatifs défendent les intérêts de la majorité, celle qui, vieillissante, a, pour un grand nombre, bien profité du système. Sans moi, donc.

Ce n’est pas pour autant que j’approuve les réformes qui nous sont concoctées. Ce gouvernement ne me surprend plus guère et je n’en attends plus rien de révolutionnaire ni de courageux mais il faut reconnaître que, pour le coup, la Ministre semble allier la médiocrité à la stupidité.

Des copains, qu’on ne peut certainement pas taxer de conservateurs acharnés ou de laudateurs du libéralisme économique, ont parfaitement illustré les dangers et l’idiotie dogmatique que représente la « mesure phare » de la Ministre, le Tiers Payant Généralisé. Allez donc lire Jaddo, Dominique Dupagne ou l’intraitable, et très politique, Christian Lehmann.

On pourra également lire la position du Syndicat des jeunes généralistes dans laquelle je me retrouve assez bien.

Car si la vraie préoccupation était de favoriser l’accès aux soins pour tous, il faudrait peut-être commencer par envisager de revenir sur les franchises instaurées en 2008, prendre en charge convenablement les soins dentaires, les audioprothèses ou l’optique voire, soyons fous, supprimer le ticket modérateur et unifier les régimes de sécurité sociale (des milliards d’économie à la clé et une gestion considérablement simplifiée autant pour les patients que pour les soignants). Mais il y a trop d’intérêts particuliers et financiers en jeu et ce n’est clairement pas la voie choisie par nos décideurs qui semblent préférer poursuivre dans le sens du désengagement de la Sécurité sociale pour le plus grand bénéfice des Mutuelles, des assureurs privés, de leurs dirigeants et de leurs actionnaires.

 

Allez, c’est bientôt la nouvelle année, ne lâchez rien !

PoingNB