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In God we trust (ter)

« Miroir, mon beau miroir… » est une intéressante étude qui vient d’être publiée par le « Commonwealth Fund ». Il s’agit de l’actualisation 2010 de l’étude régulièrement menée et visant à comparer le système de soins des Etats-Unis à d’autres références internationales.

Le Commonwealth Fund est une fondation privée, créée en 1918 et siégeant à New-York, qui vise à l’amélioration des systèmes de santé aux Etats-Unis et dans les autres pays industrialisés.

Cette étude a comparé les systèmes de sept pays de l’OCDE. Avec une forte tonalité anglo-saxonne puisque les deux seuls pays non anglophones qui y figurent sont l’Allemagne et, pour la première fois, les Pays-Bas.

A la stupéfaction générale, les Etats-Unis arrivent… derniers des sept pays comparés.

En fait, ça n’a évidemment rien d’étonnant.

Plus précisément, ça ne surprendra pas grand monde que les Etats-Unis figurent à la dernière place en ce qui concerne les aspects de coût, d’accessibilité ou d’équité.

Mais ce qui est frappant, c’est qu’ils sont également derniers (ou avant-derniers) pour ce qui concerne la sûreté du système de soins, sa coordination et la qualité globale des soins. Par exemple, ils sont derniers pour des items tels que les erreurs de posologie médicamenteuse, le délai de notification de résultats anormaux, les pertes de temps dues à des défauts d’organisation, …

Ils sont également en queue de peloton pour l’espérance de vie et l’espérance de vie en bonne santé.

Et, en parallèle, leur système de soins coûte presque deux fois plus cher par personne que le deuxième au classement (le Canada) et trois fois plus cher que la Nouvelle-Zélande. Ce qui permet de conclure une nouvelle fois, qu’en terme de système de soins, décidément, il y a (nettement) pire mais que c’est (beaucoup) plus cher !

Quant aux deux pays qui finissent en tête du classement, il s’agit des Pays-Bas et du Royaume-Uni.

On peut remarquer qu’ils figurent presque partout aux deux premières places sauf pour le critère « système de soins centré sur le patient ». Ils arrivent bons derniers sur des critères tels que l’information délivrée aux patients ou la prise en compte de leurs préférences. Peut-être est-ce une autre manière de dire qu’ils privilégient des considérations de santé publique au détriment des considérations individuelles.

L’étude souligne par ailleurs une idée fausse communément répandue. Les délais d’accès aux spécialistes sont généralement longs dans certains pays comme le Royaume-Uni et le Canada, ce qui est généralement attribué au fait qu’il s’agit de systèmes fortement socialisés avec peu de participation financière des patients. Or c’est également le cas aux Pas-Bas et en Allemagne avec, pour ces deux pays, des délais d’attente faibles.

Quant au critère d’espérance de vie totale et de vie en bonne santé, c’est personnellement celui que je trouve le plus discutable. De nombreuses données démontrent qu’il s’agit d’un critère qui n’est que partiellement dépendant du système de soins. Beaucoup d’autres facteurs viennent impacter ces éléments : conditions économiques, habitudes alimentaires, politiques familiales, éducation, législation du travail, … C’est d’ailleurs un point que soulignent les auteurs eux-mêmes.

Vivement la prochaine édition en croisant les doigts pour que la France y figure. Quelque chose me dit qu’on risque bien d’être assez déçus de notre « meilleur système de santé du monde ».

In God we trust (bis)

Oh mon Dieu !!!

Je viens de voir un autre de mes patients américains qui passe les 6 mois d’été ici.

On l’a opéré l’an dernier des amygdales. A 48 ans il était temps.

Ça a été fait en hospitalisation de jour : arrivé le matin, reparti chez lui le soir.

L’addition facturée par la clinique ? SEIZE MILLE dollars !

Pour un acte qui doit tourner – chirurgie et anesthésie compris, hors dépassements – autour de 200 € en France.

« And my friends ask me why I want to live here ! »

Je ne suis toujours pas blasé.

In God we trust

J’ai beau exercer au milieu de rien, j’ai une patientèle très internationale qui vient des cinq continents.

Bon, ce n’est certainement pas non plus les mêmes nationalités que dans une ZUP : mon seul patient « africain » est un Kenyan… blanc.

Et mon seul patient noir est américain : Marvin.

Je l’ai revu hier à son retour des States où il avait passé quatre mois pour régler des affaires. Il venait faire renouveler son traitement pour la prostate.

Pendant son absence, son épouse était passée me demander une ordonnance pour acheter le médicament ici et le lui envoyer par la poste parce que, là-bas, « It’s much more expensive. ».

« Beaucoup plus cher » ? Mmmouais… j’avais fait l’ordonnance en me demandant s’ils n’allaient pas payer davantage pour l’affranchissement.

Marvin m’a donc raconté hier que la boite mensuelle de Tamsulosine qu’il paye 14 € ici, il l’avait trouvée aux Etats-Unis à… 467 $.

QUATRE CENT SOIXANTE SEPT putains de dollars pour un mois de traitement d’un médicament même pas vital !!!

Je lui ai demandé de m’écrire le chiffre tellement je pensais ne pas bien comprendre.

Il m’a aussi raconté qu’il y a quelques années il avait fait une colique néphrétique. Quatre heures d’hospitalisation. Facture : 8 000 dollars ! La dernière qu’il a faite ici, ça lui a coûté 22 € pour moi, une quarantaine pour l’échographie et une quinzaine pour les médicaments. Tout ça remboursé par le Sécu.

Et il a fini avec un de ses frères qui est décédé il y a quelques années faute d’avoir pu payer sa chimio.

Je savais que de plus en plus d’Etats-uniens allaient acheter leurs médicaments sur le net ou au Canada. J’avais vu l’indispensable « Sicko » de Michael Moore. Mais quand même…

Des différences tellement énormes, je n’arrive pas à ne pas m’en étonner.

Les masses de fric concernées, les lobbies jouant à fond, la puissance des firmes que cela affecte, voilà les montagnes qu’Obama essaie de faire bouger.

En attendant, on comprend mieux l’importance de Dieu dans la culture états-unienne.

Car confier leur santé à la divine Providence, c’est bien la seule chose qui leur soit gratuite.