Voici quelques mois que je me demande comment je formulerai ce billet, ce que j’y dirai ou pas…
Dans 3 mois, je vais cesser mon activité et fermer mon cabinet. Je viens de coller une affiche sur la porte pour avertir mes patients.
Voilà.
Une perspective qui mûrissait depuis un an. Une décision depuis 9 mois.
Des raisons personnelles et professionnelles. Des motivations négatives et positives.
Sur le plan privé bien sûr. Je crois avoir suffisamment goûté d’un tel isolement. Les cinémas à 40 minutes, la gare principale à 1h20, les grandes villes à plus de 2 heures de route, le réseau téléphonique mité, la connexion ADSL anémique, ça commence à bien faire.
Et puis mon homme a des projets qu’il ne pourra pas envisager ici. Déjà qu’il se tape 2 heures et demie de voiture tous les jours depuis des mois, je ne vais pas lui demander de se sacrifier pour moi en continuant comme ça, ad vitam. Nous avons donc décidé de nous rapprocher d’une grande ville.
Et puis il y a les raisons professionnelles.
J’aime toujours la médecine générale, ce n’est pas le problème. Et j’aime en particulier mon exercice ici, à la campagne, riche et varié. Mais je dois bien reconnaître que, malgré la superbe maison médicale dans laquelle je suis, je commence à me fatiguer d’un environnement professionnel assez peu stimulant.
J’ai des relations cordiales avec mes confrères du secteur, mais, à une exception près, pas grand-chose à partager. Je ne les ai jamais vus aller en formation, même pour une seule journée. Aucun groupe de pairs, aucun groupe Balint à moins de 50 km.
Tout comme je me lasse d’un exercice qui finira un jour par tourner en rond faute d’évoluer.
Ainsi, il y a quelques patients pour lesquels, au bout de 8 ans, je ne sais plus vraiment quoi dire ou faire pour avancer. Sentiment de coller toujours les mêmes rustines sur une chambre à air qui fuit de partout. Oh, je n’aurais pas demandé à en être débarrassé ! Mais si quelqu’un avait pu poser un regard neuf pendant quelque temps, ça aurait été bien. Quitte à ce que je reprenne la main ensuite.
Si encore j’avais des stagiaires régulièrement… En cinq ans de maîtrise de stage, j’ai eu un unique interne. Trop éloigné de la Fac, les étudiants hésitent à faire autant de route, ce que je peux comprendre. Quant aux enseignants du Département de Médecine générale, ils fonctionnent entre eux, se répartissant volontiers cette main d’œuvre et rechignant visiblement à la partager.
Je dois bien reconnaître également (source de honte ou bien de fierté ?) que ma manière de travailler me pose un vrai problème financier. Une patientèle très âgée, polypathologique (30 % de mes patients sont en ALD) et « bien éduquée » à ne pas venir pour les petits bobos, ce sont des actes de plus en plus longs et peu rentables. Un seul motif médical par consultation ? C’est l’exception.
J’ai déjà parlé de mes revenus, je sais que je ne suis de loin pas le plus à plaindre. Mais voir mon bénéfice stagner depuis 4 ans ou hésiter à prendre des congés parce que c’est à chaque fois un gros trou dans la caisse, j’en ai un peu assez. Un nanti ? En 8 ans, nous sommes vraiment « partis » en vacances… 2 fois. Le reste c’était une semaine en famille de temps en temps, rarement. Quelques week-ends prolongés. Me dire que je dois vraiment faire gaffe à anticiper le changement de ma voiture qui a dépassé les 250 000 km, tout en faisant des semaines de 55 heures, c’est qu’il y a un truc qui cloche.
Et surtout, surtout, je préfère, un peu égoïstement, fuir avant la catastrophe.
Je suis très pessimiste pour les 15 prochaines années dans des secteurs aussi isolés que le mien. Le canton n’est pas encore désertifié, mais je sais que ça arrive. La majorité des médecins des environs a passé la soixantaine. Ils partiront bientôt à la retraite et je sais qu’ils n’auront pas de successeurs.
Hors de question de commencer à faire de la médecine industrielle et de l’abattage. Hors de question aussi de me sacrifier en passant à des semaines de 80 heures et en renonçant à toute vie personnelle. Ma seule alternative avant que le désert ne gagne : la fuite.
Des raisons positives également.
Avoir noué des contacts via le blog et Twitter a été une vraie bouffée d’oxygène dans ma pratique de tous les jours. L’occasion aussi de rencontrer d’autres médecins avec qui je me sens vraiment en phase, des médecins avec qui, si nous devions travailler ensemble, je pourrais me dire en partant le matin « Super, on va passer une bonne journée avec les copains ! »
Je sais que je me réinstallerai dans un cabinet de campagne. Dans une « campagne » qui sera à 20 ou 30 kilomètres d’une grande ville, pas plus. Et, comme l’a dit ma copine Fluorette, je sais à présent qu’on peut peut-être s’installer n’importe où, mais pas avec n’importe qui. En tout cas, je n’ai plus envie de travailler dans d’autres conditions.
Dans mon futur « cabinet idéal »…
- Nous serons des médecins partageant une vision similaire de notre métier, dotés des mêmes exigences humaines et scientifiques. Autant que possible, nous serons interchangeables pour nos patients.
- Interchangeables pour pouvoir être, par exemple, à 4 ou 5 sur un équivalent de 3 « temps pleins ». Ce qui permettra d’organiser notre temps de manière souple : loisirs, vacances, formations, enseignement, missions à l’étranger ou 2 semaines de remplacement dans une autre région histoire de changer un peu. En tout cas pas l’obligation absolue de garder la tête dans le guidon, année après année.
- Interchangeables, mais, autant que possible, forts de différents domaines d’excellence afin de pouvoir, collectivement, offrir la meilleure prise en charge globale à nos patients.
- Et dans l’idéal de l’idéal, des associés avec qui nous serons suffisamment en confiance pour mettre en place un partage des honoraires en fonction du temps de travail passé. Pas de rancoeurs : ceux que les patients « lourds » effraient pourront se concentrer sur les actes techniques ou les consultations plus rapides. Moi, je leur laisserai la médecine du sport qui m’emmerde et je continuerai à faire ce qui leur fait peur et que je maîtrise bien : la synthèse pour les patients diabétiques-cardiaques-insuffisants rénaux-dépressifs. Je râlerai beaucoup moins de mes actes à rallonge et, dans le même esprit, je mettrai les forfaits annuels dans le pot commun puisque ce sera bien une prise en charge de groupe.
Dans l’immédiat, j’ai besoin de changer d’air.
J’avais une chouette aventure de prévue, mais la vie réserve parfois des surprises et s’amuse à venir jeter des obstacles sur une route bien tracée. Du coup, je ne sais pas vraiment ce que je vais faire dans les prochains mois. Mais je ne suis pas inquiet. Si une porte s’est fermée, il y en a bien d’autres à ouvrir.
Quant à ce blog, que va-t-il devenir ? Je ne sais pas. Beaucoup dépendra de mes futures activités. Si elles sont compatibles avec la préservation de mon anonymat, je continuerai à écrire et, sinon, je me mettrai en sommeil, mais pas sans vous avoir dit au revoir.
Au fait ! Si, malgré ce que je viens de dire, un médecin avait envie de reprendre un cabinet situé dans une superbe Maison médicale, au cœur d’une non moins magnifique région du Sud-ouest, avec une patientèle globalement adorable et des dossiers tenus par un adepte de Prescrire aux tendances obsessionnelles, qu’il ou elle me fasse signe ! Ce serait une bonne surprise.
Je te soutiens dans cette décision. Je te souhaite de profiter de ces derniers moments auprès de ces patients que tu accompagnes depuis ton installation et de réussir la transition. Mes pensées sont avec toi et ton homme.
C’est sûrement un coup dur pour tes patients. Mais c’est aussi un coup dur pour nous, ou du moins pour moi… Régulièrement je pense à ton exercice « lent » et me dit que je peux, je dois prendre mon temps avec les patients lourds et non pas speeder pour tenir dans le quart d’heure alloué par la secrétaire.
Je ne suis que remplaçant mais j’essaye de faire la meilleure médecine que je peux avec les moyens des remplacés qui me sont donnés.
J’espère que tu trouveras tes associés idéaux pour créer ton cabinet idéal !
Bon vent 🙂
Excellente continuation à vous, bon courage pour cette nouvelle aventure qui commence ! 🙂
Ça fait un peu peur tout ça, la désertification des campagnes… Comment voulez vous que les jeunes médecins aient envie de s’y installer alors qu’on leur promet d’être seuls et débordés, sans pouvoir construire leur vie personnelle en parallèle ?!
Ton cabinet idéal m’intéresse beaucoup par contre, si un jour il se concrétise 😉
Voila bien un billet auquel je ne m’attendais pas ce matin ! J’espere que ce blog et vos tweets continueront malgré tout !
Je vous souhaite que vos désirs deviennent réalité.
Courage pour ce nouveau départ !!
Nul doute que tu sauras reconstruire ton activité ailleurs, j’espère que tu trouveras à bien t’entourer. Ton départ est un message fort pour ceux qui nous dirigent, j’aimerais tant qu’il soit entendu à sa juste valeur, mais j’ai hélas peu d’espoir qu’ils aient un réel désir de valorisation de la médecine générale.
Qu’ils sachent que ton départ ne sera pas sans un certain effet boule de neige s’il ne réagissent pas!Ça urge!!!
Bon vent à toi, et à très vite sur Twitter…
C’est une bonne et courageuse décision au vu de tes justifications… J’espère que tu trouveras l’exercice que tu souhaites assez rapidement, et que tu pourras revenir ici pour plus qu’un dernier au revoir 🙂
En attendant bonne fin d’exercice au Bout du Monde…
je partage ta vision du désert et je vis la mm chose depuis 15 ans dans un quasi désert
c’est un peu ce genre de texte que j’écrirai dans qq années quand je fermerai mon cabinet sans successeur ; etais tu installé en solo? au fait as tu un successeur, un associé ?(ceci sans vouloir plomber ton anonymat)
pour ce qui est des revenus, nous devrions (une fois la honte passée) insister tres fortement et lourdement sur le fait que les honoraires sont ridiculement bas, et que pour qui ne fait pas de « consultation de renouvellement »* ce n’est pas rentable d’exercer correctement la médecine
j’ai expliqué dans mon dernier post que je ne publierai pas mon résultat fiscal de l’année tant il est bas j’ai d’ailleurs eu du mal à y croire moi même.
tu fais bien de penser à toi et à ton couple, de te protéger . mais sans vouloir saper ton moral ton cabinet idéal il existe pas…et c’est peut être mieux ainsi : je suis persuadé qu’on se fait ch… grave au paradis 🙂
(*= entrée du malade-rédaction recopie de l’ordonnance-reglement à la secrétaire- tilt au delà d’1 min dans le cab !)
Bonjour,
Malheureusement pour tes patients ta décision ne me surprend pas. Je me demandais ce que pouvait bien faire ton compagnon. Imagine la même vie avec deux ou trois enfants d’age collégien/lycéen par dessus le marché…
Courage pour trouver l’association de tes rêves.
J’espère que nous pourrons toujours te lire.
Tu prends cette décision pour les meilleures raisons qui soient. il faut du courage, mais le plus important dans la vie c’est d’être heureux, en faisant un travail où on se reconnaît, en ayant une vie équilibrée sur le plan privé aussi.
ça me fait peur pour l’avenir, je me dis même qu’il faut pas tarder à s’installer dans une semi-campagne, au risque d’être obligé d’aller subir les contraintes dont tu parles.
Bon vent à toi et à ta famille, ton blog m’a montré que l’excellence de la médecine générale peut être partout!
bises
Sage décision: il faut oser (se) renouveler pour ne pas s’encroûter.
Bonne continuation !
Il y a le rêve et il y a la réalité; il est parfois bon de regarder la réalité en face et de choisir son futur de manière concrète.
Bravo à toi pour ton travail passé et je suis sûr que le travail futur sera différent mais très bien aussi (même si je pense que ta recherche décrite est une belle utopie 😉 ).
Un vrai appel du pied à quelqu’un qui voudrait faire une place à Borée dans son cabinet idéal!
Le futur cabinet idéal est bien décrit, alors y’a plus qu’à! 😉
Bonjour Borée,
Saine réaction, je suis de tout coeur avec toi, de ma sinécure parisienne…
Un conseil : si tu choisis tes associés suivant les critères que tu décris, veille à ce qu’ils soient déjà en couple. Une pièce rapportée peut casser l’ambiance, même sans être au cabinet.
Personnellement, je rêverais de t’avoir comme associé 🙂
Sinon, ce qui est drôle, c’est que bientôt, tout le monde voudra exercer dans le lieu que tu quittes (la maison médicale pour le pro, ton domicile pour le reste). Ne vend pas tout de suite, souviens toi : http://www.atoute.org/n/Deserts-medicaux-Plus-pour.html même si comme souvent, j’anticipe un peu trop.
Ah pardon, j’oubliais de dire quelque chose, concernant les horaires : j’habite dans une grande ville (90 000 habitants, ville régionale, mais entourée d’un désert….si si, en France hein).
Mon médecin travaille de 7h30 à parfois 21h, tous les jours, et le samedi matin. Bon, je pense que ça fait bien 10 h par jour, largement, plus le samedi matin. Quand il part faire des stages (car oui, il se forme toujours, à près de 60 ans, tant il est passionné par son métier), il va à 1 h de train dans la grande ville la plus proche. Il ne trouve pas de remplaçant pour ces horaires là, alors, il dit 9h-18h, et il a des remplaçantes (oui, deux femmes) qui sont d’ailleurs très bien.
Il est seul dans son cabinet, qui est dans sa maison, et sa femme fait le secrétariat.
Pour dire qu’il n’y a pas qu’à la campagne que des médecins sont débordés. Parce qu’un bon médecin, voila, c’est débordé (et il ne prend plus de nouveaux patients depuis 10 ans! Mais, me dit-il, ses patients vieillissent, donc il a de plus en plus de travail…).
Il ne se plaint pas, est heureux de son travail. Ce dont il se plaint, c’est de la suspicion continuelle de la SS et des tonnes de papier (pour lui inutiles) à remplir. Et des coups de semonce de la SS parce que, par rapport aux médecin « moyen », il a trop prescrit ci, demander trop tel acte, etc…Ca, ca le fatigue, beaucoup plus que ses patients j’ai l’impression. Dont beaucoup viennent du bout du département pour le voir…en tant que médecin traitant (puisque c’est le système actuel) c’est dire!
C’est la fin des vacances. pendant que tu lis ça, pendant que j’écris ça, quelques parlementaires se retrouvent à la buvette pour pérorer entre deux gorgeons que, bon, vraiment, pour la désertification ça commence à bien faire, il va falloir passer aux choses sérieuses avec ces privilégiés
Nous avons tous un reve similaire au vôtre mais je crois qu’il est difficile de le réaliser pleinement même en médecine générale de groupe. Je suis dans un cabinet de 5, on a entre 35 et 45 ans donc à peu près la même manière de faire de la médecine. Quoique….
Malheureusement si nous ne faisons pas l’effort d’aller se claquer la bise, on pourrait ne pas se voir de la semaine devant l’activité qui n’est pas non plus démentielle mais on bosse (30/j par médecin).
Les patientèles sont complétement différentes et ne sont pas si interchangeables que ca. D’ailleurs les patients de certains rechignent à voir les autres confrères. En fait les patienteles ressemblent au médecin référent c’est assez flagrant dans notre cabinet. Et la manière de faire de certains heurtent les patients de l’autres….
Nous sommes obligés de prendre un remplacant pdt les vacances car on ne peut absorber l’activité de l’absent sinon on fait de la médecine de merde ce que nous refusons (quasi….) tous.
L’argent est source de conflits meme quand on s’entend très bien, je crois que vraiment qu’il faut bien réfléchir à la répartissions en fonction des horaires. Nous nous entendons assez bien mais le peu de clash qu’il y a eu partait d’un problème d’argent dans les scm et sci. Les jalousies arrivent vite sur ceux qui voient plus. de patients que les autres
L’organisation du cabinet est un boulot à part entière, il y en a tjs un qui s’y colle plus que l’autre, gestion du personnel, gestion des comptes bancaires, gestion des devis (au bout de 10 ans la sci a besoin de travaux, y a des trucs qui lachent type la plomberie etc…, gerer le reseau informatique qui ne marche jamais, bref c’est super prenant et source de conflits. (moi j’aurais pas fait comme ca, patati patata….bin t’avais qu’à t’en occuper….oui mais j’avais piscine….) C’est obligé c’est humain, à 5 il y a forcement des divergences.
Le point positif c’est qu’en effet, nous avons tous nos domaines de prédilections et que nous pouvons demander conseil au « référent » du domaine concerné. Que quand on fait des travaux on sabre le champagne au cabinet. Quand l’une a un soucis d’organisation avec son gamin, y en a tjs un qui la débrouille. On se raconte nos histoires de guerre etc… Oui c’est sûr il y a des avantages mais il faut savoir mettre de l’eau dans son vin….
Bonjour.
Vous faites manifestement une médecine de (grande)qualité, lorsqu’on vous lit à travers vos billets de blog, votre livre, vos tweets.
Votre décision est un choix personnel, qui à mon sens n appelle pas de commentaires, mais qui fera, j en suis sur, beaucoup de bruit, et qui fera poser à nouveaux de nombreuses questions sur les déserts médicaux, les honoraires, la qualité bradée à 23 euros, le risque de burn-out etc…
Reposez vous, vous avez été très généreux avec vos patients ( certains penseront peut être trop ) et vos futurs patients auront besoin de vos extraordinaires qualités humaines et médicales.
Attention, on a souvent la patientèle que l’on mérite, et la sélection se fait progressivement au fil des années… Vous donnez beaucoup à vos patients, notamment du temps, et les patients le savent, et conseilleront à leurs amis, leurs voisins de venir « s’inscrire » chez vous pour ces qualités. Au bout de quelques années vous aurez probablement le même ratio de patients poly-pathologiques…
Bonne et longue route, bravo pour cette générosité !!!!
Confraternellement
Bonjour.
Finalement, nous avons beaucoup de points communs.
je te souhaite sincèrement « Bonne route » et j’espère te rencontrer un de ces jours. Il y a plein de choses stimulantes à faire dans l’avenir pour un médecin compétent et humain ! Tu trouveras sans problème.
Amicalement.
Courageuse décision… j’ai failli la prendre à plusieurs reprises, j’ai tenu bon, contre vents et marées. Je ne regrette pas mon choix;
Il ne faut jamais regretter ses choix.
je te souhaite une bonne continuation, notre métier est beau, on peut l’exercer de différentes façons; I’important est de ne pas y ruiner sa santé ni son moral
Toute mon affection twitterale.
Snifff… c’est normal que tu sois un peu « usé » mais c’est dur de se dire que ces patients vont devoir se fier à un autre médecin (si un nouveau arrivait) et surtout de se dire que pê ils devront faire encore plus de km pour en trouver un (s’ils les font ces kms)… Je connais ça. Ici aussi ça se désertifie, mais pour les ophtalmo, dermatos & homeo. Pas évident quand on est un couple à lunettes, avec des enfants… faut faire 100kms pour consulter… on fait un tir groupé mais du coup on n’y va pas tous les 4 matins ça c’est sûr…
Que faut-il faire pour que nos campagnes soient « attirantes » ? Cela fait peur…
Mais sinon bon vent ! Car une nouvelle aventure prend place !! Et ça c’est du positif !!! J’espère continuer à te lire, car vraiment tes messages faisaient du bien : on pouvait se dire que des vrais médecins, il en existe encore !
Merci pour ce billet si clair sur des problèmes réels à la médecine, vrai dans les problèmes personnels, destiné à des gens qui te lisent, ont une image « un peu globale » de toi et apprécient en général ce que tu dis.
Que tu sois allé le publier tel quel sur rue89 m’interroge par contre sur un léger côté masochiste 😉 même si je peux comprendre l’envie de partager…
C’est bien et c’est nécessaire. Bisous.
Si des gens aussi motivés que vous abandonnent, on est très très très mal partis …
Bon rebondissement futur ….
Borée,
Je suis sur le cul.
Si toi tu t’en vas, quel espoir va-t-il rester pour les jeunes ?
Mais ta décision est la bonne puisque tu l’as prise.
Je pense que nous en sommes arrivés au début de la fin de la médecine générale et qu’il y aura un ab et un pb (ante borée et post borée).
Et encore n’as-tu pas d’enfants actuellement…
Je n’aime pas la campagne (étant pourtant du côté de mon père d’une famille d’agriculteurs) et je ne peux être juge de tout cela.
Je te souhaite très sincèrement beaucoup de courage et des choix éclairés pour ta prochaine installation.
Et j’espère continuer à te lire…
jcgrange
Bonjour Borée. Une lecture diagonale évoque plus un changement de tableau qu’une fin de partie !? Me voilà rassuré 😉 Bonne route.
Voilà une nouvelle bien triste pour la médecine générale… J’espère que pour vous ce n’est pas une si mauvaise nouvelle ! Il me semble que cela nous rappelle que le problème des déserts médicaux est aussi le problème des déserts tout court… et que le payement à l’acte n’est pas satisfaisant, non? Je n’ai jamais eu le courage de m’installer et ne voit pas bien comment je pourrais l’avoir dans les années qui viennent…
Très bonne continuation à vous!
Surprise et choquée de ta décision… Envieuse aussi, par moment. Tu as osé, toi.
Une médecine de qualité demande du temps, de l’écoute, de la réflexion, de la négociation. Faire rentrer tout ça dans 15 minutes, dans 30, ça devient envisageable. Seulement une médecine de qualité réclame aussi de l’infrastructure, du personnel, du matériel, de la formation, et avec des actes à 23 euros, nous sommes acculés à faire des choix: réduire la durée ( et la qualité) des actes, diminuer l’infrastructure (et la qualité des moyens), réduire le temps de vie personnelle (et sa qualité).
Tu as eu le courage de prendre une décision.
Bonne continuation.
la médecine libérale est morte vive la médecine libérale.
treize ans que je remplace en médecine générale. Ton cabinet idéal fait rêver et me donnerai presque envie de m’installer… bravo
paiement a l’acte ou pas le problème est l’absence de revalorisation depuis xxxxxxx années. travailler avec les tarifs du début des 90s ce n’est plus possible. travailler dans un pays qui te tond la laine fraiche sur le dos ce n’est plus possible. cautionner toutes les conneries du ministère, de l’HAS, des ARS ce n’est plus possible. Ah en fait si c’est possible c’est la france et son troupeau de veaux (dixit le grand charles). Généralistes vous dormiez et pendant ce temps les politiques et leurs copains gestionnaires des OCAM ont mis en place un plan pour éradiquer les médecins libéraux. C’est le syndrome de la grenouille : tu la plonge dans l’eau bouillante elle s’échappe. Tu la fais cuire à feu doux, elle s’endort paisiblement. Les grenouilles c’est noooooooous. Et les centres mutualistes c’est tout pret, y’a plus qu’a mettre en application, ce sera d’autant plus facile à imposer avec la crise que va connaitre la france en 2014. le changement c’est maintenant et on va avoir mal aux dents.
Borée,
Je préfère commenter ici que sur rue89, je trouve que les commentaires y sont… Bref. Je te (vous) souhaite de trouver un endroit qui vous satisfera tous les deux, tant au point de vue personnel que professionnel. Tes futurs associés ne connaissent pas leur chance 🙂 Le futur est incertain mais je suis quasi sûre qu’il vous sourira, toi et ton homme êtes des belles personnes, vous trouverez donc forcément à vous entourer d’autres belles personnes 🙂 Bon et sinon, tu sais où j’habite hein, si tu veux te reconvertir complètement et créer une Maison de Santé avec service d’aide à domicile intégré… (ben quoi? On peut rêver non?) 🙂
Depuis que tu écris, sur ton blog, sur Twitter ou dans ton livre, tu as montré ce que peut être une médecine humaine, responsable dans un endroit reculé.
Cette nouvelle fut une surprise tout en étant dans la lignée de ce que tu as publié depuis tant d’années. En effet, tout n’est pas rose, tout n’est pas noir.
Dans tous les cas, nous sommes, j’en suis certains, beaucoup de jeunes étudiants à continuer de vouloir, un jour, pratiquer comme tu l’as fait pendant 8 ans. Même si celle-ci n’est pas un paradis.
Bonne suite à vous deux.
ta décision est le reflet d’un sursaut de lucidité, de survie face à des conditions de plus en plus difficiles de certains exercices et vie en territoire d’isolement de toutes parts.
Bonne route et bon vent.
ça me fait penser à Bobby Lapointe et son petit homme qui vivait d’espoir et qui lui n’avait pas dû lire « l éloge de la fuite » avant l’aspiration par le désespoir.
Petit Homme Qui Vit D’espoir
Petit homme qui vivait d’espoir
Rencontra sur la butte un soir
Femme-enfant de grande beauté
Fille-fleur aux souliers crottés.
Aussitôt son cur a bondi
S’est senti l’âme d’un bandit
Y avait du bonheur à ravir
A une fill’ belle à ravir
L’aborde et lui dit : « Bonsoir…
Je suis l’homm’ le plus rich’ d’espoir
J’en ai trop, j’en ai bien pour deux
Et de vous je suis amoureux
J’ai l’espoir de toujours vous voir
J’ai l’espoir d’bientôt vous avoir
J’ai l’espoir de mettre à vos pieds
Les richesses du monde entier.
A pris ses plus jolis espoirs
Les a mis dans un grand mouchoir
A la belle il les a donnés
Mais la belle les a piétinés.
Elle a dit : « le truc de l’espoir
On m’l’a déjà fait, pas d’histoires
Offre-moi des réalités
Sinon sur moi faut pas compter ».
Petit homm’ qui vivait d’espoir
A pleuré dans son grand mouchoir
A pleuré tout ce qu’il savait
Et aussi ce qu’il ignorait
Est monté sur la tour Eiffel
Et s’est élancé vers le ciel
Est retombé sur la chaussée
Son sang a tout éclaboussé.
Les passants, de sang tout tachés
Sont allés se faire détacher
Du moment qu’y a des teinturiers
Faut bien les faire travailler.
Je viens de lire votre message, je le comprends, même si je ne suis pas médecin mais patiente.
Ici, en seine et marne, on est à la campagne (oui à 40 du cinéma quoiqu’il y en a un à 15 mn mais c’est un indépendant), pas loin de grandes villes et nous venons de nous faire avoir par un médecin qui avait des pratiques douteuses et qui a finit par retourner chez lui, sans prévenir, sans explication. Enfin pas une maison médicale mais un cabinet médical (presque neuf, en tout cas construit il y a environ 4 ans avec fourniture d’un PC, de matériel médical), une patientèle âgée mais aussi des enfants (environ 300 élèves de primaires) et de nombreux couples qui viennent chez nous à la recherche de la campagne mais pas trop loin de Paris. Des collègues médecins à 5/10 minutes qui sont eux aussi surbookés et ne peuvent donc pas prendre de « nouveaux » patients. Vous l’aurez compris, on recherche un médecin ! Un médecin consciencieux, ponctuel (peut importe qu’il veuille faire des « horaires de bureau » mais qu’il respecte les horaires), et surtout un médecin qui respecte ses engagements. Docteur, n’hésitez pas à me contacter par mail :)Bonne journée !
Prendre la décision de continuer son chemin ailleurs est souvent très salvateur, et c’est une grande qualité que de savoir partir quand il est temps. Bon courage pour ce grand changement, et plein de bonheur pour la suite !
Égoïstement j’espère que ce blog survivra, ou du moins que l’on continuera à lire du Borée, ici ou ailleurs 😉
Crénom, la douche froide !
Je lis pas mal de blogs mais je commente rarement, surtout quand, comme ici, je ne suis pas concerné (ni toubib ni patient (pourvu que ça dure !)) : je ne me sens donc pas « habilité » à intervenir.
Mais là, c’est plus fort que moi.
Bien sûr je comprends votre cheminement, et puis surtout, je ne me permettrais certes pas de porter le moindre jugement sur vos choix.
Je veux juste insister sur un point très important : ne laissez pas tomber votre blog, continuez à écrire.
Il existe tant de raisons de douter de la nature humaine, alors que vos écrits, au contraire, sont de ceux qui, (comme quelques autres, trop rares), diffusent de l’espoir, et mettent du baume au coeur de bien des personnes.
Ne sous-estimez pas cet aspect des choses.
Tous mes voeux pour la suite.
À bientôt j’espère …
Hello, voilà de nombreuses années que je te lis, et je comprends très bien ta décision, mais je souhaiterais (egoistement) que tu continue à écrire dans ce blog. J’adore lire tes anecdotes et je trouve que tu écris très bien l’humanité de notre métier. S’il te plait, continue à nous rejouir de ton vécu…
Repris dans rue 89, là tout de suite! : http://www.rue89.com/2013/03/18/medecin-de-campagne-je-prefere-fuir-avant-la-catastrophe-240634
Ce n’est pas une fin mais un nouveau commencement.
Bravo pour cette décision difficile et courageuse, mais on te fait confiance pour rebondir et continuer d’être un modèle pour la prochaine génération, dont je fais partie.
Bon courage et bonne chance
J’exerce depuis 30 ans dans le même village ( mais à coté d’une ville ) . C’est bien de pouvoir suivre les enfants des enfants .. mais je pense que c’est bien aussi et enrichissant de faire un parcours professionnel varié ( je pense que cela sera la regle pour la nouvelle generation
Salut Borée,
Bonne route pour la suite.
Je reviendrai juste sur: « Quant aux enseignants du Département de Médecine générale, ils fonctionnent entre eux, se répartissant volontiers cette main d’œuvre et rechignant visiblement à la partager ». Je suis enseigant de Méd Générale en Aquitaine, et c’est pas très sympa de dire ça et surtout pas vrai du tout. Le fait est que les postes de stages sont ouverts, mais que les étudiants ont comme principal critère (bien avant l’intérêt pédagogique, je le sais car on l’a étudié) la proximité de Bordeaux. C’est parfois un peu décourageant, mais c’est comme ça. Et je t’assure que ça n’a rien à voir avec une quelconque volonté du département de médecine générale.
J’ai souvent lu votre blog et j’ai rarement où jamais posté. Je ne suis pas médecin, mais patiente.
Je comprends parfaitement votre décision, même si je dois la regretter pour vos patients. Vous paraissez être un médecin bien, humain, un comme on l’aimerait avoir comme médecin généraliste.
Je vous souhaite bon courage et bonne chance (et dans l’espoir de vous relire ultérieurement sur des sujets pas encore attaqués^^ qu’est ce que l’humain est égoist hi hi hi je parle de moi!!!).
Il ne faut jamais culpabiliser, on n’a qu’une vie, et changer de métier en restant dans la médecine, c’est possible, le champs est vaste, tous les dix ans c’est l’idéal.
Perso je suis mili depuis 2006, et jamais je ne reviendrai dans le libéral, qui est condamné.
Quand aux patients, c’est comme les amis de vacance, une fois quittés, tout le monde s’oublie.
Bon courage, ça va marcher.
Triste mais pas surprise par ta décision…
Pas surprise non, car les problèmes de la médecine de qualité, qui prend du temps, isolée, avec une vie familiale, un conjoint qui travaille loin, tout simplement parce qu’il ne trouve pas à côté… on en a déjà parlé, et je connais.
Et triste, comme pour les annonces de Genou des Alpages, parce que je voyais en sa médecine et en la tienne – non pas un idéal – mais une médecine telle que je voulais la pratiquer : une médecine de proximité, dans une campagne que j’aime, loin de l’idée de la médecine de consommation, une médecine pleine de gestes qu’on ne fait plus en ville, et pleine d’humanité (qu’on peut quand même faire en ville rassurons-nous)
Bref je voyais cette médecine là, et je me disais que malgré les obstacles, les difficultés, les mauvaises langues, elle était possible, et on pouvait la pratiquer en étant épanoui et que tout allait bien.
Et ton départ me montre que non c’est pas si simple, et les difficultés sont réelles et nous bouffent, et je me dis (et c’est loin d’être un reproche) que si même TOI tu n’y arrives pas malgré ta motivation et tes idéaux, ben on n’est pas près de s’en sortir.
Mais que ça nous empêche pas d’essayer hein, j’y crois toujours aussi à mon cabinet idéal 😉
(ah oui pardon j’ai oublié un bout)
Ma région est loin d’être un surnombre médical non plus, avec comme chez toi des centres urbains attractifs et de sacrés déserts dans de sacrées belles campagnes.
Le DMG impose depuis plusieurs années 1) qu’il y ait de plus en plus de MSU en zone rurale éloignée 2) que TOUS les stages chez le prat soient choisis à chaque semestre.
Du coup c’est le CHU qui se retrouve avec plein de postes non pourvus (ce qui est dans la ligne de conduite du DMG)
Je ne dis pas que la politique du DMG est idéale, elle est même peu appréciée des internes. Parce que se faire imposer 6 mois de stage à Perpète-lès-Paumé, à 3h de route de son conjoint, avec un bébé de 2 mois, parce que – congé mat et déclassement oblige – on est dernier à choisir, je ne vais pas dire que c’est formidable non plus.
Mais du coup les MSU de Perpète-lès-Paumé ont des stagiaires quasiment tous les semestres. Et qu’année après année, le bouche à oreille marche : il est très réputé le stage de Perpète-lès-Paumé.
Comme quoi, le DMG a un peu son rôle à jouer aussi. (aide au logement, aux déplacements etc. au moins)
je ne sais pas quelle a été la réaction des patients à cette annonce, mais je pense qu’ils ont perdu un médecin de qualité , parfois « un peu dur et rigide » comme ils disent, mais ils savent que c’est pour leur bien, car des compliments il en pleut à chaque consultation 🙂
j’espère que le relais sera assuré par quelqu’un de ton niveau médical et humain.
mais sinon, nous aurons peut être l’occasion de collaborer ensemble si tu te rapproches de ma ville, en espérant être un correspondant de qualité pour tes patients, car j’ai beaucoup appris grâce à toi et via tes patients, même si notre rencontre a été brève.
à très bientôt Dr Borée
et en cas de culpabilisation excessive , je pense que la lecture du forum de rue89 sera un excellent remède .
Salut Borée,
Je ne t’ai jamais laissé de commentaires mais j’ai lu l’intégralité de tes écrits et à l’heure où tu dévisses ta plaque, je voulais juste que tu saches que tu fais partie des médecins qui ont contribué à préserver mon envie de faire ce métier et qui m’ont permis de supporter certains jours pas faciles à l’hôpital.
Donc avant tout, merci à toi, en espérant pouvoir te lire à nouveau.
Il faut dire les choses clairement.. Ce post « fin de partie » mérite d’être diffusé !
Pensées …
Attaquer la semaine en lisant ceci… Dur, très dur :/
J’espère que pour toi et ton compagnon tout se passera bien et que vous aurez un chouette nouveau départ, cependant, je ne peux qu’égoïstement souhaiter que ce nouveau départ ne nous prive pas de tes billets.
Au pire, deviens écrivain stp !
merci pour tout,
bien amicalement
B.
Quel courage!
Et dévouement surtout
Même une semaine je n aurais pas tente
Bonsoir,
j’ai parfois eu l’occasion de mesurer à quel point tu peux être surprenant et pour le coup je suis vraiment surpris par cette décision, que je respecte néanmoins. Aucun de tes billets ne m’avaient mis la puce à l’oreille… Votre décision est courageuse, pleine de panache et de réflexion, je vous souhaite un beau « voyage ».
Salut Borée !
J’ai comme une petite boule au ventre ce soir en te lisant … Je me rends compte à quel point tes posts font écho à ce que je vis aussi dans ma médecine de demi-campagne, en les lisant je me disait souvent « ça alors, j’aurais pu l’écrire » . Comment en est-on arrivés là ?? Tu l’expliques très bien, mais n’empêche que ça fait C…. de voir que notre maître Ioda il nous plante là, ses petits Jedis.
Je tiens à te remercier du fond du coeur pour ce que tu m’as donné ainsi je pense qu’à beaucoup d’autres.
Diabolos, position à l’anglaise … pour le pratique. Ta colère contre Moustache, ta tendresse pour les gens, un « venez donc avec » qui surprend et fait chaud au coeur émanant de la France profonde… des souvenirs de tes posts auxquels je pense souvent.
Je t’en prie, continue d’écrire ! Car tu insuffles peut-être sans t’en rendre compte quelque chose qui nous porte dans notre métier et notre humanité.
Ne nous laisse pas sans nouvelles … et si tu cherchez un groupe de pairs le nôtre t’est grand ouvert !
Cher Borée, bon vent à toi et ton homme, qu’il vous amène sur une terre plus douce.
Et Merci pour tout, vraiment.
il vaut mieux un médecin heureux dans se choix plutôt qu’un burn-outé. j’en ai un dans mon entourage et ce n’est pas bien gai.
Bonne route
Très émue par ton post, mais sage décision pour toi, pour ta famille…j’ai dévissée ma plaque il y a presque 10 ans , souvenirs…mais pas de regrets et plus de libéral non plus. Bonne continuation !
Borée,
tu as dû tourner les mots, tout comme vous avez dû peser la décision… J’ai l’impression qu’au delà du médecin de référence, c’est surtout ton humanité rigoureuse que tes patients vont regretter.
J’espère que nous aurons la chance, en tant que lecteurs, de continuer à savourer tes écrits, qui trouvent écho chez les soignants et les patients.
Je vous souhaite une belle nouvelle aventure 🙂
(pff, mais entre ce billet et celui des Alpages…quelle soirée :/ )
Bonne chance pour tous vos prochains projets (et pour ceux de votre compagnon !)
Mais comme d’autres, égoïstement, j’aurais envie que ce blog si enrichissant continue…
Toi qui passe parfois pour le super héros de la médecine rurale, et qui renonce devant les conditions qui deviennent de plus en plus insurmontables avec le temps, ça montre à quel point tu es humain, dans tous les sens du terme, fragile malgré ta carapace de macarons « lecteur émérite Prescrire », et conscient de ta capacité à devenir un médecin maltraitant dans un système de santé qui ne te permettrait plus d’exercer comme tu le sens.
Je ne doute pas que tu sauras trouver un autre endroit pour partager ton enthousiasme de la médecine de proximité avec des collègues et des stagiaires qui te ressembleront.
Bon vent.
Sachs Jr
Bonne continuation et bonne chance
Bonne continuation Dr. Borée !
Sache que ton blog m’a émue, fait avancer, donné envie d’être généraliste, redonné le moral en révisions ^^, donné des leçons de vie… Et surtout, tu as planté cette petite idée dans ma tête qui germe petit à petit, cette idée que peut être, un jour, dans 10 ans, je viendrais bosser à la campagne (pour être « loin des villes, proche des gens » 🙂 ).
Merci pour tout
(une étudiante en médecine que tu inspires beaucoup)
Merci pour tous vos adorables commentaires. Me voici tout ému.
Ce qui est chouette c’est que, contrairement aux hommages des éloges funèbres, je peux en profiter ! 🙂
Pour répondre à quelques questions…
Si je fais un « discret » appel du pied en fin du billet, c’est bien que je n’ai pas de successeur prévu. Si je devais en trouver un, ce serait une excellente surprise mais j’ai cherché en vain un(e) associé(e) pendant un an, alors je ne me fais guère d’illusions.
Voilà un moment que j’ai de vrais états d’âme. Que je me demande si je ne renvoie pas une image trop idéale de la médecine rurale et si je ne prends pas ainsi la responsabilité de pousser des jeunes médecins à se fourvoyer. Vraiment, cette question me travaille.
J’ai eu l’occasion d’en discuter avec quelques-uns à l’occasion de séances de dédicaces. Leurs réponses m’ont plutôt rassuré.
Oui, il est possible de faire de la médecine générale de qualité, en prenant son temps et en ayant de hautes exigences scientifiques et humaines.
Oui, il est possible de gagner TRES bien sa vie en étant généraliste.
Non, dans l’état actuel de notre système, ces deux exigences sont incompatibles. On peut envisager de faire de la bonne médecine et de vivre assez confortablement mais pas d’être riche.
Quant à la localisation et aux conditions d’exercice, ça dépend vraiment des priorités de chacun.
Certains pourront très bien être heureux en cabinet solo ou alors dans une association où chacun se contente des politesses d’usage sans avoir besoin de partager beaucoup de choses. Moi, ce n’est plus ce dont j’ai envie.
Et, oui, on peut parfaitement prendre son pied en rural isolé si ça correspond à un choix de vie. Et à un choix partagé en famille.
Enfin, pour le blog, il continuera bien sûr, tant que j’aurai des choses à raconter et tant que ça ne remettra pas mon anonymat en cause. Ça, pour le moment, je n’en sais rien du tout.
Bravo Borée,
Qu’est-ce qui est le plus important ? l’endroit ? les associés ? ton confort personnel ? C’est énervant de devoir choisir, mais le cabinet idéal n’existe pas, il faut trouver celui qui s’y approche, même si DD prédit l’apocalypse pour bientôt…
Il faut savoir partir tant que tu as l’énergie de recommencer.
t’inquiète pas, des petits vieux avec un dossier médical plus lourds qu’eux, tu en trouveras partout.
Mais si tu te rapproches d’un noeud ADSL et que tu arrêtes ton blog, ce sera un réel gachis :o)
Bonsoir.
Je suis touchée par ce post.
j’ai faillit dire pareil ce soir en rentrant alors que ma plaque n’a même pas 6 mois.
Dans notre cabinet, je pourrais te faire une petite place…
On s’emmerde à la campagne au bout d’un moment. on finit par tourner en rond.
C’est drole comme on s’attache à des personnes inconnues …juste parce qu’on les lit ..et qu’on aime ce qu’ils écrivent..toute triste du coup ! enfin, on a encore 3 mois pour profiter de vous 😉
mince pas toi pas encore un super médecin qui quitte la campagne.
Ca me fait rager de voir un médecin si consciencieux, si humain partir.
J’espère que tu reviendras t’installer dans une autre campagne qui correspond mieux à ta vie et celle de ton conjoint.
Borée
je ne comprends pas cette histoire d’anonymat alors que tu as donné tes coordonnées sur le net…. 😉
merci pour les posts
merci pour ce témoignage et pour ce partage de décision !
travaillant sur un projet « idéal » partagé, en zone déficitaire, je me heurte à une fin de non recevoir par nos élus localement alors que projet soutenu par ARS, les facs, l’URPS… comme quoi, la médecine générale reste une galère.
Belle route !
Bonjour Borée
Nous partageons votre vision :
« Oui, il est possible de faire de la médecine générale de qualité, en prenant son temps et en ayant de hautes exigences scientifiques et humaines.
Oui, il est possible de gagner TRES bien sa vie en étant généraliste.
Non, dans l’état actuel de notre système, ces deux exigences sont incompatibles. On peut envisager de faire de la bonne médecine et de vivre assez confortablement mais pas d’être riche.
Quant à la localisation et aux conditions d’exercice, ça dépend vraiment des priorités de chacun.
Certains pourront très bien être heureux en cabinet solo ou alors dans une association où chacun se contente des politesses d’usage sans avoir besoin de partager beaucoup de choses. Moi, ce n’est plus ce dont j’ai envie.
Et, oui, on peut parfaitement prendre son pied en rural isolé si ça correspond à un choix de vie. Et à un choix partagé en famille. »
Au délà de ce partage d’analyse, nous avons publié un communiqué de presse pour rappeler le besoin urgent de réponse adaptée à la situation des médecins généralistes : http://0z.fr/rCE2B
Toutes nos amitiés !
Bon c’est pas moi qui vais te reprocher de vouloir changer d’air… Je te souhaite une belle deuxième carrière, car je suis sûr que tu vas en avoir une. Mais je suis sûr aussi que ça peut t’aider de continuer à tenir le blog. Les gens qui aiment les histoires aiment les suites. 🙂 Et ton histoire n’est pas finie, même si tu changes de lieu. Elle n’est pas finie même quand on change de continent, alors… Bon vent à tous les deux. I’ll be reading you !
Mar(c)tin
Salut a tous pas facile la vie , c’est trop de sacrifices pour ta vie personnelle ,elle passe vite la vie il faut pensser a soi aussi. Bon courage et garde ton blog (je suis medecin g. aussi mais d’un autre pays)
Borée ,
je crois que tu fais une benoiseizite aigue!
j’espère que tes patients auront très vite un super généraliste pour s’occuper d’eux , je te souhaite tout le meilleur pour la suite de tes aventures.
Cher confrère,
Je viens de découvrir votre Blog » grâce » au site Egora. Je suis confus de ne pas l’avoir connu auparavant. C’est top. Très triste après tous vos brillants écrits ( Eh oui, certes avec retard mais je les ai lu ) que vous preniez le large. Ce n’est pas un reproche mais un constat de votre épuisement. Récemment installé j’ai la chance de vivre dans une ville moyenne près d’à peu près tout.
Au cours de précédents remplacement j’ai pu voir ce qui en milieu rural pouvait être désespérant. Bon courage pour la suite. NB : Je cherche un associé pour mon cabinet ou 2 médecins vont prendre leur retraite dans le 16…. Mais n’y voyez aucun courriel intéressé.
Bien à vous.
Voilà un billet qui me fait froid dans le dos, à moi étudiant en 6 ème année qui doit « choisir » sa spécialité à la fin de l’année (les guillemets c’est parce qu’en réalité il y a un concours, donc on choisit que si on réussit ! Sinon, on prend ce qui reste… si, c’est vrai).
Bref. Je fais partie de ces jeunes qui ne veulent pas vraiment faire de la médecine G … Enfin qui ne veulent pas… . J’ai été en stage, et j’ai bien aimé ! C’est même une spécialité que je classerai sur le podium de mes spécialité préférées… mais quand je lis ça, quand j’ai vu mes maîtres stages passionnés, mais épuisés … Quand je vois l’avenir qu’on prépare (pas du tout) à la médecine G, comme beaucoup d’étudiants finalement je suis effrayé. Après 6 ans à réviser, bachoter, à aller en en stage au CHU (et donc aussi chez le praticien) transformé en bête de concours j’ai finalement l’illusion (l’envie ?) de croire qu’une spécialité « d’organe » apporte une charge de travail certes grande, mais peut être un peu mieux maitrisée… Ou peut être ce qu’on voudrait nous faire appeler un « confort », mais pour moi des conditions de travail plus acceptables ? Ce billet ne me donne que de nouveaux arguments pour y croire, et craindre de devoir un jour être « forcé » de m’installer dans un « désert médical »… Tour est fait pour nous faire peur à nous les étudiants : nos futurs confrères dont la joie d’exercer dans les conditions actuelles ne ressent pas forcément au quotidien, comme le gouvernement qui espère en nous tendant un billet (à défaut du baton, pour l’instant) que nous seront assez naïfs (ou cupides) pour ne pas voir la supercherie… Oui médecin G en zone rurale, c’est sans doute le métier que j’aurai rêver de faire dans votre cabinet idéal, mais dans le doute, quand même , je vous laisse, je retourne réviser, j’ai un concours à la fin de l’année…
(bravo pour votre blog, et bon courage pour votre (ré)installation future )
Ma bonne dame, tout fout’l camp : Jérôme Cahusac, B-Sixteen et Borée. Mon moral aussi.
Je me disais : il est parvenu à concilier – à la campagne ! – vie professionnelle, vie personnelle, temps de formation et revenus corrects (!?). Sans faire 80 heures par semaine, en décortiquant Prescrire et en participant aux FMC. En plus du blog. Quel homme, quel médecin !
Je me disais : il a trouvé le Graal, je vais mettre mes pas dans les siens, je vais m’installer dans mon Sud Ouest au bout de 16 ans de remplacements dans des campagnes et des montagnes reculées.
Je me disais : tout m’est possible puisque quelqu’un ayant des aspirations proches des miennes l’a fait, je n’aurai qu’à suivre le fil qu’il a tendu. J’ai lu et relu votre blog et ceux de tant d’autres qui vous ressemblent.
Borée, votre enthousiasme a failli m’emporter, j’étais à deux doigts de dire oui à une installation.
Finalement, je me dis, je vais attendre. Les remplacements, c’est intellectuellement frustrant, mais je peux suivre un troisième DIU (TTC, j’en salive d’avance), prendre dix semaines de vacances par an et participer à deux groupes de pairs. C’est intellectuellement motivant.
Je viens de sentir le vent du boulet…
bonjour,
j’ai vécu tout ça, exactement cela et ta partie de vie que tu décris pendant 13 ans et du haut de mes 60 ans, je peux te dire qu’on peut vivre heureux et toujours esprit « prescrire » et « obsessionnel » autrement ; les acquis de la médecine de campagne sont un trésor qu’on garde toute sa vie professionnelle durant. ça aide à avancer.
amitiés
Bonjour,
J’ai une idée : venez dans mon village ! Alpes-Maritimes, 45 minutes de la mer, 10 minutes du ski, cinéma, ADSL très correct, SFR-ORANGE-BOUYGUES, Pharmacie, kinés, ide libérales, orthophoniste, maison médicale, radiologie, plusieurs hôpitaux, ski, raquettes, randonnée, VTT, sports d’eau vive, tennis, zumba, commerces, restaurants, italie à proximité, médiathèque, musée… J’arrête mon inventaire à la prevert (mais je peux continuer si vous insistez), vous l’aurez compris, c’est un paradis. Tentez une nouvelle partie, On vous attend 😉
Sincèrement bonne chance pour ton avenir professionnel , sans vouloir te critiquer , soit plus égoïste et moins idéaliste, penses que nous sommes des entrepreneurs avec des CA et des bénéfices , je me suis souvent demandé si faire du chiffre était compatible avec une bonne pratique , je crois à la démonstration par l’absurde : faut il être pauvre pour être honnête et avoir un faible CA pour faire une bonne médecine : pas si sur !
Je te souhaite plein de bonnes choses
Bonjour et merci pour votre blog qui fait partie de mes lectures habituelles sur le web, avec d’autres.
Je me reconnais, comme beaucoup d’autres MG manifestement, dans vos propos et votre quête, et je vous souhaite de trouver une voie qui vous convienne.
Pour ma part je me rapproche aussi d’une grande ville, mais en gardant une activité de MG à mi-temps, compromis que je trouve tout à fait remarquable et que je vous engage à essayer : il laisse du temps à côté pour souffler, pour exercer un autre travail éventuellement, se former, et trouver du temps personnel et/ou familial ; mais il permet aussi de tisser des liens de confiance dans le temps avec des patients. Dans le contexte actuel de l’exercice libéral ce sont des atouts très précieux 🙂
Bonne continuation
Dr Goro
C’est en partie grâce à vous que la médecine générale commence à me sourire pour un ECN qui vient doucement. Merci pour vos mots, et je vous souhaite plein de bonheur.
Une externe !
Bonjour ami Borée,
Je lis ton blog depuis si longtemps que je te considère presque comme un ami. Je n’avais jamais déposé de commentaire, mais là ,ça s’impose. Effectivement, je suis peinée de ton choix , que je comprends et respecte parfaitement. Mais si toi tu arrêtes de faire le docteur à la campagne, qui le fera? J’espère moi aussi que tu continueras à tenir ton blog , j’apprécie tellement la lecture de tes billets ! J’espère que vous trouverez un bon choix de vie avec ton compagnon et je pense qu’il faut apprendre à préserver sa vie privée , la médecine libérale est tellement envahissante! Bon vent, sois heureux.
Que vois-je ? Docteur Borée a droit à un article dans Egora ! Eh bien, j’ignorais que vous étiez aussi célèbre ! Bon vent et bravo pour votre blog.
Réponse au malaise des médecins 2.0
Tout d’abord, merci pour toute votre réflexion sur la médecine, ses conditions d’exercice et les rapports médecin/patient. Je vous lis (en tout cas un certain nombre d’entre vous) régulièrement et cela m’a beaucoup appris et apaisée dans mes relations avec la médecine.
Je ne minimise pas votre mal-être, je sens bien que votre épuisement est réel, que vos demandes sont légitimes. Cependant, examinons quelques points :
1. L’envahissement administratif, le sentiment d’urgence, de devoir bâcler ses tâches quotidiennes sans pouvoir réserver de temps à l’approfondissement et l’étude, l’impression que le temps du travail bien fait est révolu n’est pas le seul apanage des médecins. C’est une tendance, déplorable mais générale, de notre société actuelle. J’ai l’impression que nous arrivons à un tel ras le bol de cet état de fait que plusieurs corporations réagissent et tentent d’infléchir le cours des choses.
2. Reconnaissons la part « d’étudiant gâté » qui est en nous. Je m’inclus dans le lot, j’ai fait prépa puis une école d’ingénieur « prestigieuse » et la principale rengaine des enseignants et encadrants était de nous promettre une carrière professionnelle pleine de satisfactions grâce à une stimulation intellectuelle permanente. Et bien ils ont menti. La vie professionnelle n’est pas, à de rares exceptions près, un paradis où nos neurones sur-nourris peuvent s’ébattre en toute liberté.
3. Vous n’êtes pas les seuls à travailler beaucoup pour un salaire horaire médiocre. Regardez autour de vous, il y a d’autres professions indépendantes exactement dans le même cas. Oui me direz vous mais ils n’ont pas fait 7 ans d’études ou plus. Relisez attentivement le point 2. Nous avons eu la chance de faire des études longues et difficiles mais passionnantes, après des concours sélectifs réussis à la sueur de notre front mais aussi grâce à des facilités intellectuelles que nous avons gagné à la loterie de l’évolution et aussi souvent grâce à un milieu social favorisant. Ces autres qui travaillent autant que vous, sont ils moins méritants ? Ne possèdent ils pas des qualités différentes de cette agilité intellectuelle qui fait notre fierté ?
4. Ne surestimons pas le confort du salariat. D’une, beaucoup de salariés CSP+ travaillent aussi d’arrache pied, peut être pour des salaires supérieurs, mais dans ce domaine j’ai l’impression que beaucoup ne sont jamais satisfaits et en veulent toujours plus. Et parmi les autres, qui ont des postes plus modestes, vous en trouverez mais qui mettent leur temps mais aussi leur motivation, leur énergie et leur intelligence au service de leur métier bien au delà de ce que leur paye l’exige. Et, scoop du jour, lorsque vous êtes salarié, vous avez un patron. Oui on se sent moins seul. Oui on n’est plus obligé de s’occuper de déboucher les toilettes quand ils tombent en panne. Mais adieu la liberté de choix, l’indépendance, la griserie. Etes vous sûrs qu’après plusieurs années de pratique libérale vous trouverez le salariat si exaltant ? Différent, oui, mieux, non.
5. J’en viens à mon dernier point sur les changements de carrière. Ne prenez pas comme un échec le départ de Borée. Personne aujourd’hui n’envisage de passer toute sa carrière là où il l’a commencée. Certains parce que le chômage ou les conditions d’exercice les y obligent. Mais pour d’autres, parce que la routine qui s’installe n’est pas acceptable. Justement parce qu’on est plus exigeant sur la stimulation intellectuelle, la nouveauté… et finalement ne serait-on pas un pur produit de notre société qui va toujours plus vite ? La lenteur et l’enracinement nous pèsent. Les agriculteurs se posent la même question. C’est d’autant plus perturbant pour eux que leur profession est liée au patrimoine familial et que l’abandonner est une trahison. Mais on voit des agriculteurs sans problème financiers, voire avec une situation florissante, qui quittent leur ferme après 10-15 ans pour entamer une deuxième carrière.
Voilà j’espère que vous me pardonnerez ce « coup de pied aux fesses amical», car placée dans le même cas que vous j’ai été obligée de reconnaître, passé l’énervement initial, que cela m’avait été plutôt salutaire.
La crise est un moment instable entre deux états stables.
Le drame, c’est quand il n’y a plus d’issue.
Espérons que ton post soit un élément de la crise de la Médecine Générale et que des solutions apparaitront pour les patients et pour les médecins.
En attendant, il te reste trois mois pour nous écrire la fin de cette tranche de vie.
Amicalement
en attendant
Quelle douche froide ce matin! (A voir le nombre et la teneur des commentaires, je ne suis pas la seule). C’est tout à fait compréhensible, et même sain, comme décision. Mais aussi tragiquement révélateur de l’état de notre médecine dans nos campagnes… Je pense à vos patients parce que vous avez l’air d’être un médecin – et un homme – formidable et que forcément on les regrette les gens comme vous. Ca me fait un peu penser à mon pédiatre, qui m’a suivie de ma naissance (et avant moi mon frère) jusqu’à mes 15-16 ans (et après moi mon autre frère) et ma mère qui demandait toujours « Et comment allons-nous faire à votre retraite? » Et la réponse du roc de la médecine « Oh vous savez je ne m’y vois pas du tout, j’ai toujours envie de continuer ». Je me dis que vous êtes un peu de la même veine, ce qui est un compliment. Enfin égoïstement, j’espère que vous pourrez continuer à écrire, ce blog est une pépite d’humanité, d’humour et de sérieux, qu’il est bon de continuer à faire vivre. Quoi qu’il en soit, bonne continuation! Si jamais cela s’arrêtait, sachez juste que vous manquerez à la blogosphère, tout du moins à la mienne! 😉
Avec mes sincères voeux de réussite dans vos projets (notamment de cabinet idéal!), et « à bientôt » peut-être.
Que les vents vous mènent là où les rêves deviennent réalité! En espérant que vous pourrez continuer à partager avec un lectorat ému ce qui fait le sel de la vie.
Bravo pour ce choix. L’essentiel est d’être en accord avec soi-même. Il y a tant de routes possibles dans une vie qu’il serait dommage de n’en suivre qu’une.
ET cela m’a inspiré un billet :
http://dodovetomarmots.eklablog.com/#!/tentation-a80358866
bonjour , bonne idée d’arreter cette activité non satisfaisante.
Par contre je pense qu’il ne faut croire que ds un systeme libéral on puisse partager les honoraires.
De même je pense aussi que le contenu de la consultation des chroniques doit être limité et je pense qu’ilvaut mieux multiplier la fréquence des actes pour se donner les moyens d’assurer un bon suivi. Mais ça n’est qu’une opinion.
Il me parait effectivement de vouloir entre ds un cabinet qui est déjà un cabinet de groupe à proximité d’une ville moyenne.
Il me parait aussi essentiel d’assurer une formation professionnelle continue indépendante des labos et de participer à l’enseignement pour rester actif ou plutot réactif ds son exercice professionnel.
Bon enfin tous ces conseils sont peut être un peu inutiles.En tout cas pour cette bonne décision mais j’espere que le blog continuera car j’y passai de bons moments.
Je lis votre blog régulièrement et je l’apprécie beaucoup. Je vous souhaite bon vent à vous et à votre compagnon. J’espère que vous continuerez ce blog.
Je suis pharmacien lecteur émérite de Prescrire depuis très longtemps, fille de deux médecins, deux oncles, deux tantes, un frère, une cousine médecins et pour finir ma fille en troisième année d’internat de pédiatrie (néonat envisagée) et dont le compagnon est interne en médecine générale. Je partage vos interrogations et suis bien inquiète pour les jeunes médecins.En espérant vous lire à nouveau. Très cordialement
je découvre ton billet avec beaucoup de tristesse .
tristesse de voir un confrère dévisser,
tristesse d’imaginer que l’on ne puisse pas éxercer son métier comme on le souhaite
tristesse que l’on ne puisse vivre décemment d’un métier qu’on aime
je ne me fais par contre pas de soucis pour la suite de ton parcours
ton billet est très courageux et je pense que beaucoup d’entre nous aimeraient pouvoir dire les choses aussi bien que toi
bon vent !
clicadoc , MG rural et MSU
Venez vous installer à … Borée,là, pour le coup, plus à la campagne çà n’existe pas…
Il y a une petite vingtaine d’habitants.
C’est à une heure de tout,y-a rien.
Il y tombe des paquets de neige l’hiver, il y fait un froid de canard,il faut OBLIGATOIREMENT posséder un 4X4 pour faire les visites à domicile.
Je me bats pour faire exactement l’inverse de vous, c’est-a-dire rester en campagne, parce que moi la ville je ne m’y sens pas « un être humain ».
J’ai peu de revenus mais à la campagne on n’a pas besoin de gagner gros.
Je déplore que les prescripteurs veuillent pour la plupart d’entre eux vivre sur la Côte avec villa ,piscine,bateau…
Et bosser 8H-12h 14h-17h.
Bon vent à vous , et si le cœur vous en dit venez nous rejoindre dans notre belle maison de santé.
Dire que je ne suis pas un peu « triste » à la lecture de ce billet serait mentir mais en même c’est un choix qui s’entend tout à fait et qu’il convient de respecter.
Mieux vaut arrêter son activité à un endroit avant de ne plus être du tout épanoui, et chercher un avenir plus heureux ailleurs. La démarche est déjà courageuse en elle-même car partir et exprimer les raisons de cette aspiration avec franchise, non, ce n’est pas si simple.
Bonne route pour la suite (en espérant que l’aventure se poursuivra malgré tout via ce blog) et merci pour vos réponses.
Une patiente, quelque part en France dans un désert médical (mais celui-là, non, je ne vous le conseille pas ^^).
J’admire votre éthique et votre franchise, mais si la situation est désespérée en campagne, la ville ne se porte pas beaucoup mieux. Je suis pharmacien dans une grande ville universitaire et mon quartier de 8000 hab n’a plus que 3 médecins depuis 2 mois, les départs en retraite n’étant pas remplacés. Les jeunes actifs font 10 à 15km pour trouver un médecin en 1ère couronne, mais chez les plus âgés certains décident d’arrêter leur traitement faute de médecins.La catastrophe est pour bientôt, même en ville et ce malgré le courage et l’éthique de beaucoup d’acteurs de santé.
Dommage !
nous sommes 53 professionnels de santé, dans 3 MSP et un pôle de santé, nous sommes le coeur d’ une équipe d’ animation de bassin de santé,nous accueillons 3 internes de premier niveau et un SASPAS,et cela tous les six mois;;nous appartenons et animons une association de formation où assistent 25 médecins à chaque fois, nous nous impliquons dans les commissions de l’ hôpital local, le syndicalisme ou l’ ordre,nous partageons une remplaçante commune afin d’ avoir nos vacances…. et nous ne sommes pas des extra-terrestres, nous vivons et bossons dans l’ Aubrac !….Et nous nous éclatons !! et nos internes signent des CESP pour venir nous rejoindre… Tu vois, tout n’ est pas perdu.
Bises et bon vent à toi et ta famille. Ne vis pas ton départ comme un échec mais plutôt comme une expérience qu’ il fallait faire;
docaubrac
Le problème du futur de la medecine generale semble insoluble dans ce pays
Pour faire une médecine dite rentable il faut voir 1 patient par 1/4 d heures donc tout ce qui est ALD et polypathologies , impossible( que ce soit en campagne ou a la ville)
je pense qu il faudrait déjà une rémunnération plus décente du C et pourquoi pas u tarif consultation majoré comme pour les enfants pour les consultations longues ( en général pour les ald et personnes âgées )
enfin un jour je parlais avec mon dentiste des avantages d ‘ une association , il m a répondu qu une association c ‘ était comme le mariage , soit ça dure soit ça se termine par un divorce
Ensuite j ‘ ai bien lu le post de l étudiant ingénieur , il est vrai que je vois mes enfants qui font des études supérieures être assez inquiets pour leur avenir ( ingénieur salarié , il faut d abord trouver un poste et puis il y a un patron et puis arrivés à 50 ans ils seront les premiers à faire les frais des licenciements )
alors quoi pensez
moi j attends avec impatience la retraite pour partir à pied ou en vélo faire le tour du monde pour apprendre et cotoyer des cultures qui ne pensent pas comme nous et sont plus sereines
bref j ai l impression que dans ce pays on marche sur la tête à tous les niveaux
Ping : Une hirondelle. | Docteur Gécé
Ping : Dr Borée, cesse son activité…
j’ai lu irrégulièrement ton site, mais bravo pour la qualité de la plume, l’humanité, et la sincérité (le fameux article sur les revenus). Si tu veux t’installer à moins de 30 km de Perpignan, notre secteur a quelques possibilités en semi-rural plus tourisme, bien fourni en spécialistes proches ; sans correspondre à l’ensemble de tes critères, ça colle pour partie. Le bonjour (également lecteur LRP)
Fille de la cambrousse exilée de mauvais gré à la capitale, je me demande depuis plusieurs années comment y retourner, et plus encore comment y vivre, concrètement, professionnellement, familialement, moi qui ai été heureuse au cul des vaches, à 8 bornes de la première boulangerie…
Le fait que même vous jetiez cette éponge-là m’attriste, sans me surprendre outre mesure. Les campagnes sont mal barrées,plus mal encore que la médecine,sans doute.
Je vous souhaite de tout cœur de trouver le lieu et les conditions d’exercice de vos rêves, et je nous souhaite, à nous autres, de ne pas perdre le bénéfice de vous lire. Comme quelques autres, votre blog remet les idées en place, pointe implacablement les zones douloureuses, mais souffle aussi l’espoir, la générosité, l’intelligence, l’ouverture d’esprit (pléonasme, je sais), le respect, bref: l’humanité.
Salut Boree!
Cote revenus et horaires de travail, je trouve que vous croyez un peu au Pere Noel. Ce qu’il vous reste après avoir paye vos charges est enorme, et les horaires n’ont rien d’affolant: en ce moment, je pars de chez moi avant 7 heures du matin et renter chez moi vers 8 heures du soir: j’arrive au boulot avant 7h30 du matin et finis le boulot entre 17h30 (minimum 1h40 a marcher en rond dans une petite ville ou il n’y a rien en attendant mon train, ou 2 heures a rentrer a pied par des chemins boueux) et 19 heures, sans pause dejeuner, et tout ca pour £1,200 nets par mois. J’ai emprunte l’equivalent de 7 mois de salaire en 1 an et demi, car mon salaire est trop bas pour payer mes factures, et je ne sais pas quand j’arriverai a trouver un boulot qui paye assez pour payer toutes mes factures et commencer a rembourser mes dettes. En France, j’ai eu un boulot qui payait les factures mais etait trop crevant physiquement. Je bossais 50 a 70 heures par semaine (5 a 6 jours de travail) dans la manutention, pour le SMIC (15 a 30 heures sup non payees par semaine): depart a 6 heures du matin, boulot de 7h30 du matin a 8 heures du soir avec 3 pauses de 10 minutes pour aller aux toilettes, retour chez moi a 9h30 du soir. Mon boulot actuel n’est pas trop fatigant physiquement, mais moralement c’est dur: je me fais humilier a longueur de journee par ma manager, qui a 15 ans de moins que moi et rate ses examens pour devenir comptable (au miveau Masters) mais qui a une maitrise en lettres ou autres idioties… J’alterne nettoyage des toilettes (plusieurs fois par jour, car nous recevons des clients) et fabrication de sandwichs, pour ces memes clients… et je me fais tancer si je passe trop de temps a me laver les mains entre les 2 activites (ils ne me fournissent pas de gants). Comme je prepare a mes frais des examens professionnels pour progresser (environ £5,000 pour 23 modules) et que ca ne plait pas du tout a mes employeurs, ils n’arretent pas de me repeter que je ne suis pas capable de passer des examens si difficiles (QCM de 1 heure ou 2, de niveau seconde francaise…), que je suis idiote, que je suis trop vieille…
J’ai plusieurs collegues sympas, mais la plupart des clients sont odieux et plus ils sont riches, plus ils sont mechants et egoistes… Si vous bossiez comme cadre, vous pourriez certes gagner plus, mais… vous seriez problablement victim de harcelement plusieurs fois pendant votre carriere (les gens sont tres jaloux dans les entreprises), vous devriez demissionner ou seriez licencie plusieurs fois durant votre carriere, et vous auriez bien de la chance si vous reussissiez a rester employe au dela de la cinquantaine… Et votre homosexualite serait un gros, gros problem pour beaucoup d’employeurs et de collegues. Meme si vous etes banquier d’affaires, et que vous recevez une prime de depart de quelques centaines de milliers de £, l’Etat en preleve une part, et ensuite, vous pouvez rester sans emploi pendant plusieurs annees… La plupart de nos clients ex hedge fund managers et autres qui ont ete licencies depuis 2008 n’ont pas reussi a retrouver de travail, et vivent maintenant de leurs revenus de l’immobilier locatif. Comme ca leur manque de ne pas pouvoir jouer a King Kong dans une salle de reunion ou un open plan office, certains boivent de l’alcool a longueur de journee, ou vont chez les putes…
Pour votre remplacement, ce n’est pas trop difficile: vous n’avez qu’a chercher un medecin roumain ou bulgare. Ils peuvent etre tres competents et venir eux memes de la campagne. Dans le coin d’Angleterre ou je bosse, tous les medecins/dentists/employes de ‘maisons de long sejour’ et autres sont etrangers: indo-pakistanais, philippins, bangladeshis, polonais, roumains, bulgares, espagnols, allemands… Ils se tapent souvent 5 heures de voiture AR pour aller bosser (ils font des vacations), et comme ils sont employes par des agences d’interim, ils ont des revenus tres, tres irreguliers.
Pour l’environnement peu stimulant, je comprends tres bien… Mes collegues diplomes avec Masters et licences ont en fait passer leurs 3-4 annees d’etudes a s’enivrer, et meme s’ils ont fait des etudes en Maths ou en Sciences, ont un niveau en Maths qui ne depasse pas celui de l’ecole primaire, et sont d’une ignorance crasse dans toutes les matieres scientifiques. Sans compter ceux qui mettent sur leur CV qu’ils peuvent parler francais/allemande alors qu’ils ne connaissent que quelques mots, et vous en veulent de savoir parler plus d’une langue. Lire un livre est tres, tres mal vu; etudier aussi. Mes collegues sont aussi plein de prejuges qu’ils se refusent a examiner: ma manager a essaye de me justifier la chasse a courre au renard au motif que les renards ‘attaquent le betail’, j’ai essaye de lui montrer a quel point c’etait ridicule, et qu’au pire les renards essayaient de manger le placenta d’une brebis qui vient de mettre bas, et bien sur elle s’est mise en colere, ce qui n’est pas un argument. Je sors moi aussi d’une famille de chasseurs, et j’ai souvent passe des vacances a la ferme (et appris a tuer et depecer lapins, volailles et agneaux) donc je ne suis pas une citadine ignorante des choses de la campagne! Quand les agents immobiliers ‘inspectent’ mon logement locatif 4 fois par an (au cas ou je ferais pousser du cannabis ou hebergerais des immigres clandestins en sous-loc), ils sont toujours estomaques de voir le nombre de livres (et le type de livres aussi). Les plus interessants de mes collegues sont ceux qui n’ont pas fait d’etudes! Beaucoup avaient une passion chere (du type concours hippique) ou des problemes familiaux (mere atteinte d’AVC a la quarantaine, pere atteint de sclerose en plaques) qui n’etaient pas compatibles avec les etudes universitaires en Grande-Bretagne (plusieurs annees de beuverie) et ont decide d’entrer dans la vie active le plus tot possible, afin de pouvoir payer les factures. Une de mes collegues dit qu’elle est dans la meme situation que quelqu’un qui se serait retrouvee fille mere a 15 ans: elle doit s’occuper de son cheval avant le boulot, après le boulot, le weekend, et il y a aussi toutes ces factures… Elle a 18 ans et part cette annee en vacances (15 jours en Turquie avec son petit ami) pour la premiere fois… depuis 2003!
Bon courage pour vous et votre homme. Ca n’a pas toujours du etre facile en province: en Grande-Bretagne, j’ai beaucoup de ‘curtain twitchers’ parmi mes voisins. Pour me consoler, j’ai regarde plusieurs fois ‘La vie des autres’, sur l’espionnnage d’un couple d’artistes par la Stasi. J’aime beaucoup la campagne pour le calme, mais je medite aussi un retour sur une grande ville, pas forcement en France. Musees, pieces de theatre, concerts, conferences, vraies librairies qui vendent autre chose que des best sellers, entendre parler plusieurs langues… Heureusement qu’il y a l’internet!
Ce billet est émouvant…
Ton cabinet médical idéal existe bien, il faut juste trouver les associés qui ont le même état d’esprit. J’ai la chance d’exercer en SCP (partage d’honoraires), il n’y a rien de plus confortable.
Travailler en équipe et dans la sérénité, on ne peut rêver mieux.
Bonne continuation!
j’ai l’impression de m’entendre dans le tout dernier paragraphe.
raisonnement tres juste et excellente décision.
bon vent !!
Salut Borée, ton paradis existe. Si ça te dis, je suis prête à t’y faire une place même si Prescrire me colle parfois la migraine…
j’ai decouvert ton blog recemment et l’ai dévoré de plaisir et je rêve d’être aussi bon medecin que toi!
Bon vent à toi, et surtout continue d’écrire car tu as sans doute suscité des vocations et surement redonné espoir en la medecine génerale que j’affectionne plus que jamais;)
Bonjour Borée,
merci pour tes billets si édifiants de vérité .
Moi aussi j’ai essayé l’installation dans un « désert médical » il y a juste quelques années en Charente maritime et j’en garde un souvenir cuisant : plein de fougue et d’enthousiasme, je pensais pouvoir inverser le cours des choses, m’installer avec une collègue en pré-retraite et reprendre le flambeau, redynamiser l’endroit médicalement parlant et pourquoi pas y faire venir d’autres collègues afin de sauver l’activité. Je rêvais de monter ma propre entreprise fleurissante, mon cabinet à moi, ma tête était remplie de beaux projets. Ma collègue en pré-retraite aurait déjà du cesser son activité à l’époque bien longtemps avant que j’arrive, mais elle était de la « vieille école », et ne voulait pas abandonner ses patients dans un contexte médical moribond… comme toi, j’ai lutté contre vents et marées, pour au final me rendre compte que ma vie m’échappait, doucement mais surement : n’ayant plus aucune seconde à moi, dérangé une nuit sur deux, un we sur deux à travailler et l’autre à remplir d’innombrables paperasses sans fin pour la sécu, les impôts, les organismes « sociaux » en tous genres, à gérer pleins de choses non médicales (a commencer par cette foutue informatisation obligatoire de cabinet) au détriment complet du peu de restant de ma vie de famille, de mes amis, de mon sport favori, sans pouvoir même profiter du fabuleux décors que m’offrait cette magnifique région… et toute ma vie se transformait en un véritable calvaire sans espoir d’autre chose que de gagner un peu plus d’argent que quand je remplaçais (et encore : une fois les nouvelles charges ôtées et l’énorme masse d’impôts secondaire à cette suractivité prise en compte, il ne me restait finalement pas beaucoup plus qu’avant, pour des semaines passées par contre à faire le bagnard et sans jamais pouvoir poser la moindre semaine de vacances !! ). Très vite à la limite du burn-out au bout de 9 mois, la seule chose qui me faisait encore tenir était la devise de mon grand-père : « y’a plus malheureux que soi ailleurs dans ce monde, c’est sur !! »… un beau jour, une broutille a enfin finalement (et heureusement car je n’était vraiment plus très loin de la TS) fait basculer les choses : l’attitude méprisante de deux patients coup sur coup (un petit pourcentage de mes patients pourtant mais ceux qui m’ont le plus marqué) et je me suis dit le lendemain en me levant à l’aube sans pouvoir faire encore de bisous à mes gosses et sans avoir l’espoir de les voir le soir au retour du boulot : « on me prend pour un nantis, pour un privilégié, on me croit corvéable à souhait sous prétexte que je bosse et que je gagne plus qu’un maçon ou qu’un postier… ok, je me casse et je les laisse dans leur m… tant pis pour eux !! « . J’ai tout plaqué, … le rêve d’une belle maison en campagne, d’un compte en banque bien rempli, d’une belle voiture, de patients heureux d’être soigné par un médecin qui sort un peu du lot… : je ne regrette rien ! J’applique maintenant la devise Hollandesque : travailler moins, pour gagner moins, et payer moins d’impôts… , et je ne m’en porte vraiment pas plus mal !! Installé dans un cabinet avec 9 collègues dans une grosse ville, je dépasse encore régulièrement les 70 heures par semaine, mais je gère ma vie beaucoup mieux : finies les consultations de plus de 45 minutes, maintenant je ne passe pas plus de 20 minutes par patients… finies les interminables journées passées du matin au soir dans un petit cabinet pourri : maintenant je vois mes gosses, je pars même en vacances avec eux (et oui, maintenant j’arrive à me faire remplacer par mes collègues ! ), le tout sans souffrir de ma baisse de revenu (à fortiori quand je vois le tas d’impôts et de taxes en tous genres que je paye encore).
Honnêtement, je pense faire une médecin de m.. comparé à ce que je faisais avant et surtout comparé à ce que je pourrais faire, mais est-ce que les gens méritent une médecine au dessus de leurs moyens et au dessus de mes propres moyens (physiquement et financièrement) ?? je pense que non. Je fais désormais à hauteur de ce qu’on me paye pour travailler et des horaires que j’ai pour le faire. Accessoirement, je crois qu’il faut être psychologiquement un peu « dérangé » pour s’installer désormais seul ou à deux dans le trou du cul du monde, à vivre comme un bagnard pour les beaux yeux de certaines personnes (pas tous) qui se foutent complètement qu’on se gâche la vie entière pour eux, pour leur rendre service et leur sauver la vie (certains oublient qu’en dépistant un cancer du colon ou du sein très tôt, on leur sauve quand même la vie !!!) et qui ne considère leur médecin pas plus que leur coiffeur ou leur conducteur de bus scolaire…
Comme dirait mon père : on a la médecine qu’on mérite… et nous, après plus de 10 ans d’étude à en ch.. comme pas possible, on a aussi mérité d’être un peu tranquilles, sinon « a quoi ça sert que Ducros il se décarcasse » !!! Alors fais comme moi, mets toi au vert et prend de la distance : tu as fait le bon choix, et tu verras vite que ça fait vraiment du bien … sans aucun regret !! Bon courage pour la suite et continues à écrire tes aventures médicales, on compte sur toi !
Dr Greg
Ping : A la campagne, à la montagne, en ville….La colère monte ! | WIZILIB le blog
Bon vent Borée,
Ce n’est pas une fuite, simplement la vie et le respect de nous-même qui nous oblige à nous protéger quand on ressent plus de souffrance que de plaisir.
Tu n’abandonnes pas ton éthique, juste une tranche de vie qui ne te correspondait plus…(le cimetière est rempli de gens irremplaçables).
L’avenir est souriant : de nouvelles rencontres sources de futurs nouveaux posts.
Sois fier de toi!
Quelle tristesse si tous les jeunes docteurs aussi motivés baissent les bras. Mais je comprend … infirmière à domicile en campagne … je comprend !
J’espère que votre blog survivra à l’abandon du cabinet car il a toujours été très plaisant à lire.
merci beaucoup et bonne chance pour votre nouvelle vie
Comme c’est plaisant de trouver cette vision des choses chez un médecin !
Dommage que je ne découvre ton blog que maintenant.. j’espère que tu continueras à l’alimenter malgré tout !
Bonne route, je te souhaite de trouver un cabinet qui te convienne !
Bonjour,
je comprends ce que vous vivez. Je le comprends tellement. Moi, suis psy (pour un réseau… d’aide aux médecins…), et à la campagne…
Occupez-vous de vous, surtout. Les autres suivront.
On se connaissait à peine que déjà ce serait fini? Après notre première rencontre je m’étais pourtant dit « Tiens, une histoire qui pourrait durer longtemps ».
Jeune, d’abord facile, je veux dire : pas le sachant qui dispense son savoir à des ignares. Il sait écouter et prend le temps de répondre à mes questions… Et, cerise sur le gâteau, il ne résout pas ses interrogations par une longue prescription.
Bref, je me sentais prête à accorder ma confiance, il me fallait juste un peu plus de temps, je n’ai pas le lâcher prise facile.
Et voilà que j’apprends que notre histoire sera terminée dans quelques semaines! Coup dur.
Bien sûr les arguments sont respectables. Je pense même qu’il faut beaucoup de courage pour franchir le pas d’un départ.
Malgré tous les regrets que me laisse cette décision je vous souhaite un avenir à la hauteur de vos attentes.
PS: j’y pense, votre projet remonte au printemps dernier, date à laquelle je suis venue vous voir pour le première fois. J’espère que je n’y suis pour rien!
En rėponse à Grego 4 avril.
Je reste sans voix.
burn out de beaucoup de médecins comme dans la société ; il faut que les soignants puissent avoir des structures qui leur viennent en aide ( l’ordre des médecins semble commencer à réagir , un peu tardivement , mais c ‘est déjà un début ) fmc sur la souffrance des soignants , hospitalisation avec paiement indemnités journalières immédiatement , soutien psychologique
mais il est vrai que l ‘ idéal serait d ‘ avoir un cursus universitaire qui enseigne comment éviter ce burn out et non d ‘ attendre qu il ait lieu pour intervenir (je ne sais pas si le stage chez un généraliste compétent mais exténué , soit le meilleur moyen de susciter des vocations de médecin généraliste )
mais les blogs ont également un grand rôle à jouer car ils permettent de comprendre que l ‘on n ‘ est pas seul à avoir la même conception de notre métier mais ausi de voir les erreurs à ne pas faire dans la gestion de sa vie
c ‘ est pour celà qu il faut continuer ton blog borée ainsi que le maximum de médecins qui en tiennent car c ‘est en parlant de ses problèmes à d ‘ autres que l on soigne son âme
et puis l » écriture en elle même a des vertus thérapeutiques
Bonjour,
oui, continuez à écrire. Ecrire c’est partager, le meilleur (vos joies) et le pire (vos chagrins, votre burn-out…). Et lorsque l’on arrive encore à partager rien n’est perdu…
Ping : Nous avons interviewé… Borée | WIZILIB le blog
Ping : Bisounours ou Orangina Rouge? | Journal de bord d'une jeune médecin généraliste de Seine-Saint-Denis
Beaucoup de commentaires de déceptions et de tristesse suite à cette « Fin de partie ». Et si finalement on en tirait du positif !!! Perso, j’ai toujours essayé de tirer du positif à partir de ce qui peut paraître négatif. C’est pas toujours facile, je dois bien l’avouer. Voir Borée dévisser sa plaque a été pour moi quelque chose de négatif et de surprenant. Un médecin dévoué à ses patients, très attentif, hyper-professionnel, transpirant d’humanité, et oui ! Malgré mon absence de commentaire, il y a longtemps que je le suis sur son blog. Alors pour être un peu à contre courant et même à contre temps de tous ces commentaires, je me disais « et pourquoi pas tirer du positif de cette histoire ? ». Pour traduire un peu mon propos : « et si cette fin de partie n’était finalement que le début d’une autre partie, de la belle par exemple… Et si Borée était l’étoile du berger, cette étoile qu’il faut suivre lorsqu’on est perdu dans ce système qui ne nous correspond pas ? Pour en reconstruire un autre beaucoup plus adapté aux attentes d’abord des patients, ensuite des soignants ? Il ne s’agit que d’un bref commentaire tardif d’un modeste médecin un samedi soir seul face à son ordinateur, qui sera peut-être « corbeiller » par le modérateur de ce blog (coucou Borée), mais je persiste et signe : « il faut toujours tirer du positif d’un évènement qui peut nous sembler négatif ».
Confraternellement, et pendant qu’on y est, amicalement.
Ce brusque changement vous est il venu comme cela ?
ca fait pas mal de temps que je regarde ce article, et j’ai envie de te dire bravo, encore bravo !