Archives mensuelles : août 2011

Petite cérémonie

Deuxième entorse à ma ligne directrice « médicale », je souhaitais partager avec vous le texte de la cérémonie que nous avons organisée.

Nous avons voulu en effet marquer l’évènement et ne pas nous contenter d’une cérémonie à la va-vite. Lorsqu’il a été question d’en imaginer le déroulé, j’ai trouvé un cérémonial laïc qui nous a servi de trame. Nous l’avons ensuite adapté à notre manière.

Je le mets donc en ligne s’il peut servir de source d’inspiration à d’autres, homos ou hétéros.

***

Objets à prévoir :

  • Les anneaux nuptiaux ;
  • Un bouquet de fleurs ;
  • Une bougie : le réconfort et la chaleur ;
  • L’eau, le sel, le pain : la nourriture ;
  • Une bouteille de vin, ouvre-bouteille et gobelets ;
  • L’épi de blé : l’union entre les hommes ;
  • Le livre d’or.

DÉROULEMENT DE LA CÉRÉMONIE

B… et C… seront cachés en arrière de la scène.

Vers 16h, le Maître de Cérémonies et son assistant invitent le public à prendre place.

Lorsque l’assemblée est placée, le Maître de Cérémonies lance la première musique et invite les quatre témoins à partir chercher C… & B…

Pendant que les témoins reviennent avec B… & C…, le Maître de Cérémonie et son assistant débouchent la bouteille de vin et servent 8 gobelets.

Ils les offrent et trinquent avec C…, B… et les témoins le temps que la musique se termine et tout le monde prend place.

 

Musique : Petite messe solennelle – Juliette


 

Le Maître des Cérémonies :

C…, B…, parents et amis. C’est pour moi une grande joie de vous accueillir, au nom de tous les présents.

Je vais, au nom des Femmes et des Hommes procéder à la célébration de votre union.

Vous me direz que, pour ce qui est de la forme républicaine et civile, elle a déjà été consacrée devant notaire puisqu’en réalité, c’est la seule forme légale prévue au Code Civil de la République. Mais il n’est pas inutile de rappeler devant cette assemblée qui nous accompagnera tout au long de cet événement, qu’il s’y trouve des laïques et des croyants de diverses spiritualités qui croient aux vertus de Liberté, de Tolérance et de Fraternité inscrites dans les Lois de notre République, Une, Indivisible, Sociale et Laïque.

Chers B… et C…, vous avez été déclarés unis par les liens civils d’un PACS et cette démarche ne sera pas pour vous qu’une vaine formalité administrative à laquelle on se soumet dans une hâte distraite, comme à une chose dont on désire se débarrasser au plus vite, avant de passer aux affaires plus importantes.

Non, le choix de cette union civile est un évènement fondamental, et elle seule donne force et garantie de la Loi aux Devoirs, mais aussi aux Droits des compagnons à l’égard l’un de l’autre, tels qu’ils sont prévus par le Code Civil.

Toutefois, ces articles du Code Civil, dans leur froide précision, ne définissent que les dispositions légales, qui sont certes précieuses, mais qui ne font aucune référence aux liens affectifs, aux conduites dictées par le sentiment qui se trouvent à la base de l’union que vous avez contracté.

De ce point de vue, les textes légaux ne sont pas suffisants. Alors faisons place à cette cérémonie…

Musique : Housewife – J. Branan


 

Le Maître des Cérémonies :

La vraie aventure de vie, le défi clair et haut, n’est pas de fuir l’engagement mais de l’oser. Libre, n’est pas celui qui refuse de s’engager. Libre, est celui qui, ayant regardé en face la nature de l’amour, ses abîmes, ses passages à vide et ses jubilations, se met en marche, décidé à en vivre coûte que coûte l’odyssée.

Libre, est celui qui, sans refuser ni les écueils, ni le sublime, est prêt à perdre plus qu’il ne craignait pour gagner l’inestimable : La promesse tenue, l’engagement honoré dans la traversée sans feinte d’une vie de deux Hommes.

L’assistant du Maître des Cérémonies :

L’amour commence lorsque l’on préfère l’autre à soi-même, lorsque l’on accepte sa différence et le respect de sa liberté. Accepter que ses pensées soient habitées par d’autres présences que la nôtre, c’est vouloir, comme la plus haute preuve d’amour, que l’autre soit fidèle à lui-même.

Dans la plus amoureuse étreinte, c’est un être libre que nous étreignons, avec tous ses possibles, même ceux qui nous échappent.

Musique : Pas d’ami comme toi – S. Eicher


 

Le Maître des Cérémonies :

C… et B…, vous vous êtes choisis, déclarés destinés l’un à l’autre et capables de traverser la vie avec ses joies et ses épreuves. Vos regards rayonnent de confiance. Tous, nous partageons vos espoirs.

L’assistant du Maître des Cérémonies :

B… et C…, vous désirez prendre l’engagement de conformer votre vie de couple aux idéaux républicains et laïques, Nous vous demandons d’écouter toujours la voix de votre conscience et d’être contents partout, de tout et avec tout, si l’honneur n’y est pas contraire.

Le Maître des Cérémonies :

B… et C…, vous avez voulu que des personnes qui partagent vos idéaux, parents ou amis, soient les témoins privilégiés de votre engagement. Vous les avez choisies librement et en toute confiance.

C…, dis-nous qui sont tes témoins ?

C… : J’ai choisi pour témoins M… et F…

B…, dis-nous qui sont tes témoins ?

B… : J’ai choisi pour témoin Y… et O…

M…, F…, Y… et O…, veuillez vous lever. Vous engagez-vous à offrir à B… et C…, les conseils de votre expérience s’ils le désirent et à leur donner votre affection s’ils ont besoin de sympathie, de consolation ou de réconfort ?

Vous, M… / Y… / F… / O…, le promettez-vous ?

Les témoins

Vous pouvez vous asseoir.

J’invite maintenant celles et ceux qui le souhaitent à partager quelques textes et réflexions à votre intention et qui caractérisent votre engagement.

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Lectures

Musique de fond : Legend of Zelda, Hyrule Symphony – BO


Le Maître des Cérémonies appelle à tour de rôle les assistants qui demandent la parole.

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Le Maître des Cérémonies :

Vous vous aimez et en ce jour qui voit votre union, votre joie est profonde. Pour que cette joie demeure, soyez vigilants partout et toujours. Des événements de différentes natures vous attendent. Ce ne sont pas eux les maîtres de votre destin ; ils l’influencent, mais n’en décideront pas définitivement. Chaque homme est l’artisan de son bonheur. Veillez à ce que ces événements soient heureux et trouvez-y votre bonheur. Quant aux situations pénibles, faites en sorte que l’amour soit votre guide.

Si vous choisissez d’être parents, penchez-vous avec une bienveillance éclairée sur vos enfants, soyez attentifs, mais pensez aussi que tendresse n’est pas faiblesse, qu’amour n’est pas aveuglement, que compréhension n’est pas abdication. En tout être, dans celui de votre conjoint, dans celui de vos enfants, respectez la dignité de la personne humaine.

L’assistant du Maître des Cérémonies :

C…, B…, les propos que vous venez d’écouter ont éveillé chez vous, nous le souhaitons, une émotion certaine. Nous vous invitons à vous lever et à confirmer votre engagement.

Le Maître des Cérémonies :

B…, persistes-tu à réclamer de tous, au nom de vous deux, la reconnaissance de votre union ?

B… : oui

C…, persistes-tu à réclamer de tous, au nom de vous deux, la reconnaissance de votre union ?

C… : oui

En signe de libre acceptation de vos nouvelles responsabilités, je vous invite à vous passer mutuellement l’anneau au doigt.

Signe aux témoins qui détiennent les anneaux

C… :

B…, par cet anneau témoignage de mon amour, je promets de te respecter et de te protéger, de vivre avec toi dans la vérité, de te demeurer attaché dans les bons et les mauvais jours, dans la prospérité et la détresse, aussi longue que sera notre route.

B… :

C…, par cet anneau témoignage de mon amour, je promets de te respecter et de te protéger, de vivre avec toi dans la vérité, de te demeurer attaché dans les bons et les mauvais jours, dans la prospérité et la détresse, aussi longue que sera notre route.

Musique : Hymne à l’amour – E. Piaf


 

Le Maître des Cérémonies :

B… et C…, au terme de cette cérémonie si émouvante, j’ai l’immense plaisir, au nom de tous ici présents, de vous souhaiter nos vœux les plus chaleureux de bonheur et de prospérité. Gardez précieusement l’affection qui vous réunit. Veillez à ce qu’elle se précise et se renforce au cours de votre vie commune.

Nous restons convaincus que, guidés par la liberté de conscience qui est la vôtre, votre couple constituera un exemple enviable. Nous formons tous des vœux ardents pour qu’il en soit ainsi.

Toute cette festive assemblée est invitée à signer le livre d’or, témoignage de votre bonheur et à nous rejoindre pour le verre de l’amitié.

Tout le monde se lève et se dirige tranquillement vers le buffet pendant la musique finale :

Musique : Feeling Good – M. Bublé


Cadeau

Aujourd’hui, je me suis pacsé. Chez le notaire. Et samedi ce sera la grande fête.

Je n’avais pas l’intention d’en parler sur ce blog auquel je veux conserver son aspect strictement médical.

Mais il se trouve que j’ai un homme extraordinaire.

Il m’a offert hier soir un cadeau superbe et inattendu : le recueil de l’ensemble de mes billets de 2010  édités  sous la forme d’un petit livre tiré à 40 exemplaires.

Déjà ça, ce serait un joli cadeau.

Mais il y a tous les bonus merveilleux qu’il s’est donné  du mal pour regrouper. Et que d’autres se sont donné du mal à écrire et dessiner.

Martin Winckler en personne m’honore d’une préface.  – Attendez, je répète… – Martin Winckler a écrit une préface rien que pour moi !!!!!

Et plusieurs dessinateurs que nous admirons ont bien voulu illustrer mes billets. Vraiment, merci à  tous pour ce cadeau extraordinaire.

Il me reste à vous le faire partager.

La couverture est illustrée par l’ami Yann Wehrling. Merci pour ce très joli cadeau de Pacs. Une belle célébration pour presque 20 ans d’amitié :

Ensuite la préface de Maître Winckler :

« Vraiment moins seul

Soigner, c’est pas de la tarte.

D’abord, il faut écouter les autres nous raconter leur vie. En morceaux. Par bribes. Ce qu’ils veulent bien nous en raconter. Et ça n’est pas facile de dire qui on est. Soigner, c’est un travail d’interprète. La musique, c’est le chant des patients.

Et puis, il faut les regarder. Enfin, regarder ce qu’ils veulent bien nous montrer. Et c’est pas facile de se mettre à poil devant un étranger. Soigner, c’est un travail de photographe. Les paysages, c’est le corps des patients.

Après, il faut répondre aux questions. Explicites ou implicites. Et donc, parfois, deviner. Soigner, c’est un travail de détective. Le mystère, souvent, même le patient ne le connaît pas.

Autant dire que ça ne se fait pas comme ça.

C’est long, c’est lent, on avance dans le brouillard et on trébuche sans cesse alors qu’on est censé tenir la lampe.

Eh bien, ce boulot pas simple, il y a des gens qui le choisissent. Et, qui plus est, qui choisissent de faire ce qu’il y a de plus difficile :non seulement ils vont soigner, mais ils vont vivre au milieu des gens qu’ils soignent. Dans un village. Et leur adresse est la même que celle de tout le monde : « Le Bourg ».

Ils sont fous, ou quoi, ces types-là (ici, le mot « type » est un terme générique non sexiste. Comme en anglais le mot « guy », qui s’applique aussi bien aux femmes qu’aux hommes) ?

Qu’est-ce qui leur prend de vivre la vie des gens, au beau milieu d’eux, et de se mettre à écouter toutes leurs misères ? Qu’est-ce qui leur prend de s’exposer de plein fouet aux injustices, aux abus de pouvoir, au mépris que les habitants du Bourg, peu ou prou, subissent – et particulièrement quand ils sont malades – de la part de leur famille, de leur médecin maltraitant, de leur maison de retraite, de l’administration ? Qu’est-ce qui leur prend de vouloir jouer les redresseurs de torts avec les enfants qu’on ne veut pas vacciner et les prescripteurs de chat aux vieillards qui souffrent ? Ils sont fous, ou quoi ?

Là, la réponse est délicate. Peut-être. Et peut-être pas.

Et la question qui vient ensuite c’est : « Et d’ailleurs, s’ils sont pas fous comment font-ils pour tenir le coup ? »

Et là, la réponse est simple. Ils écrivent. Jaddo, Scarabée la Carabine, le Fils du Dr Sachs, Borée. Ils écrivent et ils donnent à lire.

Ah oui ? Mais ça sert à quoi, d’écrire ? Ça change rien à la vie des gens, ça fait pas avancer le schmilblic. C’est juste un peu de masturbation intellectuelle pour celui ou celle qui le fait. Et pour un qui a la chance de se faire publier un jour, combien y en-a-t-il qui restent dans le silence à accumuler les carnets noircis ?

Oui, certes. On peut voir les choses comme ça. Mais quand même. « A quoi ça sert d’écrire ? » Mmmhh. Ça sert. C’est pas facile de dire à quoi, exactement, parce que ça sert à beaucoup de choses. Et d’abord, à tenir le coup. À ne pas y rester, dans le silence. Parce que, même si on n’est pas beaucoup lu, on est lu, quand même. Surtout aujourd’hui, avec les blogs. Il n’y avait pas de blog, en 1992 quand j’écrivais mon bouquin. Et encore moins en 1983, quand j’exerçais dans le Bourg. J’écrivais sur des cahiers (pour l’ordinateur, il m’a fallu attendre cinq ans). Et je le tapais à la machine moi-même ensuite. Je donnais des trucs à taper (de la doc pour les patients) à ma secrétaire, mais je n’aurais jamais osé lui faire lire ce que j’écrivais sur les patients. Question de discrétion, vous comprenez.

La beauté du blog, c’est que c’est un cahier accessible à toutes et à tous, en toute discrétion. Un cahier dans lequel on peut exploser.

« Ah, oui, c’est ça, ça défoule. Et alors ? A quoi bon ? »

Je n’ai pas de réponse à ça, parce que ça dépend des situations. On sait à peu près à quoi ça sert pour soi : on n’est pas pareil quand on peut écrire, quand on peut maîtriser un semblant de petit peu ce qu’on a vu ou ressenti. On se sent moins… plus… Enfin, on se sent et on tolère de se sentir. On arrive à se sentir, et à se regarder dans la glace le matin. Et, parfois, on voit que ça sert aussi à quelqu’un d’autre. Aux habitants du Bourg, bien sûr, qui ne nous regardent plus de la même manière quand ils voient qu’on les regarde autrement, qu’on subit moins vivement leur malheur. Qu’on est plus présent, moins à vif, plus rassurant. Parce qu’écrire, au fond, ça nous rassure. Entre autres bienfaits. Et ils le sentent, même s’ils ne nous lisent pas.

Et puis, ça sert aux autres folles, aux autres fous. Si, si, je vous assure. D’ailleurs, Borée, le Fils du Dr Sachs, Jaddo, Scarabée la Carabine, je suis sûr qu’ils s’entrelisent, ça leur permet de pas s’enliser, ça leur fait du bien. Ils se sentent moins seuls, vraiment moins seuls. Et ça, c’est vraiment pas rien.

Je me souviens du jour où je me suis senti vraiment moins seul.

J’étais assis à une table de librairie derrière une pile de bouquins. C’était un roman. Il racontait sensiblement les mêmes choses que le blog de Borée. Il venait de sortir, quelques semaines plus tôt. Personne n’en avait entendu parler, ou presque. Enfin, si, il y avait eu  cinq minutes à France Inter, au journal, quinze jours plus tôt.

Bref, je signais aux deux ou trois copains qui étaient venus (la librairie se trouvait en ville, pas loin du Bourg où j’avais exercé) et je vois entrer trois personnes. Une jeune femme d’une trentaine d’années et un couple qui avait l’air d’être ses parents. Elle vient vers moi, souriante, elle me tend un bouquin tout fatigué, un bouquin identique à ceux de la pile, et elle me dit : « Je l’ai déjà lu, je vous ai entendu à la radio pendant que je faisais une visite à domicile, je suis allé l’acheter et je l’ai lu tout de suite. Voulez-vous me le signer ? »

Ravi (bien sûr), je me mets à écrire de ma belle plume sur la page de garde du bouquin et je la vois qui en prend un autre et qui attend. Quand j’ai terminé, elle me tend le deuxième bouquin et elle dit : « Celui-ci, c’est pour mes parents. Je leur ai prêté le mien mais je tiens à ce qu’ils aient le leur. »

Je me penche sur le deuxième volume, et je l’entends faire un petit bruit d’inspiration, comme les gens du Bourg qui, juste avant de se lever, hésitent à dire la chose qu’ils retiennent depuis qu’ils sont entrés. Je lève la tête.

« … Je peux vous raconter quelque chose ? »

Je lui fais un sourire grand format et avant que j’aie pu ouvrir la bouche, bien sûr, elle se lance :

« J’étais interne, je me spécialisais. On m’a proposé des remplacements dans le cabinet privé d’un des assistants du service. Et la première fois que j’ai fait un remplacement, je me suis dit : ‘Je ne veux pas faire ça. Je ne veux pas voir des gens qui se ressemblent tous entrer pour me parler toujours des mêmes problèmes. Je vais étouffer. Je vais mourir.’ Alors, j’ai décidé de faire de la médecine générale. Mes parents (elle se tourne vers eux) n’ont pas compris. Ils pensaient que j’allais être spécialiste et avoir un beau bureau en ville ou à l’hôpital, que je finirais mes consultations le soir, que je ne serais jamais obligée de travailler le dimanche et les jours fériés. Ils m’ont dit ‘C’est vraiment ça que tu veux, ma fille, vivre au milieu des gens, aller les voir chez eux, entrer dans leur cuisine et leur chambre à coucher, les recevoir à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit ?’ Et j’ai répondu ‘Oui, c’est ça que je veux.’ Et bien sûr, ils ne comprenaient pas. »

Et là, elle regarde sa mère qui, en souriant, me dit : « C’est vrai, je ne comprenais pas. Et puis, il y a quelques jours (elle désigne le bouquin) elle m’a fait lire le Blog de Borée, et j’ai compris. »

Quoi ? Un lapsus calami? Pas du tout!

Un bouquin, un blog, c’est pareil.

C’est pas la forme, ni la date, ni même l’auteur qui compte.

C’est le cœur.

Martin Winckler »

Voici enfin, dans l’ordre, les dessins illustrant des billets :

Mon amie Gélule a illustré le billet « Ça glisse, Alice ! ». Rien d’étonnant de la part d’une autre militante d’une médecine moderne et respectueuse des femmes.

La dessinatrice professionnelle, Laurel, m’a carrément gratifié de deux dessins pour illustrer les aventures de René  dans « Chacun cherche… » et dans « Décalage ».

Derek a illustré  « Y’a pas de miracles (contrepoint) ». Merci, vraiment. J’espère, autant pour moi que pour tous les internautes, que tu retrouveras du temps pour ton blog.

Camomille a choisi d’illustrer « Expectative ». C’est vraiment très gentil de ta part. Allez visiter son blog dont j’adore l’ambiance pharmaceutico-poético-geek !

Maître Boulet a pris sa plume pour « Tous les chemins mènent au Blog ». Quel honneur ! Je sais que je vais faire bien des jaloux(ses).

Et, last but not least, David Gilson a accepté  d’illustrer « Venez donc avec ! ». Je ne crois pas que ce soit rabaisser les autres de dire que j’ai une affection toute particulière pour ce dessin, tant à cause de l’histoire que du contexte. Ce dessin tendre et drôle restera certainement gravé comme le symbole de cette étape de ma vie.

Voilà. Encore merci à tous. Je sais combien le temps est rare et précieux. Merci à tous ces artistes de nous en avoir offert avec talent.

Merci surtout, au final, à  mon homme. Je t’aime.

Modèle parental

Bien souvent, les parents servent de modèles. De manière choisie ou bien subie. « Mes parents ont toujours fait ce qu’il fallait pour qu’on ne manque de rien, pour mes enfants à moi, ce sera pareil. » « Vous voyez, Docteur, dans la famille, tout le monde est nerveux. Ma mère était ner-veuuuse ! Alors, forcément… moi… »

Elle a soixante-cinq ans.

Je la vois tous les trois mois pour renouveler son traitement. Elle me répète souvent qu’elle ne veut pas trop d’examens complémentaires. Ça me va plutôt bien. Je limite les explorations à ce qui est nécessaire et, du coup, elle les fait avec assiduité. Comme la bonne élève qu’elle est.

Elle me parle un peu de ses enfants. Et de sa mère qui a une maladie d’Alzheimer et qu’elle garde chez elle. Comme elles habitent un peu loin du cabinet, c’est un autre confrère qui vient s’en occuper à domicile. Je ne l’ai jamais vue.

Toujours très élégante, bien maquillée, des bijoux. Elle parle d’une manière distinguée que ne laissent présager ni son nom ni son prénom. « Paulette Bidochon », on ne s’attend pas vraiment à ce qu’elle articule en arrondissant la bouche.

Et elle est mince. Vraiment mince. En matière médicale, elle s’approche de la maigreur.

Depuis trois ans que je la connais, son poids n’a quasiment pas varié. Cinquante-sept kilos au plus haut, cinquante-quatre au plus bas. Aujourd’hui, c’était cinquante-cinq.

Cela fait longtemps qu’elle a une alimentation très frugale à laquelle elle est habituée.

Elle me répète à chaque fois combien ce poids est important et pourquoi.

« Si vous connaissiez ma mère. Elle a toujours été énorme ! Toujours. Je me suis juré que je ne serai jamais comme elle. Jamais ! »

Positifs ou non. Tournés vers l’avenir ou enkystés dans le passé. Guides ou repoussoirs. Dans tous les cas, les modèles et contre-modèles représentés par nos parents sont des moteurs extrêmement puissants.

P.S. Désolé pour ce long silence. Ce n’est pas l’inspiration qui me manque mais le temps de me poser pour mettre mes idées en mots. Dans ma région touristique, l’été est une période de forte activité (autant que lors des épidémies hivernales) et j’ai une actualité personnelle un peu bousculée.
Promis, je serai plus régulier lorsque l’automne arrivera.